Catwoman : critique qu'on n'assume plus vraiment

Laurent Pécha | 6 septembre 2004 - MAJ : 06/03/2019 16:56
Laurent Pécha | 6 septembre 2004 - MAJ : 06/03/2019 16:56

Aujourd'hui, Ecran Large pense que Catwoman est un navet absolu. Mais à l'époque, un rédacteur l'a aimé. Par plaisir pervers et professionnalisme, voici ce témoignage fascinant.

Après avoir été l'une des attractions les plus mémorables du Batman le défi de Tim Burton, sous les traits de la magnifique Michelle Pfeiffer, Catwoman revient sur le devant de la scène avec comme interprète la très sexy Halle Berry (décidément attirée par les rôles de super-héroïnes après Tornade des deux X-Men). Si le choix de la comédienne ne peut pas être vraiment remis en cause, surtout après avoir vu sa performance, le nom du réalisateur, nous avons nommé Pitof, mettant en images les aventures de la femme féline, laisse quant à lui dubitatif.

Oui, le Pitof qui a commis l'exécrable Vidocq est donc parti faire carrière aux États-Unis, et pour son premier film américain le voici à la tête d'un énorme blockbuster de 100 millions de dollars. Comment et pourquoi a t-il été choisi ? Les réponses sont à la fois multiples et difficiles à trouver...

Si on peut spéculer sur ce que le film aurait pu être dans les mains d'un cinéaste plus doué et armé d'un script nettement plus étoffé, force est de constater que Catwoman possède les quelques atouts qui lui font gagner ses galons d'honnête divertissement.

 

 

Film mineur et à la durée de vie totalement éphémère (le temps de la projection grand max), Catwoman flirte constamment avec le grand n'importe quoi et ne doit sa survie qu'à l'interprétation extrêmement convaincante de ses deux stars féminines (Berry, donc, mais aussi la revenante Sharon Stone. On va y revenir), et à la capacité qu'a Pitof à sur-multiplier les mouvements de caméra et autres artifices visuels. Faisant fi d'une histoire des plus conventionnelles, le réalisateur français se concentre effectivement sur ce qu'il sait faire de mieux : faire joujou avec sa caméra et abuser des effets numériques les plus délirants (à l'image de ces nombreux plans aériens totalement gratuits introduisant le building de Hedare Beauty).

Si l'écœurement visuel menace constamment de nous faire rendre les armes, c'est finalement dans cette capacité à en faire toujours plus que le film doit son salut. En réussissant le tour de force de s'affranchir du moindre désir de raconter une histoire intéressante (à deux ou trois scènes près : la très réussie naissance de Catwoman entourée de chats), et en optant pour l'esbroufe, Pitof donne le bâton pour se faire battre. N'empêche, il y a dans son film une telle vitalité, une telle envie (certes loin d'être réussie et convaincante) d'offrir un blockbuster différent, qu'on éprouve finalement un peu de sympathie pour l'entreprise.

 

 

D'autant que d'autres atouts essentiellement féminins penchent en faveur du film. Si Halle Berry est parfaitement à l'aise dans le costume ultra sexy de Catwoman (à l'image de ce premier plan-séquence circulaire qui dévoile ses formes), c'est Sharon Stone qui réussit à tirer avec maestria la couverture à elle lors de ses scènes malheureusement trop rares. Avec beaucoup d'ironie et d'autodérision, la comédienne se met finalement, en quelque sorte, à nu en interprétant ce rôle d'ex-mannequin vedette atteint par la limite d'âge et remplacée par une jeunette de vingt ans.

Cerise sur le gâteau d'un film qui milite (un peu) pour la gente féminine (dommage que la métaphore sur l'émancipation de la femme n'ait pas été poussée : les rares fois où le film s'y arrête, les séquences possèdent un cachet fort plaisant), c'est de la bouche de Sharon Stone que les répliques les plus marquantes fusent, avec en point d'orgue, un désopilant « Je suis une femme, j'ai l'habitude de faire des choses que je n'aime pas ! ».

 

Résumé

Catwoman n'est donc finalement pas ce vilain petit canard descendu en flammes quasi unanimement. C'est tout simplement le meilleur film de Pitof.

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commentaires
Flo
28/02/2020 à 10:01

A l’inverse du "Batman des 60’s", ce film a l’esprit fauché même avec des effets spéciaux modernes, et sa volonté féministe en devient presque caricature. Comme pour le film "Batman et Robin": ça ne raconte pas grand chose mais en plus c’est pas très joli visuellement.
Disons juste que ce n’est Pas "Catwoman" (Selina Kyle donc), mais une série B assez agréable si on ne tente pas de la lier avec l’univers étendu de DC Comics, la comparaison y étant à son désavantage.

-Conseil cinéma et comics: Ne pas se dire que c’est une adaptation de "Catwoman". C’est pas le cas, juste un petit film d’action avec effets spéciaux, rien de plus.

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