Critique : Bombon el perro

Patrick Antona | 22 août 2005
Patrick Antona | 22 août 2005

Bombon El Perro est l'histoire toute simple du retour à la vie de Coco (excellent Juan Villegas), laisser-pour-compte de la société argentine, qui retrouvera une seconde jeunesse par le biais de Bombon Le Chien (en français dans le texte). Ce dernier, splendide dogue argentin à la livrée immaculée mais au tempérament apathique, deviendra le compagnon d'infortune d'un cinquantenaire un peu paumé, mais aussi l'instrument de ce changement de vie. Sur cette trame minimaliste et au style dépouillé, Carlos Sorín nous entraîne sur un rythme nonchalant à la découverte de gens frustres mais à l'humanité touchante, tous interprétés avec justesse par des acteurs non professionnels. Évoquant aussi le contexte d'un pays et d'une région (la Patagonie en l'occurrence) très marquée par la crise économique, le réalisateur ne tombe pas dans le misérabilisme, préférant s'attacher à décrire les liens qui vont se tisser entre ces personnages à l'authenticité criante, et dont Bombon reste le centre de gravité. Au lieu de s'appuyer sur des dialogues abondants, Carlos Sorín préfère reposer sur la captation de l'expression des visages et des yeux pour faire passer l'émotion. Certes, cette technique un peu exclusive donne l'impression que l'on se trouve plus en face d'un documentaire que d'un film de fiction, renforcé par une caméra à l'épaule omniprésente. Si cela ne nuit pas trop au drame qui se tisse, à savoir le destin commun de Coco et de son chien, le rythme s'en ressent un tant soit peu. Mais en décidant dans sa partie finale d'ouvrir le cadre, avec la scène de la briqueterie, le metteur en scène réussit à réimpliquer le spectateur in extremis, offrant un suspens émotionnel et « canin » bienvenu. Gros atout du film, il faut noter la prestation de Juan Villegas (gardien de parking dans la vie), impeccable dans son rôle de candide un peu paumé dans un monde qui lui échappe, et dont le charisme est évident, mais aussi celle bien sûr de Gregorio (le véritable nom de Bombon) qui, loin des cabots super intelligents pondus par les productions américaines, réussit à nous rendre sympathique un chien plus enclin d'ordinaire à personnifier la violence. De plus, c'est lui qui s'offre le luxe de la seule scène de sexe du film !

En Argentine, Bombon le chien a obtenu en 2005 le Prix de la critique, ainsi que 7 nominations aux Condor de Plata (équivalent des Césars). À l'étranger, il a remporté le Prix de la critique internationale à San Sebastian en 2004, ainsi que la Montgolfière d'argent et le Prix d'interprétation masculine (pour Juan Villegas ) au Festival des 3 continents.

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