Critique : Crossing the bridge - The sound of Istanbul

Shamia_Amirali | 5 juillet 2005
Shamia_Amirali | 5 juillet 2005

La musique adoucit les mœurs. C'est ce que le dernier film de Fatih Akin raconte. Crossing the bride – Sound of Istanbul, a été présenté hors compétition lors du dernier Festival de Cannes, en séance spéciale et devrait rencontrer au moins autant de succès que son précédent film Head-on. Avec Alexander Hacke, bassiste du groupe allemand Einstürzende Neubauten qui avait travaillé sur la musique de Head-on, on part à la découverte d'Istanbul, ville musicale.
Cette fois-ci, les deux hommes plongent le spectateur dans un univers où les sonorités occidentales et orientales fusionnent et se marient. Alexander Hacke a entrepris ce voyage pour enregistrer les différentes musiques qui composent la scène musicale de la ville. Le film de Fatih Akin est, à ce titre, comme un livre ou un album photo que l'on feuillette. Les transitions entre chaque style se font par des plans d'ensemble des paysages d'Istanbul et les moments passés avec chaque groupe privilégient les plans plus serrés, comme pour renforcer le contact entre spectateurs et musiciens.

Le voyage commence donc par des chansons où l'influence de l'Occident est très importante. D'abord, l'électro et le néo-psychédélique qui ont encore du mal à se faire une place mais aussi le rock, très imprégné du métal et du heavy métal américain. Mais si les rythmes sont très orientés vers l'ouest, les textes eux subissent les influences orientales des membres. Ainsi, de nombreux groupes, quelque soit leur style musical, possèdent dans leur répertoire une chanson hommage à la ville d'Istanbul. La promenade se poursuit de l'autre côté du Bosphore où le rap (loin de ressembler au Gangsta Rap américain) et le break dance dominent les scènes. Toujours plus à l'est, les rythmes sont plus langoureux et orientaux, on rencontre à présent de grands noms de la musique turque qui s'exportent plutôt bien.

Au fil des kilomètres parcourus, on est autant sous le charme de la diversité musicale d'Istanbul que Alexander Hacke et Fatih Akin, leurs guides. Le film trouve son rythme dans la musique, même si on a parfois l'impression qu'il ne fait qu'évoquer certains styles parce qu'il le faut, quitte à faire un peu catalogue. À trop vouloir montrer et prouver qu'Istanbul brasse des cultures extrêmement variées, les auteurs du film ont parfois tendance à s'y perdre. Le spectateur n'a ainsi que quelques minutes pour se faire une opinion avant d'enchaîner sur un autre groupe, une autre musique. Au total, ce ne sont pas moins de quinze groupes ou chanteurs qui se succèdent et ont pour point commun des textes sur leurs inquiétudes (les drogues, le chômage) et des messages sociopolitiques (la Turquie dans l'Union Européenne, l'opposition Orient / Occident).

Après une heure et demie de musique enivrante, on a malgré tout, qu'une envie : sauter dans un avion et traverser ce pont à Istanbul, tant il reste de choses à découvrir et comme Alexandre Hacke le dit : « ils n'ont pas percé le mystère de la ville mais ont seulement gratté la surface ».

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