Critique : Steamboy

Sandy Gillet | 22 septembre 2004
Sandy Gillet | 22 septembre 2004

Cela faisait treize ans qu'on attendait ça, treize ans à se repasser en boucle Akira et à racheter, imperturbable, les différentes éditions Collectors DVD qui n'ont pas manqué de fleurir sur les étals des magasins de France et d'ailleurs. Bien sûr, nous avions pu, en guise d'amuse-bouche, savourer Cannon Fodder, le troisième épisode de Memories, et nous délecter du petit bijou qu'est Metropolis, adapté du manga de Tezuka et réalisé par Rin Taro en 2001. Bien sûr. Mais ce n'était rien en comparaison de Steamboy, que Katshiro Ôttomo préparait depuis des lustres, et pour lequel il figurait à nouveau au générique en tant que concepteur et réalisateur.

Film certifié le plus cher de l'histoire de l'animation japonaise (20 millions d'euros), Steamboy, disons le d'emblée, déçoit d'abord puis rassure in fine. La déception venant en fait de l'histoire, somme toute assez linéaire et classique au regard de ce que le monsieur nous avait habitué par ailleurs. Ne nous impliquant que trop rarement dans les aventures, se situant dans l'Angleterre victorienne, de ce jeune garçon qui doit protéger l'invention révolutionnaire, confiée par son grand-père (la Steam Ball), de la convoitise d'une société occulte, Ôttomo, conscient des carences de son récit, nous entraîne dans une succession de morceaux de bravoure qui, s'ils ont le mérite d'être visuellement époustouflants, n'en demeurent pas moins vides de sens.

Il est pourtant difficile de jeter la pierre à un film qui visiblement peine à trouver son identité, et à son créateur qui a manifestement du mal à se remettre du succès planétaire d'Akira, dont Steamboy ne semble finalement « n'être » que le pâle remake. En effet, à l'univers cyberpunk (qui se situe dans un monde proche et ultra informatisé) du premier, Ôttomo a juste substitué un autre univers qu'il qualifie lui-même de « Steampunk ». Un genre où l'action et l'aventure se déroulent dans une version parodiée du XXe siècle, mettant en scène des machines et inventions fantasmées ou imaginaires.

Mais si, au final, on retrouve en effet les mêmes thématiques traitées au demeurant fort peu différemment – fascination doublée d'une peur viscérale face aux avancées technologiques, osmose à contre nature entre l'homme et la machine, refus du monde des adultes –, il est évident que c'est ce parti pris à la limite de l'obsessionnel qui finit par emporter le morceau. Steamboy avait tout à gagner en se positionnant comme le prolongement naturel d'Akira. Son problème étant justement d'arriver en deuxième, tel un clone qui aurait perdu en route beaucoup de son modèle.

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