Critique : The President's last bang

Erwan Desbois | 15 septembre 2007
Erwan Desbois | 15 septembre 2007

Dernier arrivant en date sur le créneau déjà bien rempli (voire saturé) du cinéma coréen, Im Sang-Soo voit un deuxième de ses films sortir en France cette année après l'intriguant Une femme coréenne. Ce précédent opus se distinguait des autres films d'auteur en provenance du Pays du Matin Calme par son humour à froid et sa crudité dans l'expression des sentiments, à l'opposé des envolées lyriques ou allégoriques auxquelles nous ont habitués Kim Ki-Duk et autres Hong Sang-Soo – qui au passage n'a aucun lien de parenté avec Im.

Malheureusement, l'essai n'est pas transformé avec ce President's last bang beaucoup plus ambitieux puisqu'il se revendique d'un genre habituellement chasse gardée des américains, le thriller politique. Celui de Im Sang-Soo reste plusieurs tons en-dessous des classiques du genre pour avoir oublié l'essentiel : éveiller l'intérêt du spectateur envers le sujet – ici, l'assassinat en 1979 du président de la Corée du Sud Park Chung-Hee. The President's last bang s'adresse en effet presque exclusivement aux coréens ou à ceux qui s'y connaissent en histoire de la Corée du Sud, car il reste très flou sur les tenants et les aboutissants du complot tant d'un point de vue politique (tout juste apprend-t-on que Park Chung-Hee imposait à son pays un régime quasi-dictatorial – et rien ne nous est précisé quant à l'évolution de la situation suite à cette tentative de coup d'état) que personnel. Il n'y a en effet aucun enjeu d'ordre privé dans les actions des différents protagonistes, qui n'importent que par leur fonction au sein de l'histoire (conspirateur, garde du corps, membre fidèle du gouvernement…).

Pour le non-initié, le film se résume alors à une reconstitution purement factuelle des évènements ayant pris place au cours de la nuit de l'assassinat. Le résultat est un récit hermétique dans lequel on ne s'implique jamais, ce que ni la mise en scène virtuose (avec en particulier de superbes travellings et panoramiques qui suspendent le temps juste avant et juste après l'assassinat) ni les quelques pointes d'humour ne parviennent à arranger. L'amertume est d'autant plus grande au vu de la polémique ayant entouré la sortie de The President's last bang en Corée du Sud (les descendants de Park Chung-Hee ont intenté un procès à Im Sang-Soo pour avoir intégré au film des images d'archives et un commentaire très virulents envers l'ancien président-dictateur), qui prouve qu'il y avait matière à réaliser une œoeuvre autrement plus marquante.

Résumé

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(0.0)

Votre note ?

commentaires
Aucun commentaire.
votre commentaire