Critique : Travaux, on sait quand ça commence...

Aurélie Mayembo | 25 mai 2005
Aurélie Mayembo | 25 mai 2005

Les déménagements comme les travaux possèdent un fort potentiel scénaristique. Comme l'indique l'affiche de Travaux, « on sait quand ça commence », on ne sait pas quand ça finit, soit de multiples possibilités de voir à l'écran des pétages de plomb et autres dégâts des eaux… Dans le dernier film de Brigitte Rouan (Outremer, Post coïtum, animal triste), on retrouve tout cela et surtout le personnage au bord de la crise de nerfs, incarné par Carole Bouquet. L'actrice campe le rôle de Chantal Letellier, une élégante quadra bien sous tous rapports, avocate qui milite pour les sans-papiers et serine à ses enfants qu'« un immigré, c'est sacré ». Jusqu'ici rien d'étonnant. Sauf que Chantal est un parfait peu dépassée par sa vie et gère, en équilibriste, une mère envahissante, des ados exubérants, des soucis avec son banquier, des amants d'une nuit pot de colle… Et à cela, vient s'ajouter un chantier dans son appartement. Bref, c'est un personnage plus proche d'une Bridget Jones « vingt ans après » que de la fameuse femme froide à laquelle on réduit Carole Bouquet dès qu'elle apparaît à l'écran.

C'est donc une des bonnes idées de ce film que d'avoir fait appel à l'actrice et de détourner cette mythologie envahissante. Brigitte Rouan, qui d'habitude joue dans ses propres films, a pris le parti de surprendre et réserve quelques instants de pure folie, où une plaidoirie se termine en break dance (avec Carole Bouquet dans le jogging !). Au final, la réalisatrice a révélé le talent comique de Carole Bouquet, qui n'a rien à envier à une Karin Viard ou à une Mathilde Seigner (qui dans Tout pour plaire joue également une avocate aux prises avec son banquier). Il faut dire que Brigitte Rouan ne craint pas les contrastes. Aux côtés de Carole Bouquet, on retrouve en « plus beauf tu meurs », Jean Pierre Castaldi ainsi qu'Aldo « la classe » Maccione et Bernard Menez. Des seconds rôles fantaisistes auxquels il faut ajouter la petite équipe d'ouvriers du bâtiment colombiens incarnés par des acteurs non professionnels qui donnent au personnage de Chantal des faux airs de Blanche-Neige perdue au royaume du BTP.

Le talent de Brigitte Rouan est de ne pas se contenter de faire une comédie. En plus de conter les mésaventures d'une quadra en panique, son film parle d'ouverture à l'autre, de dessillement. Celui de Chantal, qui va passer de la théorie à la pratique en côtoyant des sans-papiers dans son salon. Celui de ses enfants qui apprendront qu'un immigré n'est pas sacré, mais un humain en galère. Un message de tolérance un brin convenu, mais qui à le mérite de trouver sa place dans une comédie sans prétention.

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