Critique : Yasmin

Aurélie Mayembo | 29 mars 2005
Aurélie Mayembo | 29 mars 2005

Comme l'a récemment prouvé le très beau Just a kiss, le cinéma anglais marque un intérêt grandissant pour le thème de l'immigration et pour sa communauté pakistanaise en particulier. Avec Yasmin, c'est au tour du réalisateur écossais Kenneth Glenaan de poser sa caméra sur les « Pakis » du nord de l'Angleterre et de faire le portrait d'une jeune femme moderne, rattrapée par sa culture d'origine.

Jouée par Archie Panjabi (déjà vue dans les réjouissants Fish and Chips et Joue-là comme Beckham), le personnage de Yasmin est double, partagé entre une part traditionnelle - dans son quartier - et une part occidentale - à son travail. Contrairement aux personnages issus d'une double culture auxquels on nous a habitués, Yasmin n'est pas une rebelle qui tente de faire entendre raison à une famille prônant des traditions difficiles à exporter. Plus proche du Cassim de Just a Kiss que de Jess de Joue-là comme Beckham, Yasmin ne choisit pas et mène deux vies parallèles qui n'ont pas vocation à se rejoindre. Preuve de cette ambivalence, les scènes où dans sa voiture-refuge, elle ôte ou remet son voile, selon qu'elle se dirige vers son travail ou vers son domicile, située en face de la maison paternelle.

Subtil portrait de femme, le film aurait pu continuer à saisir « à la Ken Loach » ce destin à l'émancipation fragile. C'était sans compter la volonté du réalisateur de faire un film au propos politique dénonçant l'islamophobie suite aux attentats du 11 septembre. Tel un journaliste, le réalisateur rapporte les violences dont sont victimes les musulmans. Agressions dans la rue, racisme abject et arrestations arbitraires, rien n'est passé sous silence… Le film prend dès lors un ton nettement plus dramatique et délaisse son personnage principal pour mieux faire passer son message. La contrepartie : des scènes anxiogènes dignes d'un minable clip de rap où le réalisateur mixe des images floues - grâce à une caméra qui bouge beaucoup - à des discours de Georges W. Bush en bruit de fond !

Une fois sa bile déversée, Kenneth Glenaan retrouve la raison. C'est en se rapprochant de Yasmin, de sa vie quotidienne et de sa famille que le film retrouve sa justesse. Le spectateur dit ouf ! En appuyant sur les dérives post-11 septembre, le réalisateur montre bien les limites de l'assimilation et plus grave, comment on forme des terroristes lorsqu'on pense les anéantir.

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