Dark Harvest : critique d'une citrouille pas si trouille sur Amazon

Judith Beauvallet | 20 octobre 2023 - MAJ : 20/10/2023 17:46
Judith Beauvallet | 20 octobre 2023 - MAJ : 20/10/2023 17:46

Réalisé par David Slade, qui a auparavant signé Hard Candy30 jours de nuitTwilight - chapitre 3 : Hésitation et même Black Mirror : Bandersnatch, Dark Harvest est l'un des fers de lance de la cuvée horrifique Halloween 2023. Avec les inconnus Casey Likes et Emyri Crutchfield dans les rôles principaux, et les un peu plus connus Jeremy Davies et Elizabeth Reaser dans des rôles secondaires, Dark Harvest s'engage sur la plaisante route du film fantastique au concept fort. Dommage que l'itinéraire ne soit pas plus palpitant.

STEPHEN PUMPKING

Dans une petite ville américaine de 1963, pas question de faire l’impasse sur Halloween. Chaque année, la tradition veut que les adolescents mâles du bled affrontent à la nuit tombée une créature mi-homme mi-potiron. Celui qui arrivera à le tuer avant minuit dévorera ses entrailles faites de sucreries et sera sacré héros du patelin jusqu’à l’année suivante. Sauf que citrouille-man a du répondant, et que le risque d’y laisser sa peau est réel…

Une histoire adaptée du roman du même nom de Norman Partridge, à la rencontre de Simetierre, Ça et American Nightmare, qui fleure bon le parfait film d’Halloween et le mi-survival mi-slasher bien sanglant. L’idée accroche tout de suite, la séquence d’introduction exposant parfaitement les tenants et les aboutissants du concept à travers une première chasse annuelle et une célébration en grande pompe du gagnant.

 

Dark Harvest : photoJack Skellington 2.0

 

Plus loin dans le film, sans en dévoiler ici davantage, le scénario réserve un petit twist bienvenu et malin, qui apporte une dimension supplémentaire à un film qui se veut très critique envers la pression de masculinité exercée sur les jeunes hommes dans les sociétés conservatrices.

Bref, Dark Harvest avait les bonnes cartes en main pour être une véritable petite pépite horrifique, et c’est d’ailleurs pour cette raison que le film reste assez sympathique et même un peu émouvant malgré ses défauts. Néanmoins, les défauts en question ne sont pas une mince affaire, car dans l’exécution, ce conte horrifique n’est pas à la hauteur.

 

Dark Harvest : photo, Casey LikesPete doit choisir entre creuser la citrouille ou creuser sa tombe

 

LA DIRECTION ARTISTIQUE DU PAUVRE

En effet, la réalisation du film le relègue malheureusement à de la sous-série B (mais pas tout à fait Z quand même) qui s’oublie bien vite. La photographie est visiblement fauchée. Malgré le parti pris de filmer de nuit afin de régler beaucoup de problèmes et de permettre de jolis effets d’ombre, la colorimétrie bleutée et les contrastes trop poussés cachent mal leur véritable rôle : essayer tant bien que mal de camoufler l’éclairage indigent du film.

 

Dark Harvest : photoSi la purge d'American Nightmare avait lieu le 31 octobre

 

À côté de ça, rajouter quelques citrouilles allumées dans les coins, un clocher et une pleine lune immense dans le ciel de quelques plans ne parvient pas à former une véritable direction artistique, et ces quelques accessoires donnent plus l’impression de cocher des cases de déco halloweenesque obligatoire que de réellement créer un univers. La ville ne prend jamais réellement vie, et l’environnement de ses rues (ou même l’intérieur de la maison du héros) n’est jamais vraiment crédible. Dès lors, il est compliqué de faire surgir le fantastique efficacement dans un cadre qui ne donne pas l’illusion de réalité.

Pourtant, il faut noter quelques idées visuelles plaisantes : lorsque l’homme-citrouille revient pour massacrer de l’ado, l’image de lui descendant l’escalier d’une cave où se cachent ses victimes et d’où surgit soudain une vague de sang est à la fois jolie et cruelle, d’autant qu’elle se déroule en montage alterné sous les yeux d’un gamin qui crie derrière une fenêtre. Les moments où la créature, dont on regrette le design un peu trop simple, est reconstituée pour l’année prochaine sont aussi pleins de bonnes idées. Ces quelques scènes qui tirent leur épingle du jeu font d’autant plus regretter que le reste sente autant le petit budget et les solutions de facilité.

 

Dark Harvest : photoQuand tu oublies d'éteindre la bougie de ta citrouille en sortant

 

UNE FAIBLE FABLE

Cette facilité se ressent d’ailleurs aussi dans l’écriture, autre point noir de Dark Harvest. Le personnage principal, dont la seule ambition est d’imiter son grand frère, vainqueur de l’année précédente, tourne en rond sur sa lubie un peu niaise et cliché. Les relations conflictuelles avec des parents sourds, le complexe d’infériorité face au grand frère que tout le monde aime, les caïds du lycée en varsity jackets… C’est bien, mais ça transpire déjà tellement dans tout Stephen King et dans tout ce qui a pu s’en inspirer au cinéma depuis que ça méritait d’être secoué plus que ça.

 

 

Dark Harvest : photo, Emyri CrutchfieldKelly, la Sally de cet étrange Noël

 

Aux côtés du héros, la sympathique Kelly endosse finalement bien peu de responsabilités au sein du scénario et son potentiel n’est jamais développé. Dans le rôle des parents, Jeremy Davies et Elizabeth Reaser font ce qu’ils peuvent pour rentabiliser leurs rares scènes, mais force est de constater qu’ils semblent s’être un peu égarés dans des rôles un peu timides pour eux et qui leur laissent peu de place.

En voulant critiquer la compétition entre hommes et la masculinité toxique, Dark Harvest peine en réalité à dépasser lui-même cet environnement, et la lassitude se fait rapidement sentir, car la première séquence promettait quelque chose de plus original, riche et rentre-dedans. Un film qui saura gentiment satisfaire les envies de soirées d’Halloween catégorie canapé-bières-potes, mais rien de plus, malheureusement.

Dark Harvest est disponible sur Prime Video depuis le 12 octobre 2023 en France

 

Dark Harvest : photo

Résumé

Le concept est suffisamment attirant pour tenir jusqu'au bout du film, mais Dark Harvest ne transforme jamais l'essai au-delà de sa séquence d'ouverture. Trop modeste dans ses ambitions, il élève péniblement sa citrouille au-dessus du champ des navets horrifiques halloweenesques, alors que son propos et son twist méritaient mieux.

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Lecteurs

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commentaires
Cidjay
03/11/2023 à 13:22

CE FILM EST UNE GROSSE DAUBE !
J'ai finis le film sans problème, c'est déjà un exploit tant la finalité m'a semblée hallucinante en terme de foutage de gueule.
On ne sait RIEN !!!
D'où vient les (les) monstres ?
Pourquoi seuls les lycéens (hommes) participent ?
Pourquoi les parents ne participent pas ?
Qu'y a t'il au delà de la ville ?
Comment font-ils pour s'approvisionner en voitures neuves si personnes ne sort de cette ville ?
Pourquoi les enfants doivent-ils manger le monstre ?
Pourquoi l'épouvantail se tranforme en monstre ?
Le monstre revient tous les ans, mais c'est un paysan qui met l'épouvantail sur son support, si il ne le fait pas, que se passe-t'il ?
Pourquoi les gamins et certains habitants se tuent entre eux sans que ça ne change rien ?
ON NE SAIT absolument rien !

L'autre
21/10/2023 à 11:57

Revoyez ou voyez Trick r Treat c'est le meilleur film d Halloween pour moi ! Il mérite d être plus connu...

Kolby
20/10/2023 à 23:59

Il me semble que vous avez aimé vue la critique que je crois positive... Mais pourquoi une note de 2?

zetagundam
20/10/2023 à 21:19

Bien qu'il ne réinvente rien, ce film fut très plaisant à visionner pour ma part même si le lore aurait mérité d'être développé et que la grosse révélation du film se devine dès les 10eres minutes du métrage

Mouais
20/10/2023 à 16:57

par rapport au truc "gore" "d'horreur" de marvel c'est quel niveau de "trouille" ?

Metuxla
20/10/2023 à 16:55

ca partait bien original quelques morts sanguinolentes puis plus rien ca parle, ca court, ca parle ca saoule dommage

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