Critique : La Vie de Michel Muller est plus belle que la vôtre

Vincent Julé | 18 janvier 2005
Vincent Julé | 18 janvier 2005

La boucle est enfin bouclée. Avec Michel Muller, tous les comiques télévisés – ou du moins les plus drôles et, le plus souvent, issus de l'écurie Canal + – sont passés du petit au grand écran : Les Nuls, Jamel, Éric & Ramzy, Les Robins, Kad & Olivier, Michaël Youn… Ils ont tous essayé, avec plus (La Tour Montparnasse infernale, Mission Cléopâtre) ou moins (RRRrrrr !!!, Mais qui a tué Pamela Rose ?) de succès, de refourguer leurs bonnes et/ou mauvaises blagues (c'est selon) auprès d'un public conquis d'avance. Y a-t-il un mal à cela ?
Pas vraiment, puisque ce qui est devenu un passage obligé permet aux plus talentueux d'entre eux de rebondir vers des projets plus personnels (Jean-Paul Rouve, Marina Foïs, Kad, Alain Chabat). Michel Muller n'échappe pas à la règle, et se « contente » de transposer son univers télévisuel au cinéma. Et quoi de plus simple, et d'efficace, que de se filmer soi-même, dans son quotidien, à quelques gros arrangements près avec la réalité près ? Le spectateur ne s'en plaindra pas, puisque le bougre ne s'est pas assagi. Méchanceté, lâcheté, sexe, mauvaise foi, je-m'en-foutisme…

Rien ne manque à cette peinture au vitriol du microcosme entourant le personnage de Michel Muller. Les seconds couteaux, dans leur simplicité ou leur bêtise, sont tous irrésistibles. Mais attention, rien de surprenant non plus. Nourri et habitué à ses prestations souvent hardcore de Fallait pas l'inviter et Fallait pas m'inviter, le spectateur reste tout de même en terrain connu. Les apparitions de certaines guest stars (de l'animateur radio Maurad à Jean Benguigui en passant par Élie Seimoun ou Gérard Depardieu) sont ainsi prévisibles et poussives. Seul Pierre-Ange Le Pogam (d'Europa Corp., la maison de production de Luc Besson), dans son propre rôle, livre une caricature acerbe, radicale, à laquelle on finit pas rire jaune. Michel Muller vient en effet lui proposer un film au pitch tonitruant : l'histoire de trois mecs qui se branlent. « Non, l'histoire de trois mecs qui décident d'arrêter de se branler, c'est plus subversif ! », renchérit l'un de ses trois collaborateurs. Cette quête du Graal – enfin, si l'on peut dire – est à l'image d'un film potache mais intime, au ton dur amer.

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