Critique : L'Annulaire

Aurélie Mayembo | 7 juin 2007
Aurélie Mayembo | 7 juin 2007

Pour sa première collaboration à une bande originale, Beth Gibbons, la voix de Portishead, a choisi un film à l'univers aussi oppressant et énigmatique que sa musique. Adapté d'un très court roman japonais (d'une certaine Yoko Ogawa), L'Annulaire est le récit d'une emprise, d'un magnétisme qui opère entre Iris, jeune femme de 21 ans, et son patron, un homme froid et impassible interprété par un Marc Barbé terrifiant. Une banale histoire d'attirance, pourrait-on dire, sauf que le film baigne en permanence dans un climat « d'inquiétante étrangeté » qui déstabilise, et finit par ennuyer le spectateur.

Avec ses dialogues lapidaires, ses scènes quasi muettes, ses personnages apparaissant au détour d'un couloir comme des fantômes, L'Annulaire ne cherche pas à se faire comprendre. Il faut croire que Diane Bertrand, dont c'est la deuxième réalisation, a préféré travailler son film comme un matériau plus qu'une histoire, privilégiant les sensations, la musique et les atmosphères. Sur ce plan, mission accomplie ! Certains partis pris de réalisation donnent au film une grâce étonnante, comme ces paysages portuaires fortement masculinisés dans lequel évolue la jeune Iris. Ou encore, la façon de filmer Olga Kurylenko, jeune mannequin ukrainienne qui tient le premier rôle et qui peut, d'ores et déjà, quitter les podiums. Étourdissante de naturel, également énigmatique avec ses traits eurasiens et son léger accent, elle est constamment filmée la peau moite, perdue sous des superpositions de vêtements, qui donnent la vulnérabilité nécessaire à son rôle.

Mais, face à la beauté du film et de son actrice, subsistent de trop nombreuses questions sans réponse. Sur l'homme du laboratoire (Marc Barbé), son passé, ces chaussures qu'il offre à de jeunes et jolies filles ressemblant toutes à Iris, ses spécimens qu'il reproduit…. Délaissant toute narrativité, Diane Bertrand préfère l'ellipse. Pas sûr que tout le monde y trouve son compte, mais peut-être est-ce là le désir de la réalisatrice que de s'adresser à des happy few, qui tomberont sous le charme de son conte ultra sensuel sur le désir fémnin.

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