Critique : L'Arc

Stéphane Argentin | 14 décembre 2005
Stéphane Argentin | 14 décembre 2005

Prenez tous les précédents longs-métrages de Kim Ki-Duk, et plus précisément L'île, Printemps, été, automne, hiver… et printemps et Locataires, agitez le tout et vous obtenez L'Arc, soit le douzième film du cinéaste coréen. En lui-même, ce constat n'est nullement péremptoire tant les longs-métrages de Ki-Duk ont toujours su jusqu'à présent toucher le cœur de leur cible grâce à une universalité des thèmes abordés et du traitement employé, à savoir l'importance de l'image et de la musique au profit d'un isolement géographique et/ou sociale en quête d'une vie meilleure, soit par l'amour (Locataires), soit par la religion et plus précisément le bouddhisme (Printemps, été…).

L'Arc se pose donc comme le « recyclage » au sens non péjoratif du terme de tout ce qui définit depuis ses débuts le travail de Ki-Duk. On y retrouve ce même isolement géographique aquatique, la maison flottant au milieu d'un lac de L'île et Printemps, été… ayant désormais cédée sa place à un bateau au large des côtes avec à son bord un vieil homme qui attend les 17 ans de la jeune fille qu'il recueillit une dizaine d'années plus tôt afin de l'épouser. Un dessein marital qui n'a absolument rien de pervers (ce serait mal connaître le cinéma coréen et encore plus Kim Ki-Duk) et trouvera sa véritable signification au court d'un final aussi orgasmique que spirituel et pour lequel la peinture bouddhique à flanc de navire trouvera sa pleine signification elle aussi.

Auparavant, ce dessein aura été contrarié par un bellâtre dont les charmes ne laissent pas insensibles la pucelle, soit le triangle amoureux quelque peu remanié de Locataires ou encore de Printemps, été… (le jeune disciple attiré par la chair d'une fille de passage), le tout une fois encore dans un minimalisme linguistique le plus poussé qui soit (tous les dialogues du film doivent tenir sur deux pages de script au grand maximum), un parti pris qui avait atteint son paroxysme dans Locataires, sans doute le chef d'œuvre absolu (à l'heure actuelle) du cinéaste (prix de la mise en scène en 2004 à Venise).

Difficile (impossible ?) dans ces conditions de réitérer une telle réussite. Et si L'Arc n'est pas pour autant le « film de trop » du réalisateur coréen (loin de là), l'écriteau « Le 12ième film de Kim Ki-Duk » qui apparaît lorsque survient le générique de fin serait-il annonciateur d'un premier cycle accompli dans la carrière du cinéaste ? Peut-être décidera-t-il à présent de voguer vers d'autres horizons tout comme le fit le très prolifique Woody Allen avec son Match point lorsque ce dernier se décida enfin à abandonner sa métropole new-yorkaise fétiche et toutes les angoisses existentielles qu'elles véhiculaient.

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