Critique : Une jeunesse chinoise
Après le succès critique de Suzhou River en 2000, le réalisateur chinois Lou Ye dresse avec son quatrième film le portrait d'un pays et de sa jeunesse, dont le premier acte politique et libérateur se révèle personnel, intime, sexuel. Plus qu'un parti pris osé, une réalité à la fois déroutante et passionnante. Malheureusement, le cinéaste choisit une narration elliptique, où les saynètes souvent silencieuses s'enchaînent au gré d'une voix off alignant les belles formules, dont une seule vaut le détour : « Elle considère l'amour comme une blessure. Une fois celle-ci guérie, il s'en va. » De la même façon, son utilisation de la musique s'avère tout d'abord judicieuse, puis répétitive et enfin insupportable au bout d'une heure vingt de film. Et alors que ce Palais d'été aurait pu se conclure de manière originale sur un aperçu de dix ans d'histoire chinoise après une scène de manifestation nerveuse, il repart pour une heure supplémentaire, doublement pénible... mais qui a posteriori laisse des souvenirs indélébiles et plein de nostalgie. Un film qui devrait se bonnifier avec le temps et les visionnages.
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