La Maison de cire : critique

Damien Vinjgaard | 17 mai 2005 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Damien Vinjgaard | 17 mai 2005 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Sale temps pour les d'jeuns. Le slasher reprend des forces. Le «time out»survenu à la fin de l'ère Scream semble se terminer et la traque meurtrière d'ados ne jurant que par le football et la bière sans alcool donne des signes de recommencement. Plus embêtant pour eux, elle reprend sous l'égide non pas lisse et amusante des années Wes Craven, mais sous celle crade et méchante des 70's. Enfin, pire du pire avec La Maison de Cire, la niche guignolo-gothique de Dark Castle qui promettait à ses protagonistes un décès sanguinolente mais rapide, emboîte le pas.

La maison de production de Robert Zemeckis et Joel Silver oeuvrait jusqu'à présent dans le remake kitsch de classiques rachetés à bas prix. 13 Fantômes ou La Maison de l'horreur, films cultes des années 50 remis au goût du jour, en sont un bon exemple. Et quand elle n'était pas dans ce credo, elle n'en était pas loin, comme en témoigne la commande de Matthieu « c'est pas ma faute, c'est le scénar » Kassovitz : Gothika. Mais là, fini les morts de gourmet.

La bonne vieille série B est de retour grâce au savoir-faire d'un réalisateur espagnol. Ne conservant que le titre et le lieu du classique de 1953 mis en scène par André de Toth avec Vincent Price, Jaume Serra s'appuie sur le scénario vétuste mais toujours solide du martyr des citadins de moins de 30 ans. Égarés dans un coin paumé, nos jeunes amis insouciants toujours en quête de sexualité à épanouir se retrouvent au prises avec des bouseux dont la seule préoccupation est d'assouvir leur soif psychotique de tuer (je me demande si les provinciaux ne vont pas s'offusquer à force d'être montrés comme des dégénérés). Simple et efficace pour pouvoir poser sa mise en scène.

 

photo

 

Car oui Matthieu, malgré tout le respect que je te dois (car je t'en dois), il n'est pas nécessaire d'avoir une palette d'effets numériques pour créer une ambiance. Prends par exemple Jaume, dont c'est le premier long-métrage, il surprend par sa mise en scène évolutive (la chance du débutant me diras-tu). Dans une ambiance détendue, il amène une certaine proximité avec les personnages en intégrant des gros plans volés, voire branlants. Il nous rapproche du docu-horror façon Blair Witch avec sa caméra qui vit parmi ces petits Américains insouciants, tout en leur donnant une épaisseur inattendue.

Évidemment, il cède à tous les bons mots comme la référence à la vidéo amateur de la miss Hilton. Personne n'est parfait. Mais cette vivacité emballe le moment toujours un peu lourd des présentations (surtout quand on sait que les personnages son destinés à une mort certaine) et permet, quand la caméra se fige lentement, de réanimer des sentiments d'inquiétude et d'effroi souvent oubliés au profit de celui, plus fugace, de la surprise.

 

photo, Elisha Cuthbert, Chad Michael Murray

 
Apparemment très libre, Jaume Serra se permet beaucoup, comme ce passage nocturne en vidéo numérique filtré pour filmer de nuit. Plongeant peu à peu vers le poisseux, il ne se prive pas d'etre sadique et prend même un malin plaisir à travailler les zones douloureuses du spectateur. On ne peut qu'émettre de petits couinements de compassion en regardant avec quel sadisme le meurtrier joue d'une façon nouvelle avec ses objets coupants. Sans s'embarrasser de créer une peur par effet, Jaume Serra ne jure que par la méchanceté et la démocratisation de celle-ci entre les bourreaux et les victimes. Humblement, il ranime un peu la flamme du genre jusqu'a ce final gras mais plaisant dans la maison du titre.

 

Affiche

Résumé

Un peu de simplicité et de sadisme est finalement salutaire dans la production hollywoodienne actuellement trop chiadée pour être vraiment efficace.

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