Winnie the Pooh: Blood and Honey - critique d'un film laid comme un Pooh

Mathieu Jaborska | 9 avril 2023 - MAJ : 14/04/2023 14:08
Mathieu Jaborska | 9 avril 2023 - MAJ : 14/04/2023 14:08

Si vous cherchiez encore une preuve de la nocivité des réseaux sociaux, penchez-vous sur le cas de Winnie the Pooh: Blood and Honey, série Z opportuniste qui serait restée au stade de blague peu inspirée d'ado en pleine redescente si les internautes ne l'avaient pas relayée en masse. Résultat : dans le sillage de l'exploitation américaine et d'une projection événement en France dans le cadre de la Nuit Fantastique organisée par l'Absurde Séance, ESC édite la chose en steelbook Ultra HD (oui vous avez bien lu) le 19 juillet.

Domaine pudique

Les droits des écrits de l'auteur A.A Milnes sont tombés dans le domaine public en 2022. Quelques mois à peine après cette date fatidique, un petit malin du nom de Rhys Frake-Waterfield était déjà en train de tourner un slasher avec en tête d'affiche le célèbre ourson. À ceci près que Disney détient de son côté toujours les droits de son interprétation du personnage. Il a donc fallu abandonner pull rouge et toute autre référence à sa représentation la plus célèbre pour ne pas fâcher les avocats de Mickey, qu'on imagine autrement plus féroce qu'un boogeyman mutant.

Le choix fut donc fait de s'attarder sur le destin de Winnie et de ses amis, promus dangereux mutants et abandonnés par Christopher au moment de partir à la fac. Sans lui, la troupe s'affame et cède au cannibalisme, allant jusqu'à sacrifier l'animal le plus cher à mettre en scène, le pauvre Bourriquet. Traumatisés, ils développent une haine pour l'être humain. Alors quand Christopher revient dans la Foret des rêves bleus avec sa promise, ils ne vont pas se faire prier pour lui faire payer sa trahison. Un prologue absurde conté via une séquence d'animation rudimentaire.

 

Winnie the Pooh: Blood and Honey : photoAvec Xi Jinping dans le rôle éponyme

 

Et... c'est tout. C'est quelques semaines après la fin du tournage (10 jours à peine) que de premières images promotionnelles ont fait irruption sur le net... et ont amusé les internautes, au point de donner une visibilité inespérée à ce qui n'était alors qu'une série Z. Pris de court, Frake-Waterfield, producteur de films d'horreur à micro-budget derrière la bannière Jagged Edge, s'est empressé de terminer la post-production, histoire de surfer sur une notoriété virtuelle par définition éphémère.

À vrai dire, l'intérêt suscité est surtout à mettre au crédit du génie des équipes de la société Immortal Masks, bien connue et fondée par d'anciens artistes d'effets spéciaux (on vous conseille de jeter un coup d'oeil à leur site), laquelle a fourni les faciès monstrueux de Winnie et Porcinet, les deux principaux antagonistes. Tout juste peut-on souligner la finesse nasale de la personne ayant choisi de mettre en ligne l'image, devenue virale, du Jacuzzi cerné.

 

Winnie the Pooh: Blood and Honey : photo, Maya Kelly, Maya KellyMidjourney aurait fait mieux

 

Winnie the Poop

Pour le reste, Winnie the Pooh: Blood and Honey se contente péniblement du service minimum, l'équipe étant visiblement persuadée que les masques et le pitch suffisent à en faire un long-métrage regardable. Le réalisateur voudrait s'intercaler entre le cinéma d'épouvante et la parodie, sauf que les visages de Winnie et Porcinet sont dévoilés plein cadre dès la première scène d'horreur. L'unique cartouche du scénario étant grillée après quelques minutes, la mise en scène n'essaie même plus d'instaurer la moindre once de tension. Après tout, le spectateur a déjà payé. Quant au versant prétendument comique du film, on le cherche encore.

Peut-être s'agit-il des quelques effets gores, probablement améliorés grâce à la rallonge accordée par les financiers une fois le projet devenu la coqueluche des internets. Un rabotage grossier qui camoufle à peine la teneur amateur de certains effets, la palme revenant bien sûr à l'écrasement de tête, scène phare (c'est le cas de le dire) du film qu'on jurerait truquée par l'outil "étirer" de Paint. Inutile de préciser que la photographie, inspirée de l'atmosphère sylvestre des films Butcher, le sound design et la direction d'acteurs sont du même tonneau.

 

Winnie the Pooh: Blood and Honey : photo(insérer comparaison avec une franchise d'horreur aléatoire des années 2000)

 

Feignant jusqu'au bout, Blood and Honey déroule son massacre programmatique comme on écrit une notice de médicament et refuse même au pauvre hère qui se l'inflige (ou au rédacteur d'Ecran Large envoyé au charbon) une fin digne de ce nom. Un ultime doigt d'honneur de la part d'une production racoleuse qui n'en veut en réalité qu'à son argent.

D'ailleurs, comme tout coup d'éclat opportuniste, le film a fait des émules. Frake-Waterfield lui-même prépare un Peter Pan's Neverland Nightmare en tant que réalisateur, un Bambi: The Reckoning en tant que producteur et bien entendu un Winnie the Pooh : Blood and Honey 2. À peine découvert, le filon mérite déjà d'être condamné. 

 

Winnie the Pooh: Blood and Honey : affiche

Résumé

Les masques sont amusants. Le reste est à peu près aussi insignifiant qu'une fiente de Porcinet.

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Lecteurs

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commentaires
Jar Jar
16/03/2024 à 12:22

Ce film est une purge somnolente… Plutôt bon public et amateur de films d’horreur, quelle déception… L’idée de base de Winnie n’est pas mauvaise : utiliser un lore connu de tous pour en faire un film d’horreur. Cela s’est déjà vu en comics mais ici, on utilise Winnie pour dire de l’utiliser… D’ailleurs, attendez-vous à voir Winnie et Porcinet mais où sont les autres??? Aucun développement, la frustration du « pourquoi? » est entière. Même à la fin quand on attend quelque chose, bah rien du tout. Tout est raté : scénario, cohérence, jeu d’acteurs, costume (alors chapeau au pressing qui nettoie les vêtements de Winnie entre chaque scène #Cohérence), doublage VF (mais WTF), même l’intro est nulle… On me l’avait déconseillé mais j’ai voulu lui laisser une petite chance pour me faire mon idée mais c’est un grand NON! Il mérite le titre du plus mauvais film (amateur?) de 2023 et de la décennie à venir. D’ailleurs, les razzie Awards l’ont bien récompensé pour son amateurisme.
Et quoi? Un deuxième opus est en route? Mais qui va regarder ça… Le genre de film où les acteurs vont se battre toute leur carrière pour y dissocier leur nom

@tlantis
17/04/2023 à 00:48

Et il es ou le 4eme maître hiboux ? Ils en parle mais on le voie pas

@tlantis
16/04/2023 à 23:58

Bon ba ct nul… mais bon pas pire que certains autres films d’horreur avec un budget ridicule et une réal de mer…de donc je ne citerais pas le nom :)

Cidjay
13/04/2023 à 13:26

@Flessou : on se détend, t'inquiètes pas, on ne lui fera pas pire qu'une petite blague à ton leader suprême.

Clarence Sterlingue
11/04/2023 à 16:02

Quand j'ai vu le projet je me suis dit "Ah bah pourquoi pas, ça peut faire un slasher sympa" sans m'attendre à un super film. Mais là je le regarderais même pas, toutes les critiques sont unanimes, je veux pas perdre 2 heures de ma vie. D'ailleurs dans la même veine mais en littérature on a eu droit aux Contes Interdits qui reprenaient des personnages de contes (Blanche-Neige, Barbe Bleue...), ben j'ai pas kiffé non plus (beaucoup de violences sexuelles gratos notamment).

Flessou
10/04/2023 à 20:50

Déjà reprendre la blague pourrave sur xi jinping...
Pour une critique sur un navet qui plus est.
Qui est le plus terrible?
Le film ou le critiqueur payé pour nous saoulé de blague de vieux?
Allez tous vous couché.

Satan LaBitt
10/04/2023 à 10:39

des films nuls j'en ai vu, mais alors celui-là ... je n'ai même aps de mot pour décrire ce truc.

Kyle Reese
10/04/2023 à 10:07

Fallait s’y attendre. On prend un perso connu, on le transforme en personnage sanguinaire et voilà ça va faire marrer certains ados 5 secondes et puis au revoir. Aucun travail créatif intéressant derrière. De l’opportunisme, du recyclage, de la …m@red quoi. Qui veut vraiment aller voir ça ?

@tlantis
09/04/2023 à 19:56

Sans surprise , le problème est comme tjs les gens et leurs avis sur le net et les producteurs stupides .

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