Simetierre : aux origines du Mal - critique six pieds sous terre sur Paramount+

Judith Beauvallet | 7 octobre 2023
Judith Beauvallet | 7 octobre 2023

Comme presque n’importe quel roman de Stephen King, Simetierre revient d’entre les morts tous les quatre matins pour faire l’objet d’une nouvelle adaptation, d’une énième suite ou prequel autour de ladite adaptation. Et ce avec plus de mal que de peur. À part la version de Mary Lambert réalisée en 1989 qui tire son épingle du jeu, la plupart des adaptations du célèbre bouquin sont à oublier très vite, comme c’est le cas de la version de 2019 réalisée par Kevin Kölsch et Dennis Widmyer. Pourtant, c’est bien de celle-ci que Simetierre : aux origines du Mal est un regrettable prequel, réalisé par Lindsey Beer. S’il avait une tombe, voici pourquoi Stephen King s’y retournerait...

De pas si beaux restes

Pour commencer malgré tout par un point positif, il faut dire que, comme son prédécesseur, le film ne démarre pas si mal. De facture correcte, avec une jolie photographie et une atmosphère qui prend le temps d’être posée, ce volet n’est pas un nanar mal ficelé joyeusement étouffé par son ridicule. Mais c’est aussi pour cela que le spectateur aurait pu en attendre davantage, et qu’il sera d’autant plus déçu.

Car si l’ennui se fait rapidement ressentir au cours du visionnage, c’est tout simplement en raison de l’absence quasi-totale de scénario. Après l’exposition d’une situation de base simpliste, les timides péripéties vont s’enchaîner sans cohérence ni suspens, et il faudra se résigner, aux trois quarts de l’histoire, à comprendre que le film ne commencera jamais et que ces quelques rogatons apéritifs étaient en fait censés constituer le gros de l’intrigue. Ah. Adios l'esquisse du discours sur les traumatismes de la guerre, sur la disparition des civilisations natives américaines ou sur les conditions de vie des rednecks. Adios toute forme de discours quel qu'il soit, d'ailleurs.

 

Simetierre : aux origines du Mal : photoCracotte et Nougat méritaient mieux

 

Sans réelle progression d’enjeux (par ailleurs inexistants), sans conclusion digne de ce nom, sans réelle écriture de personnage, l’ensemble sonne terriblement creux. Ce serait moins grave si l’objet s’assumait davantage en film d’horreur, et que, pour combler le manque d’histoire, des scènes de tension et de flippe venaient faire vibrer le spectateur. Mais à part l’exposition de quelques modestes tripes, ce Simetierre n’a manifestement aucune idée de comment s’y prendre pour décrocher le moindre frisson, et essaye à peine.

 

Simetierre : aux origines du Mal : photo, Isabella Star Lablanc, Forrest GoodluckTournesols et retourner le sol

 

DIS CAMION

Ce manque de direction donne un ton étrange (pas dans le bon sens du terme) au récit, qui ne choisit jamais entre fantastique et gore poisseux. Le roman de Stephen King n’hésite pas à flatter les deux styles, cela dit, mais en additionnant cimetière hanté et légendes natives américaines ainsi que petits zombies et moult détails sanguinolents, il y avait du spectacle.

Ici, le pouvoir surnaturel du cimetière et de ses alentours est vaguement évoqué à travers les dialogues, mais jamais mis en scène. Pas de manifestations fantastiques fleurant bon le Wendigo ou de promenades nocturnes paranoïaques : seulement quelques semi-morts-vivants avec la peau qui pèle un peu trop et qui s’énervent.

 

Simetierre : aux origines du Mal : photo, Jackson WhiteUn Jackson pas tout White

 

Pour compenser son manque de matière et de parenté solide avec l’œuvre originale et le film de 2019, ce Simetierre tente tout de même un petit quelque chose : l'abus de plans soudains sur des camions roulant à toute allure sur la route près du village, comme pour annoncer sans cesse le terrible accident de l’histoire de base. Seul semblant de parti pris narratif du film, il est néanmoins mis en scène avec tellement de grossièreté qu’il aurait mieux valu s'en passer.

 

Simetierre : aux origines du Mal : photo, Pam GrierUn bon résumé de toute l'action présente dans le film

 

LES REVENANTS

Finalement, les seuls revenants du film qui valent presque le coup, ce sont les anciennes gloires à la carrière essoufflée qui ont eu le malheur de s’échouer sur les rivages de ce gentil navet. En première ligne : David Duchovny qui, malgré quelques choix de carrière intéressants ces dernières années et un retour bienvenu dans la troisième saison de Twin Peaks, a tendance à se rabattre sur des propositions moins solides. Avec un personnage aussi transparent que les autres, ici, il n’a malheureusement rien à mettre sous la dent.

 

Simetierre : aux origines du Mal : photo, David DuchovnyAux frontières du réel

 

Il en va de même pour l’icône des années 70, Pam Grier, qui, comme ses confrères, fait tout juste office de guest star au rabais. Le spectateur est partagé entre le plaisir de revoir ces visages et la déception de les voir contraints dans un film aussi anecdotique qui ne saurait rendre justice à leur talent. Cela vaut aussi pour Henry Thomas, le fameux héros de E.T. que l’on retrouve désormais régulièrement dans les séries Netflix de Mike Flanagan.

Qu’allaient-ils faire dans cette galère ? C’est la vraie surprise de Pet Sematary : Bloodlines (titre original anglais du film) qui, malgré la pauvreté générale de son entreprise et de ses ambitions, dégaine les stars déchues comme des Pokémons. Malheureusement, le film n'a pas la décence d’offrir un véritable espace à ses invités de marque, et ne parvient pas à s’enrichir de leur présence. Un beau gâchis, quoi.

Simetierre : aux origines du Mal est disponible sur Paramount + depuis le 7 octobre 2023 en France

 

 

Simetierre : aux origines du Mal : Affiche française

Résumé

Pas le pire des navets, grâce à une image soignée et à la présence d'acteurs surqualifiés pour le job, mais bien un navet quand même. La faute à une écriture inexistante et une incapacité à produire de la véritable horreur.

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(1.4)

Votre note ?

commentaires
Boddicker
10/10/2023 à 11:24

Ben vu le lacher de sphincter qu'était la bande annonce je ne comprends pas comment vous avez pu être surpris :)

Illyria
09/10/2023 à 20:42

Bonjour,
Comme vous, j'ai trouvé le premier tiers intéressant par une approche sérieuse.
Ayant eu la chance de voir le film de Mary Lambert au ciné, il est clair que nous sommes très loin de l'original et du sentiment horrible lorsqu'on est père du livre.
Avec un recul facile, je ne cracherai pas sur l'intégralité du film car comme tout film que l'on apprécie pas, il y a quand même une foule de gens talentieux qui ont bossé dessus.
Je ne serai pas aussi cool avec le scénario qui transforme le film en une chasse basique sur une trop grande partie du métrage. C'est dommage car j'ai vraiment le sentiment que l'on utilise encore une fois une histoire originale permettant des développements pour en faire un simple contenu de plate forme (Avis perso biens sûr !)
Bonne continuation à toute l'équipe !

Bigounet
09/10/2023 à 17:59

Le montage du film est horrible. Comme découpé a la hache ( l'attaque du chien)

Max04
08/10/2023 à 13:50

L'adaptation de 2019 n'était pas mauvaise en soi, elle approfondissait même certains aspects du roman oubliés par M.Lambert pour son film. mais il lui manquait ce côté crasseux et anxiogène. Pour ce prequel au roman c'est un peu pareil. Bien filmé dans l'ensemble mais une histoire et une atmosphère inintéressante. Bien dommage

@tlantis
08/10/2023 à 11:27

Le remake es mauvais … je me suis dis pkoi pas mieux avec le casting et la votre crtitique me douche . Mais bon sa peux pas être pire que ces films dit d’horreurs qui cartonnent en ce moment et qui sont des films Moux et sans intérêt

jacksparrow
08/10/2023 à 06:23

Une bonne critique, qui ne donne pas envie de voir le film :D . Bon j'avais pas aimé le remake déjà.

votre commentaire