Shin Kamen Rider : critique facile d'accès sur Amazon

Marvin Montes | 25 juillet 2023 - MAJ : 25/07/2023 23:51
Marvin Montes | 25 juillet 2023 - MAJ : 25/07/2023 23:51

Après avoir revigoré deux places fortes de la pop culture japonaise avec Shin Ultraman et surtout Godzilla Resurgence (ou Shin Godzilla), Hideaki Anno s'attaque à l'un des plus grands héros locaux avec Shin Kamen RiderVous avez toujours rêvé de plonger dans l'univers des tokusatsus ? C'est peut-être bien le moment de tester l'essai gratuit d'Amazon Prime Video (où il est visible sous le nom Shin Masked Raider).

Shin Reboot

S'intéresser à un phénomène culturel d'aussi grande ampleur que le tokusatsu en 2023, sans bénéficier d'une très solide expérience du genre, peut rapidement confiner à une sensation de vertige plutôt intimidante. Apposé sur de nombreuses productions usant des effets spéciaux dans la foulée du Godzilla de Ishiro Honda sorti en 1954, le terme tokusatsu devient un genre, portant en son sein de nombreuses itérations destinées aussi bien aux grands qu'aux petits écrans.

La licence qui nous intéresse aujourd'hui, Kamen Rider, appartient à la grande famille des Henshin Hero. En d'autres termes, comprenez qu'il s'agit de fictions mettant en avant des super-héros se transformant pour atteindre leur plein potentiel. En occident, c'est un autre type de héros japonais, celui des Super Sentai, qui effectue une percée à partir des années 80 avec Bioman puis Power Rangers, qui mélange des images directement tirées de divers shows japonais à des intrigues tournées sur le sol américain.

 

Shin Kamen Rider : photoLe passé Vs le présent.

 

Toute la problématique de ce reboot intitulé Shin Kamen Rider se situait donc dans sa capacité à unir un public de connaisseurs pointus et amoureux du genre à celui des profanes, parfois réticents, voire moqueurs, à l'encontre de l'animation en volume et du surréalisme radical propre au tokusatsu. Après l'exploit Shin Godzilla, qui dotait la franchise au colossal lézard de l'un de ses tout meilleurs films, le brillant Hideaki Anno (également créateur de la légendaire série Neon Genesis Evangelion) pourrait-il réitérer la performance en s'emparant de la mythologie de l'homme sauterelle ?

Petite précision avant d'aller plus loin : sur Amazon Prime, Shin Kamen Rider est présent au catalogue sous la dénomination de Shin Masked Rider, reprenant ainsi le nom de l'adaptation américaine des années 90, au ton résolument plus léger et à l'intrigue drastiquement différente. Pas vraiment nécessaire.

 

Shin Kamen Rider : photoUn bon design, ça fait beaucoup de choses.

 

Sauterelle et moi

Adaptation directe (mais libre) de la première série Kamen Rider, diffusée à la télévision japonaise de 1971 à 1973, simultanément à la parution du manga (le cross-média avant l'heure), Shin Kamen Rider narre le combat de Hongo Takeshi, cyborg mi-humain mi-sauterelle, face à l'organisation maléfique Shocker et ses hybrides surpuissants. Dissipons tout de suite un éventuel malentendu : le long-métrage d'Anno est un véritable reboot et s'aborde parfaitement en tant qu'oeuvre indépendante.

Bien que nourri de l'aura de la série originale, Shin Kamen Rider est avant tout un pur film d'Hideaki Anno, qui place dès son introduction les germes de ses thématiques habituelles. Comme dans Evangelion, le réalisateur axe son propos autour de l'existentialisme et de la santé mentale, au travers de la figure du Kamen Rider, campé ici par l'excellent Sosuke Ikematsu. Naturellement empathique et bienveillant, Hongo devient un tueur sans pitié dès lors qu'il revêt son masque, et c'est au travers de ses choix et du bien-fondé de ses actes qu'il pourra s'affirmer en véritable héros.

 

Shin Kamen Rider : photoLe masque de la bienveillance.

 

Shin bagarre

Hideaki Anno fait finalement le choix de se baser sur des enjeux simples et majoritairement intimistes, en prenant le temps de caractériser l'ensemble de ses personnages, tous existants réellement au travers du film. Reposant sur une structure relativement didactique (sans jamais en pâtir), Shin Kamen Rider ne se refuse jamais à quelques respirations promptes à replacer les enjeux du récit entre deux affrontements.

Car finalement, s'il est bien un domaine ou cette nouvelle version du Kamen raider est attendue, c'est évidemment celui des combats. Et nous affirmerons sans faillir qu'il s'agit ici d'une réussite totale. Incroyablement généreux, Shin Kamen Rider puise dans les fondations du tokusatsu pour construire ses joutes autour d'un ludisme et d'une direction artistique impériale.

 

Shin Kamen Rider : photoOn veut tous faire la même chose.

 

Flirtant sans cesse avec les limites du grotesque propres à ses héros en costumes, Anno s'empare du surréalisme total du tokusatsu pour en faire un élément de mise en scène imparable.

Affranchi de toute volonté de photo-réalisme ou même de crédibilité, Shin Kamen Rider se fait le théâtre d'une suite d'affrontements épiques (les combats contre l'araignée ou à moto face aux multiples Riders atteignent des sommets), rehaussée par un découpage totalement fou qui laisse travellings circulaires, plan en vue subjective et crashs zooms se succéder dans la plus grande décontraction. 

Shin Kamen Rider est disponible, sous la dénomination Shin Masked Rider, sur Amazon Prime Video depuis le 21 juillet 2023.

 

Shin Kamen Rider : Affiche officielle

Résumé

Aussi spectaculaire qu'intime, le long-métrage d'Hideaki Anno tient finalement son pari, en unissant une relecture actuelle et largement satisfaisante du héros légendaire et un spectacle démentiel apte à enthousiasmer les plus curieux. Il est sûrement temps de tenter l'expérience.

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(2.3)

Votre note ?

commentaires
Tuco
23/08/2023 à 14:45

Je l'ai lancé avec curiosité et optimisme, j'ai tenu 15 minutes.

Rico 74
31/07/2023 à 21:06

4 etoiles pour ça!!! Je le trouve nul. Les effets sont moches, les costumes bon pour le carnaval, les bagarres style power rangers risibles...bref...

Fenriss
27/07/2023 à 09:12

La vache, je ne sais pas ce que vous avez fumé avant de faire cette critique mais ça devait être de la bonne. A moins d'être fan de Tokusatsu ou de Kamen Rider, ce film n'a aucun intérêt. C'est kitch au possible, les effets sont moche et l'histoire naze (sans parler du fait qu'il n'y a absolument aucun attachement aux personnages). Je me suis forcé à regarder jusqu'au bout au vu de votre critique dithyrambique mais quel enfer, je crois que j'aurais préféré me remater 'l’intégrale France Five, au moins je me serais marré un peu. Contrairement à votre conclusion, il faut être beaucoup plus que "curieux" et le spectacle n'a rien de démentiel. Tant mieux pour ceux qui aiment, mais prévenez quoi.

Altaïr Demantia
26/07/2023 à 21:01

@Cidjay

Ces films sont d'abord destinés au marché nippon pour qui les Gojira, Ultraman et autres Kamen riders sont des références pop incoutournables, un pan entier de la culture japonaise. C'est d'ailleurs vraiment évident quand on voit à quel point les remakes de Anno ne font rien pour être "occidental-friendly".

J'ai beaucoup aimé son Shin Gojira mais beaucoup moins ce Shin Kamen rider. Peut-être parce que je n'apprécie pas ce genre. Je suis par contre très fan des séquences de transformations dans les versions plus récentes.

Ce que j'apprécie dans ce travail de revisite des originaux par Anno c'est à quel point c'est premier degré et assumé. C'est l'exact inverse de Marvel et DC qui n'assument rien de ce qu'ils mettent à l'écran en prenant de la distance avec le matériel d'origine. Ça donne des costumes qui n'ont plus rien à voir avec ceux des comics et des blagues débiles pour dédramatiser le moindre enjeux.

Le fait d'assumer au contraire le kitsh des films et séries d'origine, de mélanger effets spéciaux numériques, maquettes et maquillages à "l'ancienne" donne des oeuvres finales vraiment intéressantes et singulières.

Si je n'apprécie pas ce Shin Kamen rider, j'apprécie vraiment le travail sincère d'Anno et son respect pour les fans de ces films et séries.

Judex6
26/07/2023 à 18:14

Un de sproblèmes du film :

SHOCKER, dans son incarnation Tv comme la version des deux films reboot des années 2000, est une organisation criminelle internationale dirigée par un mystérieux GREAT LEADER qui, a chaque fois vaincu, reviendra (car il s'averera que c'est à chaque fois un double que le rider de la série titre a vaincu et detruit) dans les series suivantes avec une nouvelle oranisation.
Dans la série, excepté les 13 premiers épisodes où le Leader dirige seul, ce dernier fait appel à des généraux pour diriger les opérations, l'un remplaçant l'autre une fois vaincu.
Les cyborgs de SHOCKER agissent tous sous les ordre du Leader sans discuter (via un lavage de cerveau qu'ils ont subi) et n'ont pas de plan propre à exécuter autre que celui donné par le Great Leader.


Ce film évacue le concept du Great Leader .... Il y en a un, un ordinateur, qui envoie un agent robotique surveiller les agents ou plutôt voir ce qu'ils ont décidé de faire mais se fout éperdument de l'organisation dont le vrai fondateur est ici mort... En fait, on se demande s'l y a eu lavage de cerveau vu que les cyborgs sont libres de concocter les plans a la con qu'ils veulent pour assurer leur bonheur (et non la conquête du monde SHOCKER alors que c'est le but dans la série)...

Cette absence du GREAT LEADER pèse un peu : chaque "agent" même les plus gros pontes étant libres d'imaginer le plan à la con qu'il leur sied sans en parler aux autres et ne se succédant pas pour un plan magistral menant la conquête du Japon (un plan unique qui nécessiterait de combattre moults agents), on l'impression que le film est découpé en arcs narratifs qui ne se suivent pas, comme si on assistait a un collage d'épisodes de la série et ces plans multiples seul dans son coin pour chaque "agent" ne donne pas l'impression qu'on a affaire à une organisation vu que personne ne s'est organisé entre eux mais uniquement pour soi-même !

Visiblement, Anno sent le problème et tente de le corrigersur la deuxième heure avec une menace plus sérieuse de la part de SHOCKER... un agent plus haut gradé qui va faire des siennes avec des agents cyborgs.

Notons aussi que dans la série, la fille du Dr Midorikawa pense que Takeshi Hongo est le meurtrier de son père suite à un quiproquo qui le laisse paraître et voudra le tuer pendant au moins 13 épisodes avant de comprendre son erreur (ce qui fait deux adversaire à combattre pour Takeshi : les Shockers (pour le rider en tant que tel) et Mlle Midorikawa (pour la forme humaine du rider). Ici, son père, elle s'en branle et elle n'accuse en rien le héros de sa mort.

Notons que l'arrivee du second Rider dans la série TV est due a un accident de tournage de l'acteur, Hiroshi Fujioka, incarnant a l'epoque le premier Rider, un accident de moto lors d'une cascade durant lequel il s'est cassé la jambe et ne pouvait plus tourner. Il fallait embaucher un autre acteur mais plutot que lui donner le rôle, on en a créé un nouveau au cas où l'ancien acteur reprendrait du service (ce qu'il finira par faire).Du coup, Ishinomori a dû rajouter le second rider aussi dans le manga en remplacement du premier pour que les fans de la série TV s'y retrouvent même si le manga raconte autre chose...

Kamen Rider à duré 98 épisodes (et deux moyen métrages s'inscrivant dans l'intrigue sortis au cinéma ce qui donne le 100 symbolique) avant de céder sa place à Kamen Rider V3 qui es est la suite directe. Le film d'Hideaki Anno se base TREEES librement sur les 14 premiers épisodes (ce qui était aussi le cas du reboot precedent) KAMEN RIDER THE FIRST.

Enfin, il faut savoir que dans les annees 70, Taiwan produisit des remakes locaux de la série (en integrant des scenes des films avec des scenes tournés avec des acteurs locaux pour compléter). La première série fut ainsi remakée en un film d'1 h 30 absolument nanardesque sorti au cinéma sous le nom de Super Riders ou les Super Riders contre le diable (la version DVD dure 1 h 10, les scenes coupées du film, non restaurées, etant valables qu'en bonus) avec un doublage absolument nul et hilarant (le film est chroniqué dans la chronique de Nanarland)... Kamen Rider 1ere série n'est donc pas totalement inconnu sous nos contrees et encore moins au cinéma !

Cidjay
26/07/2023 à 13:56

Perso, je n'ai jamais été fan de ce genre de proposition (à part quand j'étais enfant).
Le terme le plus approprié pour ce genre de spectacle serait "kitsch".
Même si je connais la renommée de la série des "Kamen Rider" ou celle des "Ultraman"
j'avoues que ces films sont vraiment destinés à un public de niche qui saura apprécier ses codes de réalisation (des codes du cinéma Japonais, avec tout ce que cela implique comme, longueur, non-dits (surtout chez Hanno) et exubérances visuelles tant dans les effets que les cotumes.

et Autant j'avais adoré Evangelion quand j'étais pré-ado (normal, c'était nouveau, avec des thématiques très adultes et un super design) autant ma vison d'adulte sur un second visionnage de la série m'a fait comprendre à quel point cette série était vide de sens et bien trop sujette à une interprétation personnelle, ce qui me laisse à penser qu'Hideaki Anno n'avait pas grand chose de sérieux à raconter.
C'est mou, c'est long, c'est chiant, les personnages sont quasimment tous antipathiques, y'a pas beaucoup d'animation, le montage est incompréhensible.
Bref, Evangelion est passé d'une de mes séries d'enfance préférée à un mauvais souvenir.
Je lui préfère même les films, qui pourtant souffrent des mêmes défauts.

Coucouhibou
25/07/2023 à 17:01

Je ne connais que le manga, qui lui pour le coup est incroyable, brasse des thématiques sérieuses et se permet même des instants tragiques auxquels on ne s'attend pas du tout. Et le dessin de Shotaro Ishinomori est un énorme plus. Quel talent !

Metuxla
25/07/2023 à 16:46

j'ai tenu 20 minutes. bon je retente

votre commentaire