The Mother : critique d'une daube Netflix avec Jennifer Lopez

Geoffrey Crété | 12 mai 2023 - MAJ : 13/05/2023 12:10
Geoffrey Crété | 12 mai 2023 - MAJ : 13/05/2023 12:10

Jennifer Lopez est The Mother alias La-Super-Maman-Action-Woman dans le film Netflix réalisé par Niki Caro (Paï, Mulan). L'histoire est générique (une super-soldate doit protéger sa fille perdue), puisque ce n'est qu'un prétexte pour un énième film d'action. Joseph Fiennes et Gael García Bernal sont également de la partie, et on espère que tout le monde a touché un joli chèque parce que sinon, impossible de comprendre ce qu'ils foutent là. Et nous non plus (sauf pour écrire la critique, parce qu'on est payé pour ça).

mommy from the block

On le connaît bien le refrain de la figure maternelle dure à cuire, qui casse les tibias et jongle avec les guns. Rien que ces dernières années : Kate (Mary Elizabeth Winstead en tueuse qui protège la fille d'une de ses victimes), Proud Mary (Taraji P. Henson en tueuse qui protège la fille d'une de ses victimes), Bloody Milkshake (Karen Gillan en tueuse qui protège la fille d'une de ses victimes), Kill Bok-soon (Do-Yeon Jeon en tueuse qui a un enfant), Peppermint (Jennifer Garner qui venge la mort de sa famille), Everly (Salma Hayek en call girl badass qui protège sa fille)... *liste non exhaustive mais rire nerveux garanti*

The Mother ajoute une ligne dans cette page Wikipedia de féminisme à deux balles, où les films ressemblent plus à des véhicules pour actrice qu'autre chose. Jennifer Lopez (évidemment productrice) est donc là du début à la fin, prenant la pose dès l'intro du film qui pourrait tout aussi bien être celle d'un de ses clips. Jenny From the Block joue The Mother From the Algorithm, qui n'a pas de nom puisque c'est une fonction : la Mère, la Soldate, la Femme, l'Héroïne, la Star.

Super-maman est une super-sniper qui a eu la super mauvaise idée de suivre deux vilains, incarnés par les super-gachés Joseph Fiennes et Gael Garcia Bernal. Elle a couché avec les deux, est tombée enceinte, et se retourne contre eux. Le FBI lui enlève sa fille pour la protéger, mais douze ans après, elle doit sortir de sa tanière pour la sauver des griffes des méchants. Vous avez piqué une micro-sieste à la lecture de ce synopsis ? Préparez-vous à roupiller pendant 1h45, parce qu'il n'y a RIEN de plus.

 

 

allo maman dodo

Ne pas se fier au début du film, qui donne presque envie de croire à une petite série B solide notamment grâce à une certaine cruauté (une dizaine de cadavres et un coup de couteau dans le ventre). The Mother est bel et bien le descendant du téléfilm de deuxième partie de soirée, encore plus mal écrit qu'il n'est mis en scène, et avec une ambition inférieure aux 3/4 des pilotes de série.

C'en est presque drôle tellement le scénario signé Misha Green (Lovecraft Country), Andrea Berloff (Blood Father, N.W.A. - Straight Outta Compton) et Peter Craig (The Town, The Batman) sort toute la panoplie hollywoodienne du pire. Il y a le flashback explicatif pour lourdement montrer ce que le film ne sait pas raconter. Il y a non pas un mais deux méchants génériques, qui n'ont qu'une demi-page de dialogue pour exister. The Mother ose même confronter plusieurs fois son héroïne à une louve qui, elle aussi, ne cherche qu'à sauver sa progéniture. Le parallèle est même explicité dans les dialogues, au cas où quelqu'un aurait eu un AVC et n'aurait pas compris.

Le fait que l'identité du père ne soit ni un enjeu ni un sujet en dit sûrement beaucoup sur la connerie de l'entreprise. Même avec l'envie d'y croire, comme Pascal Praud qui résout le réchauffement climatique quand il y a du gel sur les pare-brises, The Mother devient vite une épreuve. Tout est simple et sans conséquence, puisque tout est réduit à une fonction. En d'autres termes : on se fout royalement de tout ce qui se passe.

 

The Mother : Photo Jennifer LopezÉcrire sans les mains

 

la mèreditude des choses

Tout le monde en a un peu marre des films "à la John Wick" (qui eux-mêmes sont "à la HK"). Mais The Mother rappelle qu'il y a bien pire en ce bas monde : les films "à la Taken 3", où une quinzaine de plans était nécessaire pour montrer Liam Neeson qui saute au-dessus d'une grille.

Le film d'action avec Jennifer Lopez ne touche pas ces sommets, mais c'est le même cercle des enfers. En plus de masquer dès que possible le visage de l'actrice-productrice pour arranger la présence d'une doublure (merci les casques et les capuches), sans même chercher à faire diversion, The Mother use et abuse des cuts dans les scènes d'action, évidemment surdécoupées.

Dans un bon film, c'est un style de mise en scène. Dans tous les autres, c'est une manière artificielle de dynamiser les scènes, en créant l'illusion d'action. Il faut voir Jennifer Lopez sauter depuis des escaliers sur une table (au moins six plans) pour se dire que The Mother a raté plusieurs marches au rayon action. Même les idées amusantes sont salopées par le montage et la mise en scène, comme cette simple cascade en motoneige où l'héroïne, dans les airs, tire sur un ennemi. Trop rapide, trop de plans, trop de cuts, pas assez de cinéma : c'est tout le film, résumé en deux secondes chrono.

 

The Mother : Photo Jennifer LopezMonter le film avec les pieds

 

Derrière la caméra, il y a Niki Caro. Révélée en 2003 avec Paï, récit initiatique sur une adolescente maorie, la réalisatrice s'est de toute évidence égarée depuis. Avant The Mother, il y a eu Mulan, remake-blockbuster Disney gentiment insipide qui semblait marquer le bout du chemin non-artistique. C'était sans compter sur l'usine Netflix, qui va un cran plus loin.

Comme dans tout bon film produit à la chaîne, The Mother a un réalisateur de seconde équipe, certainement chargé de toutes les scènes d'action pendant que Niki Caro gérait le reste. Ici, c'est Jeff Habberstad, dont le CV (Captain Marvel, Ant-Man 2, The Old Guard, After Earth) donne envie de fermer les yeux avec une pointe de glu. Ce détail explique en partie le sentiment de médiocrité ordinaire omniprésent à l'écran, qui relève moins d'un manque de savoir-faire que d'un je-m'en-foutisme industriel.

Toutefois, il faudrait être aveugle (ou invité sur CNews) pour imaginer que c'est le seul problème de The Mother. Le montage alterné entre le bouquet de la marié et le cascadeur dans les airs, l'utilisation d'Angel de Massive Attack, le cabotinage de Gael García Bernal ("D'ailleurs ma bite est dure rien qu'en y pensant") et certains effets de mise en scène en sont les preuves. Le fondu au noir final arrive si brutalement que tout le monde semble vouloir oublier ce film pour passer à autre chose, mais pas d'inquiétude : The Mother devrait sans effort disparaître dans le petit dépotoir de la SVoD.

 

The Mother : affiche

Résumé

Parfaitement bête, banal et basique, The Mother est une simple photocopie des 43 autres films sur une maman-badass-qui-protège-son-enfant. Oui, il y a pire, mais oui, on mérite mieux. Jennifer Lopez et Niki Caro aussi.

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Lecteurs

(3.5)

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commentaires
Aurélie
21/05/2023 à 14:44

@Sophinette : d'accord avec vous, j'ai trouvé ce thriller très bien, sans temps mort. Et de très beaux paysages de l'Alaska.

Anthony57
19/05/2023 à 12:33

Bof ! Ce film ne casse pas des briques, scénario déjà vu, du réchauffer et référence tout à fait bidon « … guerre civile en Côte d’Ivoire … pour des noix de cajou… » n’importe quoi c’est aberrant de sortir de telle absurdité.
Félicitations toutefois à JLO pour sa plastique, aussi bien conservée malgré les années.

Geoffrey Crété - Rédaction
17/05/2023 à 14:21

@Sophinette

Oui, effectivement, je suis jaloux de la beauté de Jennifer Lopez.
Sinon, autre théorie : j'ai trouvé ce film simplement nul. C'est un peu plus cohérent vu ce que j'ai écrit sur le talent de Jennifer Lopez actrice dans plusieurs articles (notamment U-Turn et Queens, disponible sur le site), sans avoir à parler de sa beauté d'ailleurs.

"Je vous trouve donc bien sévère mais la critique étant aisée et l'art difficile, je vous laisse essayer de faire aussi bien sinon mieux !"
Du coup, j'attends votre critique du film, pour juger si vous avez le "droit" de critiquer mon travail en proposant mieux ? Heureusement que le monde ne fonctionne pas ainsi, sinon autant cesser toute forme de débat.

Dans tous les cas, ravi si vous avez aimé le film.
Bien cordialement

Sophinette
17/05/2023 à 14:08

Vous êtes jaloux de la beauté de JLo ou quoi ? on pourrait presque se poser la question ! Sa capacité à tenir ce genre de rôle à presque 54 ans (même s'il y a des doublures pour les scènes les plus dangereuses, je vous l'accorde) force le respect.

J'ai beaucoup aimé ce film, idéal pour se détendre, les autres acteurs sont plutôt bons, l'histoire est certes revue et corrigée mais reste intéressante

Je vous trouve donc bien sévère mais la critique étant aisée et l'art difficile, je vous laisse essayer de faire aussi bien sinon mieux !
Bien cordialement

Geoffrey Crété - Rédaction
15/05/2023 à 23:10

@yannick 1

On refuse de hiérarchiser l'analyse, pour écrire 3 lignes sur ce qu'on aime pas, et 35 paragraphes sur ce qu'on aime. Notre travail, c'est d'analyser, argumenter, proposer des pistes de lecture et réflexion, en positif et négatif. Les deux sont importants, intéressants, enrichissants, pour nous et les gens qui nous lisent. Ne pas aimer et incendier en quelques lignes, c'est facile (ça s'appelle Twitter, j'ai envie de dire :) Tout "mérite" d'être analysé pour nous.

Et rassurez-vous, on met de côté plein de films et séries qu'on n'aime pas. Mais un site d'actu, ça doit parler d'actu. On trouve ça à la fois totalement logique, et parfaitement intéressant.

Sinon, on consacre chaque semaine du temps et de l'énergie à des œuvres qu'on aime, on fait au mieux, malgré une actu de plus en plus grosse, et des enjeux de plus en plus compliqués pour survivre sur Google et compagnie. Qu'une critique sur un "petit film" qu'on aime ce soit moins lue et commentée qu'un film Netflix comme ceci.... ça ne relève pas de notre pouvoir. Cette critique a par exemple été lue par 5 fois plus de gens que celle de Neptune Frost, qu'on tenait à défendre.

yannick
15/05/2023 à 16:57

@ Ecranlarge : ce qui m'a toujours étonné avec vous, c'est le temps et l'énergie que vous prenez pour faire la critique d'un film qui n'en mérite pas tant. Pour un film-algorithme si oubliable, ne faites même pas de critique, ou juste quelques lignes à la limite, et utilisez ce temps pour publier des analyses sur des oeuvres qui le méritent!
par contre, "comme Pascal Praud qui résout le réchauffement climatique quand il y a du gel sur les pare-brises", ça a fait ma journée!

Shakilou
15/05/2023 à 06:50

Alors, moi je ne suis pas du tout d'accord ! Ce film est incroyable ! C'est n'importe quoi vos critiques... et votre sites.

Pseudonaze
15/05/2023 à 06:23

Jlo: The Cell!

windom
14/05/2023 à 16:51

une seule scene a sauver Bambi et Panpan

Cote positive
13/05/2023 à 22:35

C'est lun des meilleurs film de JLO

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