L'École du Bien et du Mal : critique du Harry Potter raté de Netflix

Léo Martin | 19 octobre 2022 - MAJ : 19/10/2022 12:51
Léo Martin | 19 octobre 2022 - MAJ : 19/10/2022 12:51

Après la comédie romantique Last Christmas et le S.O.S. Fantômes de 2016, Paul Feig revient derrière la caméra pour nous jeter sous les yeux et sans vergogne sa nouvelle réalisation aux allures de film fantastique adolescent du début des années 2000. Nouvelle acquisition du catalogue NetflixL'École du Bien et du Mal est l'adaptation du roman du même nom et qui s'inspirait de la saga Harry Potter. La littérature jeunesse ainsi que le cinéma a depuis deux décennies tenté d'en reproduire le phénomène, toujours en vain. Alors qu'en est-il de cette nouvelle tentative, cette fois sur Netflix, de donner vie à un nouveau monde magique ?

Disney channel sur netflix

En vous lançant dans l’aventure de L’École du Bien et du Mal, sachez que les dix premières minutes seront décisives. Tel un examen d’entrée pour savoir si vous êtes apte ou non à survivre aux 2h30 qui vous attendent, la séquence d’introduction aura l’honnêteté de compiler tout ce à quoi vous pouvez vous attendre pour la suite. Il faut reconnaître ça au film : il jouera franc jeu dès le départ. Le récit s’installe en introduisant deux de ses personnages clés, tous deux interprétés par l’acteur le moins doué du film – et ce n’est pas un mince exploit – Kit Young

Un duel magique s’en suit et, s’il ne manque pas de bonne volonté, nous dévoile aussitôt à quoi nous avons affaire. On peut déjà décharger le film d’une responsabilité en moins ; celui-ci n’a clairement pas l’ambition d’être un long-métrage de cinéma et il est tout à fait à sa place sur le petit écran. La pauvreté assez choquante des effets spéciaux, la laideur embarrassante du maquillage ou même de la direction artistique en général nous évoquent instantanément de vagues réminiscences de téléfilms d'enfance. 

 

L'École du Bien et du Mal : Photo Sofia Wylie, Michelle Yeoh, Kerry WashingtonLe costumier était payé en visibilité de toute évidence

 

Comme si l’on était soudain transporté en 2006, un dimanche après-midi pluvieux sur Disney Channel (un souvenir qui parlera à quelques-uns), on est saisi d’une étrange nostalgie. Un sentiment qui ne nous quitte pas durant l’ensemble du film par ailleurs et qui sera peut-être l’une des rares raisons pour lesquelles on ne décrochera pas de l’écran. On se retrouve ainsi médusé par cette étrange régurgitation Des amours de sœurcières (l’âge d’or de Disney, on ne me fera pas dire le contraire) et recuisinée à la sauce La Chronique des Bridgerton.

Une fois que l’on a accepté cet état de fait, on ose alors croire que Paul Feig (et toute l’équipe du film) aura ensuite décidé d’assumer totalement l’impossibilité que quiconque puisse prendre au sérieux ce qu’il voit à l’écran. Le scénario tente pourtant de donner un corps dramatique et un premier degré au long-métrage. Se disputent alors différents tons du récit qui ne cohabitent pas entre eux et sabotent tous les partis pris du divertissement. Les enjeux sont tous tués par une inconsistance générale diégétique et par la désinvolture du casting (dans sa majorité) tandis que les tentatives de discours parodiques ou métanarratifs sur les contes de fées sont aussi contredites en permanence. Au final, on ne tire rien de rien.

 

L'École du Bien et du Mal : Photo Charlize TheronJe crois qu’on a perdu Charlize Theron pour de bon

 

Griff'on dort

Par manque d’identité et d’un univers original, le film se raccroche donc désespérément à ses classiques. Ainsi, L'Ecole du Bien et du Mal se prend non seulement pour un Harry Potter des temps modernes, mais se permet d’en plagier éhontément des fragments pour tenter d’en recréer artificiellement le charme. Mais comme le monstre de Frankenstein ne ressemblait pas à ce que son créateur avait en tête, le film n’a l’air de rien d’autre qu’un clone soporifique et très moche de mille autres pastiches de la saga de sorcellerie. 

Si les jeunes Sophie et Agatha sont des héroïnes plutôt attachantes, elles évoluent très difficilement dans ce Poudlard du pauvre où rien n’a de sens et rien ne va. Quelques interactions entre les étudiants fonctionnent à moitié – souvent gâché par des romances vaines – mais le bât blesse surtout du côté du corps professoral. Là où la galerie des enseignants d’Harry Potter était bourrée de personnages fascinants, notre présente école est entièrement occupée par des duplicata sans âme et sans hargne de Dolores Ombrage, incarnés par des actrices émérites, mais qui ont laissé leur talent à l'entrée du plateau de tournage.

 

L'École du Bien et du Mal : Photo Michelle YeohSi vous cherchiez le cours de métamorphose, c’est à côté

 

Alors on enchaîne les différentes séquences toutes tristement familières : les cours du garde-chasse (un genre d’Hagrid végétal), la scène du bal, les plantes carnivores inspirés des lutins de Cornouailles ou encore les dangers d’une Forêt interdite. Tout évoque l’œuvre de JK Rowling encore et encore et même la cinématographie des adaptations au cinéma. Dans une scène en particulier, le personnage de Charlize Theron confronte Sophie alors qu’elle est tentée par les ténèbres. Le tout est à l’identique à une séquence du sixième Harry Potter où le professeur Rogue s’adresse à Drago Malefoy dans un couloir éclairé de façon similaire. Étrange coïncidence. 

Les péripéties s’enchaînent donc sans aucun squelette et ne peuvent se reposer sur la magie de son monde puisque celui n’est aidé ni par son esthétique ni par son absence d’originalité. Ce ne sont pas non plus les liens opportunistes imaginés entre les étudiants et leurs légendaires parents (on parle du roi Arthur ou du Capitaine Crochet) qui sauvent de la banalité la mythologie du film. Le seul intérêt de cette infinie succession de micro-évènements se réduit vite à suivre les intrigues adolescentes de nos héroïnes, évoquant leur complicité et leur amitié, qui sont encore les éléments les plus touchants du long-métrage.

 

L'École du Bien et du Mal : Photo Sophia Anne CarusoLes malheurs de Sophie

 

Happily Ever After

Les jeunes Sophia Anne Caruso et Sofia Wylie sont sans doute les actrices les plus convaincantes du film et c'est déjà ça de gagné. Vu leur alchimie et leur touchante sincérité pour leurs personnages, on en voudrait presque au long-métrage de les séparer si vite et de ne pas entièrement construire son récit autour de leur relation plutôt que de se disperser constamment ailleurs. Là où Kerry Washington et Charlize Theron sont dans un constant surjeu insupportable, que Laurence Fishburne et Michelle Yeoh ne sont là que pour toucher leur chèque et que Kit Young n’existe que pour notre malheur, les deux jeunes femmes s’en tirent souvent honnêtement.

Elles ne sont néanmoins pas à la hauteur quand le film choisit d’en faire des tonnes et de tordre leurs personnalités de façon incohérentes afin de créer des enjeux dramatiques de dernières minutes. Mais lorsqu'elles doivent faire paraître des sentiments plus intimes – de la tendresse, de l’amitié, de l’empathie ou du chagrin –, elles arrivent toutes deux à toucher leur cible, permettant à L’École du Bien et du Mal de décrocher son principal bon point. 

 

L'École du Bien et du Mal : Sophia Anne Caruso, Sofia WylieHeureusement qu’elles sont là

 

Au final, L’École du Bien et du Mal n’est pas horrible lorsqu’il décide de parler de sororité, d’amour platonique ou d’amitié. Dommage que cela ne dure que trop peu de temps et qu’on en assassine tout l’attrait pour faire décoller cette fichue histoire vers sa dimension épique ratée. Trop condensé, trop long, le film nous donne cette désagréable impression qu’il aurait dû être une série – et que cette série n’aurait pas été bonne.

Le but était sans doute de construire le socle d’une grosse saga d’emblée et avec l’espoir d’en produire des suites (comme le laisse entendre la scène finale du film). Toutefois, après 2h30, on n’a absolument plus jamais envie d’en revoir davantage. On se contentera de la sympathique conclusion du film pour nous consoler du temps perdu, nous remémorant avec mélancolie le temps plus joyeusement sacrifié à Des amours de soeurcières, en 2006. 

L'Ecole du Bien et du Mal est disponible sur Netflix depuis le 19 octobre 2022

 

L'école du bien et du mal : Affiche officielle

Résumé

Clone malade et sans passion d'Harry Potter, L'École du Bien et du Mal standardise un peu plus une vision médiocre et futile de la fantasy tout en ne valant guère mieux qu'un téléfilm. Même si son tendre duo principal apporte un mince intérêt au film, il est malheureusement trop étouffé par la vanité de l'ensemble et une longueur aberrante. 

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commentaires
Kaazee
29/10/2022 à 12:04

L’article est à la hauteur du film : Nul à chier !
Bonne journée à tous.

Germaine
26/10/2022 à 23:16

Celui où celle qui a rédigé cet article n'a que ça à faire , je le/la trouve très sévère et sa critique n'est pas représentative de la mienne! Personnellement, j'ai trouvé l'histoire pas mal, je mets un 7/10 c'est un film que je recommande pour les passionnées de Disney, de magie et de contes pour enfants, il est vrai que j'ai pensé qu'il y a des similitudes avec HP mais même s'il y en avait, en quoi est-ce un problème, qui n'a pas aimé HP ? De plus, il s'agit d'une série de livre, il y aura probablement une suite en film toutefois seulement si le premier marche mais si des vagues de personnes montrent un tel niveau d'incompréhension et d'intolérance ça n'arrivera jamais. La personne qui a écrit cet article n'a pas inventé l'eau tiède je l'invite à lire la série de livre et je l'invite également à prendre des cours de théâtre et nous montrer ses talents puisqu'il/elle se permet de juger si un acteur est bon où pas je tiens à dire que l'acteur joue un rôle, qu'il suit un script et un metteur en scène. Voilà.

ananas
23/10/2022 à 19:26

Cette critique est horrible ! Ayant lu les livres avant le film, je la trouve totalement fausse.
L'auteur de cet article dit que beaucoup d'éléments ont été "copiés" d'HP mais c'est l'univers magique (les animaux fantastiques, les endroits mystérieux...! Le film s'est inspiré des livres de Soman Chainani et les livres sont comme ça !
Les décors, costumes sont incroyables et les acteurs jouent tous très bien ! Bien sûr, comparé aux livres, le film contient moins d'informations, de scènes et tout s'enchaîne plus vite mais c'est un film !
J'attends avec impatience la suite et et ne considère absolument pas que c'est un Harry Potter revisité !!

Joffrey
23/10/2022 à 17:10

Je suis venu pour les commentaires.
Je ne suis pas déçu.
Je pense qu'il y a une formule mathématique applicable entre le niveau d'appréciation du film et le QI de la personne... Je laisse le soin à chacun.e d'en définir la formule.

Samael83
22/10/2022 à 10:49

C’est qui l’abruti responsable de ce torchon? Rien ne vas jamais avec eux. Rien de constructif, rien de bien vrai surtout c’est à se demander si ils ont bien regardé le film. Eux et leurs article devraient être rayer de tout réseaux.

Flora XD
22/10/2022 à 09:17

C'est qui la souillarde qui a rédigé cette critique atroce ??? Je trouve ça dégueulasse de parler comme ça d'un film aussi bien foutu. Et je trouve ça aussi très hypocrite et révélateur de notre société. Dès qu'un film met en scène principalement des personnages féminins avec un esthétique un peu féminin, les critiques sont toujours plus violentes que si le focus était sur les personnages masculins avec un esthétique plus terne. C'est hallucinant ! Ce film est magnifique, rien que visuellement, les écoles, les décors, les vêtements hyper luxueux, les créatures que ce soit loup garous ou petites fées à dents de requins... on a pas vu un film comme ça depuis Harry Potter clairement ! Et pour moi, et surtout vu le superbe casting c'est clairement le nouveau Harry Potter, et j'espère et j'ai hâte qu'il y ait des suites car juste ce film là à envoyer du lourd. De toute évidence la personnage qui a écrit cette critique est soit un homme soit une femme négligée qui a horreur des choses féminine, mais dans tous les cas il n'y avait pas à être aussi virulent pour un film qui a clairement envoyé du lourd.


21/10/2022 à 23:00

Ce qui est navrant, c'est le côté girl power exacerbé. On a qd même un héros type, beau gosse avec son épée magique qui a une romance avec pas moins de 3 nanas mais qui ne fait rien ! C'est encore la gonzesse qui * spoiler* flingue le méchant avec la même épée ! l'auteur aurait pu au moins laissé ce rôle là au gars. non, tout est pour fille, même dans la forêt, il faut que ce soit elle encore qui sauve les miches du prince. C'est si dur que ça de faire un film qui met les deux genres sur un plan d 'égalité ? (*fin spoiler) ça me rappelle le navet sur Camelot High le mythe arthurien au lycée sur Disney channel. la Mary Sue locale prend tout le film et finit même par manier excalibur alors que la potiche masculine est à terre. ET ce, alors que le roman stipule l'inverse ! l'auteur a bien situé et donné un rôle à chacun; dame du lac pour la jeune fille et prince combattant/roi au jeu,homme.

Sue2powh
21/10/2022 à 19:00

Je suis d'accord que le film manque de cohérence et que les effets spéciaux font doucement sourire en 2022 mais delà à absolument tout comparer à Harry potter, c'est pour moi un non sens.
Déjà de basse la saga HP reprend les codes bien connus des sorciers en général qu'on trouve aussi dans les contes, donc c'est évident qu'on retrouvera des créatures, des forêts magique ou des bals. L'univers des contes est indissociable de celui des sorciers.
Personnellement je n'ai absolument pas pensé à HP (et pourtant je suis fan de la saga), j'y voyais tout ce qui fait un conte ni plus ni moins avec un côté kitsch qui permet de ne pas prendre trop au sérieux.
Ce film ne plaira pas à tout le monde mais pour moi c'est la promesse d'une suite qui cassera les codes des contes et j'ai envie de voir ça

Tranxen
21/10/2022 à 15:49

L'article ne parle pas du roman, mais du film, qu'on est censé pouvoir jugér sans avoir lu le roman (une séance de cinéma, c'est pas un exam', on est pas censé réviser avant). Le film et sa réalisation, le thème, font clairement écho à Harry Potter, d'où la comparaison (franchement ça saute aux yeux, et du coup c'est compliqué de pas se dire que c'est une version cheapos de HP. Evidemment, cela peut se débattre, Et, en l'occurrence l''auteur de l'article s'en explique, cite des passages des scènes, là où vous vous contentez d'être insultant.

Moi, c'est la faiblesse de votre argumentaire qui me saute aux yeux.

Franken
21/10/2022 à 10:30

Les Teletubbies sont bientôt de retour sur Netflix.
Visiblement, il y en a ici qui vont se régaler !

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