Critique : Forty shades of blue

Audrey Zeppegno | 1 décembre 2008
Audrey Zeppegno | 1 décembre 2008

Laura, une blondinette mariée à un producteur de musique qui fait le double de son âge, mesure l'‘ampleur du gouffre affectif et social qui est le sien, lorsque débarque dans son foyer le fiston beau gosse de son cher et tendre époux. De poupée russe qui dit oui toute la journée, la donzelle éthérée s'éveille à son existence insipide, et met à vif ses mornes tourments intérieurs au contact de ce bellâtre qui emballe son palpitant anesthésié. Tel est le maigre sujet traité par Forty shades of blue, deuxième film d'Ira Sachs (Le Delta), qui s'harmonise tellement bien avec l'ennui qui ronge sa protagoniste, que son scénario brille par sa béance soporifique... Transparente, aphone et dépressive, Laura n'a rien qui puisse enflammer l'oeœil de la caméra, si ce n'‘est sa beauté plastique. Son quotidien de jeune mère maquée pour le confort financier se résume à quelques virées shopping et moult allers et venues le long des corridors de sa maisonnée cossue. Le monde de paillettes avec lequel elle a convolé par pur calcul, la tue à petit feu. Et nous de bailler aux corneilles, à mesure que l'oie blanche se métamorphose en une rombière amère située à mi-chemin entre Madame Bovary et La dame aux camélias.

Si encore cette sombre remise en question variait nos plaisirs en ne se bornant pas à collectionner les soupirs de Laura.… Mais non…, à l'exception de la scène finale qui consent à passer à la vitesse supérieure dans le thème de « la jeune épouse expatriée se rebiffe contre son sponsor officiel, Forty shades of blue multiplie les errances. Il faut dire qu'à force de creuser le puits sans fond des réflexions de son héroïne solitaire, Ira Sachs l'auréole d'une couche de mystère si dense qu'il devient proprement insondable. En fait, ce qui s'avère être un faux-semblant d'opacité échoue si bien à tromper son monde que le public ne peut qu'y déceler le trompe-l'oeil d'un cache-misère grossier qui, comble du luxe, finit par nous indifférer totalement.

Au fur et à mesure que le film tisse sa toile autour de cet unique objet d'affection sans motif apparent, le sablier s'égraine en une longueur infinitésimale, poussant l'auditoire à chronométrer, minute après minute, le temps qu'il lui reste à vivre cette existence pâlichonne par procuration. Car, non content de nous infliger un premier rôle d'une fadeur inouïe, le metteur en scène projette sa marionnette dans un univers peuplé de zombies, ce qui n'aide pas le moins du monde à attiser notre intérêt moribond... Aucun instant de grâce ne vient donc sauver cette plongée abyssale, plombée par un florilège de dialogues plus vides les uns que les autres, et servis par un casting frôlant le deux de tension. Autant en emporte le vent brassé par ce film qui n'a pas grand-chose à raconter.

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