Critique : Les Mauvais joueurs

Récompensé du Prix « Sang Neuf » au dernier festival du film policier de Cognac, Les mauvais joueurs évoque assez rapidement (dès son tour de passe-passe en ouverture) les petits films d'arnaque tels que Les neuf reines (Grand Prix à Cognac en 2002). Par la suite, le récit prend moins la forme d'une succession de petits combines histoire de se faire un max de blé (que personne ne veut d'ailleurs donner) que celle d'une chronique d'un petit groupe d'individus travaillant et (sur)vivant au cœur de ce célèbre quartier parisien qu'est le Sentier.

Le problème de ce premier long-métrage de Frédéric Balekdjian ne vient pas tant du sujet en lui-même que de la façon de le traiter. Les différentes situations, écrites, dialoguées, interprétées et filmées à l'aide d'une caméra à l'épaule évoquant presque le documentaire (on voit les passants dans la rue se retourner en se demandant ce qui se passe) sentent en effet bon le vrai et le vécu, qu'il s'agisse des histoires d'argent, d'amitié, de cœoeur, d'honneur. Et pour cause, le scénariste – dialoguiste – réalisateur habite ledit quartier depuis des années et le filme de telle manière qu'il parvient presque à lui donner vie comme un personnage à part entière.

En revanche, la succession plus ou moins chaotique de ces différentes scènes dans sa tentative d'accorder une égale importance à chacun des personnages tout en les liant les uns aux autres finit par ruiner complètement l'entreprise de départ (on passe ainsi d'un personnage à un autre parfois au sein d'une même scène sans toujours bien comprendre le lien). Résultat : en dehors des trente premières minutes nécessaires à la présentation des différents protagonistes et de leurs situations sociales respectives, et des cinq dernières, nécessaires pour tenter de démêler ce sac de nœoeud (amical, sentimental, financier…), les petits combines ne prennent pas sur le spectateur. Mais in fine, l'honneur est presque sauf pour ces Mauvais joueurs en porte-à-faux entre deux rues qui découvriront, à leurs dépens, que le crime ne paye pas toujours.