Critique : 20 centimètres

Johan Beyney | 29 septembre 2005
Johan Beyney | 29 septembre 2005

Vive l'Espagne, son débit de paroles, ses personnages hauts en couleur et en humanité, ses couleurs explosives et sa pétillante excentricité ! Pour autant, est-ce que cela suffit à faire un bon film ? Même avec beaucoup d'enthousiasme, malheureusement, non. N'est pas Pedro Almodovar qui veut, et ce 20 centimètres en est la preuve.

[img_left]20cm_trois.jpg [/img_left]Marieta n'est pas bien jolie. Elle vit en colocation avec un nain aspirant violoncelliste dans un immeuble où l'on crie mais où l'on s'aime. Peinant à joindre les deux bouts, elle doit vendre son corps sur des trottoirs glauques. Pourtant elle se rêve en femme glamour, héroïne de comédie musicale. Malheureusement, son état-civil affiche un prénom peu féminin et elle porte entre les jambes 20 centimètres de corps caverneux et spongieux (mazette !) qui l'empêchent d'atteindre son rêve. Accumulation de clichés glauques et sans profondeur et humour vulgaire, ses ambitions ne sont que jolies robes, musique et danse, entre Marylin, Liza Minnelli et Madonna. Pour intégrer ces scènes fantasmées, Ramon Salazar n'a pas trouvé de meilleure idée que de faire de son personnage une narcoleptique, idée désormais sur-utilisée et qui, en tant qu'artifice, ne s'intègre pas au récit. Ces fameuses scènes sont par ailleurs d'une médiocrité sans nom : mal chorégraphiées (on voit les danseurs se jeter un coup d'œil de temps en temps pour voir où ils en sont), mal doublées (ah cette dramatique reprise du Paroles de Dalida et Alain Delon !), mal filmées, elles ne font pas rêver pour un sou. Rêves cheap pour une vie qui ne l'est pas moins, quoi de plus normal… si le film ne l'était pas aussi. Bien heureusement, Marieta verra peut-être arriver le salut en la personne d'un bel hidalgo très tolérant, bien qu'insipide. Et le spectateur, qu'est-ce qui le sauve (à moins qu'il ne se soit lui-même déjà sauvé…de la salle) ? L'idée qu'il existe sur le même thème, et traité avec davantage de talent, des films réussis comme Priscilla, folle du désert ou Hedwig and the angry inch.

20 centimètres nous pose la question « peut-on mesurer le bonheur ? ». À défaut de pouvoir répondre à la question, on sait qu'on peut mesurer l'ennui : il dure 109 minutes.

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