47 Ronin : le Sabre de la vengeance - critique sauce samouraï sans Keanu Reeves

Clément Costa | 25 janvier 2023
Clément Costa | 25 janvier 2023

Pour commencer parfaitement l’année, le marché de la VOD nous offre 47 Ronin : le Sabre de la vengeance, suite spirituelle du chef-d’œuvre intemporel (enfin presque) 47 Ronin. Aux commandes du projet, le réalisateur Ron Yuan nous offre un magnifique accident industriel.

PERDU D’AVANCE

Dans l’histoire du cinéma, certains films relèvent du mystère le plus total. Des œuvres insensées qui luttent contre vents et marées ne serait-ce que pour voir le jour. De là à affirmer que 47 Ronin : le Sabre de la vengeance en fait partie, il n’y a qu’un pas que nous ne franchirons pas. Avouons tout de même qu’il y a une forme de poésie absurde dans le fait d’oser imaginer une suite à 47 Ronin, un des plus gros échecs de l’histoire du studio Universal.

Et si la simple genèse du projet va à l’encontre du bon sens, il y a tout de même une véritable cohérence dans la façon qu’a cette suite de constamment saboter toute chance de s’en sortir. Le seul vrai point fort du premier opus était son casting tenu par un Keanu Reeves toujours attachant malgré un jeu plus absent que le charisme de Chris Pratt. Bonne nouvelle, le Sabre de la vengeance a l’idée brillante de tout reprendre à zéro.

 

47 Ronin : le Sabre de la vengeance : photoCi-gît le bon sens parti trop tôt

 

L’intrigue se déroulant 300 ans après le film précédent, aucun personnage ne sera de retour pour ces nouvelles aventures. À vrai dire, les intrigues sont tellement éloignées qu’il n’est absolument pas nécessaire d’avoir vu le premier grand classique pour apprécier cette merveille à sa juste valeur. On en vient à se demander pourquoi reprendre le nom d’une licence dont personne ne se souvenait en premier lieu si l’idée était de s’en éloigner à ce point.

L’idée de confier la réalisation à Ron Yuan est un autre sabotage qui touche au génie. Rappelons que c’est à ce virtuose de la mise en scène que l’on doit le volet chinois de Step Up, film encore étudié à ce jour dans toutes les écoles de cinéma qui se respectent. Mais il a également œuvré en tant que coordinateur des cascades sur les brillants Joker (version Statham évidemment), Revenge City et Bad Country. Tout pour nous rassurer avant de lui confier un film d'action.

 

47 Ronin : le Sabre de la vengeance : photoFais le vide dans ton esprit, ça passera plus vite !

 

Comme on pouvait s’y attendre avec de tels choix, le résultat ressemble à un téléfilm fauché sans la moindre tentative de mise en scène. On pourrait bien saluer l’envie de copier la direction artistique de la saga John Wick si cela ne se limitait pas à rajouter des néons en espérant qu’un miracle esthétique se produise. Au final, on a déjà vu des films amateurs dont l’exécution formelle était largement plus solide.

Difficile de blâmer qui que ce soit en particulier pour ce qui est du casting. En effet, du premier rôle au dernier figurant, tout le monde semble participer au concours de qui fera le meilleur AVC à l’écran. Anna Akana n’est évidemment pas aidée par son personnage embarrassant. On aura cependant une pensée émue pour Mike Moh dont l’incarnation de Bruce Lee chez Tarantino faisait office de performance à Oscar en comparaison.

Le spectateur expert en productions bis saura évidemment apprécier les figurants en roue libre, les regards caméra et les passants interloqués. Mention spéciale cependant à ces trois danseurs qui semblent enfermés dans une boucle temporelle infernale le temps d’une séquence en boite de nuit. 47 Ronin : le Sabre de la vengeance se transforme alors en œuvre immensément engagée, qui milite pour les droits des PNJ au cinéma.

 

47 Ronin : le Sabre de la vengeance : photoSi tu exprimes encore une seule émotion, t'es viré !

 

POT POURRI

Lorsque la mise en chantier du film a été officiellement annoncée, Ron Yuan répétait à qui voulait l’entendre que son ambition était de mêler film d’action, arts martiaux, horreur et cyberpunk. Un superbe programme en somme. Par un concours de circonstances fascinant, il se trouve que le réalisateur n’arrive à maîtriser aucun de ces registres. À commencer par le cyberpunk qui se résume selon lui à quelques incrustations d’hologrammes sur fond de musique techno. Une sorte d’aperçu fascinant de ce que pourrait donner Blade Runner entre les mains d’un Uwe Boll.

Côté action et arts martiaux ça n’est pas forcément plus glorieux. On saluera tout de même la superbe séquence d’entraînement à la piscine qui offre au spectateur un cours d’aquagym complet. Et pour ce qui est des combats, il suffirait d’enlever les bruitages maladroits et les gerbes de sang numérique pour réaliser que 47 Ronin : le Sabre de la vengeance n’est pas plus violent qu’un épisode de Babar.

 

47 Ronin : le Sabre de la vengeance : photoDonc là ça va commencer à forcer un peu

 

Mais au-delà de ce mélange indigeste, le film semble avant tout jouer la carte de la ninjasploitation comme si rien n’avait changé depuis les années 80. Costumes en toc, techniques aléatoires et surtout des pépites de philosophie inoubliables. On pourrait notamment citer un monologue brillant sur l’art de déguster un ramen qui n’a rien à envier à American Ninja. Et autant se l’avouer, il y a un vrai plaisir régressif à observer ces comédiens mal déguisés arpenter les rues de Budapest en déblatérant sur les guerres ancestrales entre ninjas, samouraïs et sorciers.

Dernière pierre à l’édifice scénaristique en ruines, le film nous réchauffe une énième fois le schéma narratif de l’Élu devant accomplir une prophétie apocalyptique. Incapable de trouver à l’héroïne un autre trait de caractère que sa mission grandiose, Ron Yuan tente bien de faire passer la pilule avec un florilège d’humour méta. Rien n’y fait, le manque d’efficacité de l’entreprise force définitivement le respect.

47 Ronin : le Sabre de la vengeance est disponible en France depuis le 25 janvier 2023 en VOD et DVD

 

47 Ronin - Le Sabre de la vengeance : Affiche officielle

Résumé

Difficile de considérer 47 Ronin : le Sabre de la vengeance comme un véritable film professionnel tant le résultat est honteux à tous les niveaux. Reste tout de même un immense potentiel de plaisir même pas coupable pour les amateurs de nanars.

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Lecteurs

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commentaires
Flo
21/11/2023 à 13:01

Le premier film était tellement un « produit » que Universal a osé en faire une suite presque dix ans plus tard !?
Laquelle se révèle être l’inverse totale… toujours un produit, mais à petit budget, avec une histoire contemporaine à la Highlander, des acteurs discount, des chambres d’hôtel et des entrepôts vides, du sang oui mais numérique, de la magie pauvre, des répliques pauvres, de la caméra pauvre, Budapest… Bref toute la panoplie de la série B dtv, vite fait vite bazardée.
Mais aussi de bons artistes martiaux, dont des femmes bien photogéniques.
De la bonne bourrinade pas chère.

Geoffrey Crété - Rédaction
27/01/2023 à 00:58

@J'aimePasLesChauvesHein

Ok, au revoir ! Petit troll aveugle et froissé parti trop tôt.

Weezy
26/01/2023 à 23:30

@J'aimePasLesChauvesHein
Beau troll, les rédacteurs de EL sont comme tout le monde : il y a des films qu'ils apprécient, d'autres moins. Sous les critiques de La Famille Asada ou Tàr, vous allez leur reprocher de trop aimer le cinéma?

free spirit
26/01/2023 à 10:00

J'ai vu le Film ; et c'est vraiment très Nul !!! Celui avec Keanu Reeves est beaucoup mieux...

J'aimePasLesChauvesHein
25/01/2023 à 21:44

Je dégage votre site de mon fil d'actu.
Chaque fois que vous y apparaissez c'est toujours pour cracher sur tout ce qui vous passe sous le nez.
À croire que vous faites votre beurre sur des ragots.
J'espère au moins qu'entre deux torchons il vous arrive d'apprécier le cinéma.

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