Critique : La Piste

Johan Beyney | 6 février 2006
Johan Beyney | 6 février 2006

Un coucou survole la Namibie et, dès les premières images de La piste, on voyage. C'est qu'Eric Valli, déjà réalisateur d'Himalaya, l'enfance d'un chef sait s'y prendre pour magnifier les paysages et nous faire découvrir des contrées inconnues d'une beauté insoupçonnée. De ce point de vue, le contrat est pleinement rempli : lors de longs plans aériens, on se prend à rêver devant la beauté de ces paysages arides et désertiques. De bien belles images que l'on imagine sans difficultés sur les écrans du Futuroscope ou de la Géode, ou dans un recueils de photos de Yann Arthus-Bertrand. Reste que La piste se veut être une fiction de cinéma, ce qui implique un détail d'importance : un scénario. Eric Valli s'y colle avec pour ambition de faire découvrir l'Afrique et ses paradoxes : terre de beauté certes, mais également terre de misère et de guerre. Et c'est là que le bât blesse.

Grace vient de perdre sa mère et quitte Londres pour rejoindre son père, géologue en Namibie. Personne ne sait qu'elle est partie, personne ne savait qu'elle arrivait. Et manifestement, le fait qu'une gamine de 12 ans puisse organiser seule un voyage de cette nature ne semble choquer personne. Bon. Bien que donnant lieu à des scènes d'une mièvrerie crasse (« Tu te rappelles ce bassin que j'ai creusé pour que tu voies les éléphants s'y abreuver ? », « Oui tu m'as manqué, mais chaque fois que je regarde cette étoile, je pense à toi »), les retrouvailles seront de courte durée. Pris dans une tempête de sable alors qu'il allait livrer des médicaments (quel chouette type quand même), le père disparaît. Grace va alors se lancer à sa poursuite.

À partir de ce synopsis, Eric Valli et son co-scénariste vont alors charger la mule pour nous faire découvrir à tout prix tous les aspects de la Namibie. Le père est retrouvé dans le désert par des guerilleros qui squattent une ancienne mine de diamants dont ils espèrent récupérer les restes. Sacrée aubaine pour eux (tomber par hasard sur un géologue alors qu'on cherche des diamants, tu parles d'une coïncidence…) et pour le réalisateur qui en profite pour parler ici de ces vieux sites délaissés, du sentiment d'abandon des autochtones et des enfants soldats. De son côté, bien renseignée après une séance de pseudo-vaudou, Grace part avec Kidjaro, un ami de son père, sillonner le désert pour retrouver le disparu : belles images, rencontre avec le peuple Himba, digne, fier, mais en prise avec l'alcool importé par les occidentaux.

Cette formule « tout en un » n'échappe pas aux écueils du genre : à force de vouloir tout aborder, rien n'est traité, ou alors de manière très superficielle. Le charme du film ne réside alors plus dans son propos mais dans la manière naïve, presque enfantine, dont Eric Valli essaie de faire passer son message. Au final, on obtient un film peu consistant mais touchant, qui oscille – si ce n'est quelques scènes violentes – entre le conte initiatique pour enfants et le joli livre d'images.

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