Critique : Toi & moi

Après un premier long-métrage en 2002, Bord de mer, récompensé par la Caméra d'Or au Festival de Cannes, la réalisatrice, Julie Lopes Curval réunit dans son nouveau film Julie Depardieu et Marion Cotillard, en demi-sœurs que tout oppose. Le contraste entre la vie terne de Lena, campée par une Marion Cotillard qui interprète à merveille ce personnage en retrait, et l'univers rose bonbon de sa demi-sœur Ariane, qui essaye de vivre comme dans les romans-photos qu'elle écrit, est saisissant. Et l'on comprend dès lors que le sous-titre de Toi & Moi n'est pas par hasard « La Vie est un roman-photo ».

Dans une atmosphère colorée, Ariane s'accroche à ses rêves de grandes histoires d'amour. Mais sa relation avec Tomer Sisley, alias Farid, un séducteur de grand chemin n'a rien d'idéal. À travers ses romans-photos, Ariane met en scène sa vie et celle de Lena. Ce qui donne l'occasion à Julie Lopes Curval de créer des passages décalés, où les personnages figés interagissent à l'écran comme sur le papier glacé des magazines. Pour renforcer le comique de l'histoire, la réalisatrice a eu la bonne idée de faire appel à Chantal Lauby, qui interprète la tante de Lena et Ariane à la façon « Nullissime » qu'elle maîtrise tant – désopilante séquence où elle demande à un vendeur d'animalerie un Jack Daniel's au lieu d'un Jack Russel.

Avec sa jolie et candide morale (il ne faut pas vivre dans l'imaginaire mais faire face à la réalité et se battre pour ses rêves), Julie Lopes Curval signe une fable agréable et acidulée sur la vie sentimentale de deux femmes aux caractères diamétralement opposés.