Critique : Danny the Dog

Sandy Gillet | 17 janvier 2005
Sandy Gillet | 17 janvier 2005

Bon, autant le dire tout de suite, le sujet brûlant du week-end à la rédaction aura été sans contestation possible la place que l'on devait accorder sur le site au dernier film de Louis Leterrier alias Le Transporteur 1 et bientôt 2. Faire la une (impliquant le fait que nous avons aimé pour la plupart le film, ce qui n'est pas le cas) ou pas, écrire une critique négative ou positive (en fonction du journaliste qui a aimé ou non)…? Bref, l'hallu totale, surtout quand on sait que le film en question est Danny the Dog, soit la dernière production Besson. Il y a eu des batailles d'Hernani de niveau plus élevé et plus tragique !
Certes, mais le cas Danny the Dog mérite notre attention, tout du moins le temps de ce papier, et donc d'être un tantinet défendu. Pourquoi ?. Pourquoi en effet se pencher au chevet de ce qui semble s'apparenter ni plus ni moins à ce qu'Europa Corp. (The Besson Homeland) produit depuis toujours dans le domaine ? À savoir des films ineptes, lobotomisés, voire insultants à l'égard du public auquel ils sont censés s'adresser. Le dernier avatar encore frais dans nos mémoires que fut Banlieue 13 ne dérogeant d'ailleurs aucunement à la règle.

Tout simplement parce que Danny the Dog détonne de par sa simple faculté à nous raconter une histoire, certes galvaudée, mais qui a le mérite d'exister et d'être menée à son terme. Maigre pitance, m'affirmerez-vous avec raison, mais avancée gigantesque quand on repense à Yamakasi, Taxi et autres Wasabi, pour ne citer que ceux-là. Ensuite, parce que pour une fois les inspirations sont utilisées comme telles et non plus comme de vulgaires pompages ou d'énormes palliatifs à des histoires faites de bric et de broc. Enfin, et c'est peut-être là que la chose surprend le plus, parce que les scènes de combat font progresser la trame et ne sont pas uniquement des plages récréatives ou des passages obligés du genre.

Du coup, les personnages prennent rapidement un minimum d'épaisseur et ne ressemblent pas à de vulgaires pantins désarticulés ou à des ombres déshumanisées. Louis Leterrier s'est d'ailleurs entouré d'acteurs d'expérience (Morgan Freeman qui, même en cachetonnant, arrive à s'amuser et nous avec, et Bob Hopskins, qui en fait des tonnes dans son rôle de petit parrain cockney, mais déroule avec virtuosité) et d'un Jet Li qui a su étoffer un tant soit peu son jeu d'acteur limité jusque-là à son physique. Ses scènes de combat à proprement parler prennent de fait une ampleur étonnante et reposent sur un découpage et une chorégraphie simple, moins spectaculaire et terriblement efficace. En d'autres termes, on comprend enfin ce qui se passe à l'écran, avec comme morceau d'anthologie une belle séquence de bourre pif confinée dans un 5m² des plus jouissifs.

Il en résulte un film un peu plus adulte, plus noir qu'à l'accoutumée, et donc plus proche des standards normaux du genre. C'est dire aussi que Danny the Dog est loin d'être un film abouti – on n'en est pas encore là. Il suffit de tomber sur les nombreuses scènes entre Jet Li et Kerry Condon (la fille de Morgan Freeman dans le film) où affleure cet humour affligeant propre à l'univers Besson pour se convaincre que le chemin risque d'être encore long, voire utopique.
C'est dire aussi que Louis Leterrier mérite que l'on suive ses prochaines réalisations, tant sa manière d'imposer quelque peu sa patte sur une production Besson force le respect (lire à ce sujet notre interview), tout en s'exposant à un rapide retour de bâton si les minces espoirs mis en lui sont d'apparence trompeurs.

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