Critique : Les Revenants

Stéphane Argentin | 19 octobre 2004
Stéphane Argentin | 19 octobre 2004

Retour en grâce pour les films de zombies. Entre remake réussi (L'Armée des morts), adaptation ratée (Resident Evil 2), suite attendue (le Land of the dead de Romero) et hommage parodique (le britannique Shaun of the dead), le genre ne s'est jamais aussi bien porté. L'annonce d'une autre variante, un drame psychologique sur les morts-vivants, avait a priori de quoi susciter la curiosité. Au sortir de la projection, les morts ne se comptent hélas pas uniquement qu'au cimetière !

Les intentions premières étaient pourtant fort louables. Allant à contresens des codes imposés (corps décomposés, vocalisation beuglante, soif de sang…), Les Revenants avait même tout du film posé et réfléchi, reflet de certaines thématiques (retraite, emploi, surpopulation…), voire d'une actualité brûlante (caniculaire ?) : que faire de toutes ces personnes (âgées), quelle place leur trouver dans une société où ils sont de plus en plus nombreux ? Des problématiques à l'échelle planétaire, judicieusement suggérées par les faux journaux radiophoniques et télévisés comme à la bonne vieille époque des Dead. Entre débats municipaux et adaptation au quotidien, le récit vire peu à peu vers son thème central : le deuil.

Un travail long et pénible qui peut survenir à tout âge : jeune (le couple ayant perdu son enfant), adulte (le mari décédé en pleine fleur de l'âge) et moins jeune (le maire qui a perdu son épouse). C'est malheureusement à ce moment-là et pour toute l'heure restante que Les Revenants se complait dans d'interminables scènes d'observations et d'échanges de regards au milieu d'une atmosphère livide et sans vie. Un comble pour un film supposé traiter du deuil, soit, par essence même, un sujet synonyme de blessure du cœur. Ne serait-ce que pour le couple meurtri par la disparition de leur enfant, on préférera des réussites telles que In the bedroom ou La Chambre du fils.

Le couple principal Pailhas-Zaccaï ne nous atteint hélas pas davantage, et reflète finalement assez bien toute l'ironie du traitement adopté : cette atmosphère sans vie, seul élément réussi de tout le film, qui nous laisse de marbre. On n'est donc pas mécontent lorsque tous ces revenants peu véloces (à l'image du long métrage) s'en retournent d'où ils viennent : au cimetière. Peut-être bien là où tout le monde aurait dû rester dès le départ !

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