Critique : Cadeau du ciel

Vanessa Aubert | 15 août 2005
Vanessa Aubert | 15 août 2005

L'argent, les hommes. Un couple qui n'a jamais fait bon ménage au cinéma ou ailleurs. Quand chaque semaine, des sacs de diamants arrivent à l'aéroport de Tel-Aviv, c'est un cadeau du ciel pour les bagagistes endettés ou en quête de pouvoir.

Diamonds are a man's best friend
Ne nous trompons pas sur la marchandise, Cadeau du ciel n'est pas un film à suspense. En filmant le coup du siècle version israëlienne, Dover Kosahvili se sert davantage du vol comme prétexte pour suivre une galerie de personnages. Loin d'une préparation minutieuse à la Ocean's Eleven, Dover Kosahvili use de l'événement pour tisser les liens de ces apprentis voleurs au quotidien et révéler leur rôle à jouer dans le vol des diamants. Si Pontchika et Otary devront porter le chapeau, les capacités en anglais de Razo seront mises à contribution pour falsifier des documents tandis que Baho et Vaja, [img_right]Cadeauduciel4.jpg [/img_right]fils du respecté Giorgy, sont les véritables piliers de l'opération. Le réalisateur retrouve deux acteurs de son premier film Mariage tardif et oppose Lior Louie Ashkenazi (Otary) à Moni Moshonov (Giorgy) qu'il transforme en parrain de quartier. Leur amateurisme suscite évidemment le rire à travers des scènes dont l'absence de parole engendre le burlesque telle la course poursuite urbaine où ces grands enfants se prêtent volontiers au jeu du chat et de la souris. Des gamins préparant un mauvais coup dont la puérilité s'exprime aussi dans leur rapport avec les femmes.

Women are a man's best friend
L'égocentrisme des hommes renvoie les femmes au rang de faire valoir voire d'outil à l'expression de la puissance de chacun. C'est la femme de Razo que Jimali ridiculise en public pour se venger de celui-ci. C'est en enfermant sa fille dans un placard et en interdisant à son aînée de sortir de la maison familiale que Giorgy tente d'exercer son rôle de père. Le machisme est omniprésent dans une société patriarcale ou mère, fille et amante ont peu droit à la parole. Pourtant célibataire, la veuve Margot, emprisonnée par le deuil, s'interdit de succomber au charme du clinquant Vaja qui, par vengeance, séduit sa fille. La seule figure de femme libérée reste la cardiologue Phira qui assume son infidélité mais se retrouve vite au centre du jeu de pouvoir de Baho et Jimali. Preuve en est une scène de lit hautement symbolique où Jimali tente d'affirmer sa puissance sexuelle face à son concurrent. Difficile de ne pas déceler l'opinion de Dover Kosahvili sur l'importance de la sexualité quand celui-ci se met à nu (littéralement) en jouant Jimali. Il intègre sciemment dans son film une animalité proche de la vulgarité pour mieux mettre en évidence l'égoïsme de ses personnages masculins et par-delà l'enjeu du vol. Il y parvient sans mal et réalise un film atypique dont la grivoiserie mène tantôt au malaise tantôt à la drôlerie par l'absurdité des situations. Diamonds aren't a girl's best friend.

Résumé

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