Critique : Une fois que tu es né

Issu d'une coproduction européenne, Une fois que tu es né est signé du réalisateur italien Marco Tullio Giordana, qui s'attaque ici à l'épineux sujet de l'immigration clandestine. Centré sur son personnage principal, le jeune Sandro, le film raconte comment la vie d'un enfant bascule après être tombé d'un voilier en pleine nuit et avoir été repêché par des immigrés qui l'accueillent sur leur bateau clandestin.

Dès lors, on peut craindre le pire et l'on s'attend forcément à une leçon de morale politiquement correcte. Pourtant, même si Marco Tullio Giordana n'évite pas quelques bons sentiments (les parents de Sandro sont tout de même prêts à adopter les deux enfants qui ont sauvé leur fils), il refuse de tomber dans un excès de démagogie qui aurait pu être indigeste. Ainsi, dans ce film (et contrairement au pays de Candy), il n'y a pas de méchants ni de gentils, mais des personnages complexes qui n'hésitent pas à brouiller les pistes. Déjà, dans la première partie, avant même que Sandro ne tombe à l'eau, Marco Tullio Giordana joue avec nos préjugés comme dans cette scène où le père « drague » une petite anglaise…et rentre tranquillement se coucher seul, alors qu'on commençait déjà à l'insulter mentalement (« Ah ces italiens, tous les mêmes ! »). Un peu plus loin dans le récit, le jeu des apparences continue avec les deux jeunes roumains, Alina et Radu, qui ne sont pas tout à fait ce qu'ils ont l'air d'être…

Mais une fois que tu es né est aussi un récit initiatique, l'histoire d'un gamin de douze ans, à l'entrée de la puberté, qui quitte petit à petit son regard d'enfant sur le monde qui l'entoure. Il commence à se poser des questions dès le début du film mais ce n'est qu'à la fin, particulièrement réussie, qu'il aura toutes ses réponses et qu'il prendra conscience qu'il ne pourra jamais revenir en arrière.