Critique : Tron

Sandy Gillet | 5 novembre 2006
Sandy Gillet | 5 novembre 2006

Tron fut en son temps, c'est à dire il y a déjà de cela plus d'un quart de siècle (que ceux dont la mâchoire pendouille devant cette prise de conscience du temps qui passe se rassure, ce n'est que le début…), un véritable OVNI dans le paysage cinématographique américain. Pourtant quand Steven Lisberger propose son histoire en 1980 aux Studios Disney, le timing était parfait. En effet les héritiers de l'oncle Walt sont à cette époque complètement à la rue cherchant désespérément un second souffle tant économique qu'artistique. Les années 70 montrèrent en effet un certain déclin avec des productions tel que L'Apprentie sorcière, Robin des bois et Les Aventures de Bernard et Bianca. Mais ce fut au début de la décennie suivante que le studio toucha quelque peu le fond avec Rox et Rouky. Le département film n'était pas mieux loti et peinait aussi de plus en plus à sortir des produits quelque peu originaux voire tout simplement regardables (citons en vrac Le chat qui vient de l'espace, la série des Coccinelles, Peter et Elliot le dragon, Popeye. On mettra de côté Le Trou noir qui reste un génial ratage).

Tron procédait donc d'une volonté à ratisser le plus large possible pour, qui sait, obtenir à terme le filon salvateur. Ici, il s'agissait de permettre à une bande de surdoués de l'informatique d'étalonner sur grand écran leur vision du graphisme et de l'animation en utilisant la toute nouvelle puissance de calculs des ordinateurs. Il en résulte une claque visuelle encore vivace aujourd'hui et une expérience finalement concluante puisqu'elle a permis à Disney de prendre le virage de l'animation en images de synthèse avec un bon wagon d'avance et de piloter à l'heure actuelle le studio le plus novateur dans le domaine à savoir Pixar.

D'un point de vu plus subjectif, il n'est pas faux de voir en Tron un vrai film culte pour toute une génération de joueurs de jeux d'arcade en culottes courtes. Mais au-delà de la nostalgie bien compréhensible, cette expérience quasi subliminale pour l'époque garde encore aujourd'hui une véritable marge de manoeuvre. De son graphisme bien entendu dépassé (mais qui, plus qu'un autre film, lui permet d'être le témoin privilégié d'une époque), il pourrait constituer un nouveau point de départ pour de futures productions qui s'attacheraient peut-être moins à vouloir à tout prix reproduire, tel un miroir parfait, les traits et attitudes d'un visage humain par exemple. On pense bien sûr à Final Fantasy et consorts qui nous baladaient littéralement aux frontières de l'incroyablement réaliste en cette occurrence. Le cinéma d'animation aujourd'hui doit en effet à tout prix s'éloigner de ces attitudes sclérosantes afin de récupérer une liberté de penser et d'inventer que ces histoires à l'onirisme et la Science Fiction rabâchés ne rendront bien sûr pas plus originales. Chose que Tron réussissait et réussit plus encore aujourd'hui. Chose que les géniaux artisans de chez Pixar ont compris depuis longtemps. Chose que Monster House cette année a aussi enfin compris. Choses qui font tout le prix au final de ce film d'une rare ubiquité visionnaire.

PS : Au fait (juste histoire de placer ce petit constat quelque part), l'été 82 vit la sortie sur les écrans américains de Blade Runner, Poltergeist, Mad Max 2, E.T. L'Extra-Terrestre, Conan le Barbare, The Thing et … Tron. Vous pouvez refermez la bouche et vaquer à votre DVDthèque maintenant.

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