Choose or Die : critique qui a game over sur Netflix

Lucas Jacqui | 19 avril 2022
Lucas Jacqui | 19 avril 2022

Choose or Die a tout de ces productions Netflix faites pour alimenter son catalogue. Pour preuve, le casting est fait de la star de Sex Education Asa Butterfield, et de Iola Evans de The 100, dans un film où un jeu vidéo maudit torture ses victimes. Le tout est mis en scène par Toby Meakins, réalisateur de courts-métrages qui fait son premier long. Ce nouveau film d'horreur à concept est-il un nouveau produit sans âme de Netflix ou porte-t-il une intention qui le démarque ?

Hide and geek

La scène d'introduction passée, Choose or Die nous introduit un environnement de départ loin des vacances perturbées par la présence d'un tueur, ou d'une famille religieuse en collocation avec le Diable. Ici, le personnage principal incarné par Iola Evans habite dans un ghetto insalubre, exerçant un métier de Shadok dans un building sans âme et vivant auprès de sa mère toxico. Le film met en place son héroïne dans son monde, justifiant son envie d'en sortir. Car la réalité est une malédiction, ce que martèle le jeu autant qu'une touche dans un QTE, et tout ça justifie de lancer une partie pour espérer y échapper.

 

Choose or Die : photo, Asa Butterfield, Iola EvansP'tite game de LOL ?

 

Car si les héros jouent volontairement à Curs>r (le jeu du film), c'est parce qu'une forte somme d'argent récompensera celui qui terminera les seulement trois niveaux du jeu. À la différence que Curs>r n'a rien d'un Elden Ring puisqu'une fois lancé, le joueur est prisonnier des manipulations de la réalité du jeu et est forcé à la mutilation d'autres personnes, sous peine de mourir. Les autres subissent, vous gagnez. Choose or Die a donc un high concept plutôt intéressant qui puise ses idées chez Jumanji et Freddy Krueger, dont l’acteur Robert Englund fait un caméo vocal, soulignant la filiation indirecte entre le film Netflix et la franchise horrifique.

Cette cartouche et sa malédiction (ce n'est évidemment pas un jeu de PS4 mais un vieux jeu des années 80) appelle quantité de bonnes idées riches en symboliques auxquelles chaque film traitant du gaming est inévitablement associé. Avec Choose or Die, les allusions sont plus évidentes et soutenues par la réalisation de Toby Meakins. Le fait que le mal soit derrière chaque écran ou que le jeu vidéo soit une échappatoire à la réalité sont des thèmes qui reviennent à plusieurs reprises sans être assommants.

 

Choose or Die : photoUne victoire au goût amer

 

Nostalgeek

En faisant le choix d'incarner la malédiction dans un jeu vidéo, le film se doit de faire des références au média pour ses mises à mort. On a bien quelques idées très inspirées qui reprennent le concept de jeux rétro ou une scène à l'ambiance évoquant des survival horror comme Outlast. Cependant, ce sont des cas à part qui ne sont pas les plus gores, mais les plus pertinents vis à vis du postulat du film. Les autres exécutions paraissent être des plans chocs destinés aux bandes-annonces et font tache dans l'univers de Choose or Die, certaines étant même gâtées de choix artistiques étranges et d'une réalisation ridicule.

Cette prise de position qui a du mal à s'imposer démontre surtout l'envie du réalisateur, ou de Netflix, de vouloir titiller les gamers, tout en cherchant à attirer un plus large public. Trop peureux avec son concept qui n'est pas poussé au maximum dans ses références au gaming des années 80, le film ne sait pas faire de choix, ce qui est un brin ironique. L'esprit des eighties est surtout présent dans la bande son incroyable faite par Liam Howlett de The Prodigy.

 

Choose or Die : photoOne girl, one cup, nouvelle version

 

On ne peut qu'avoir un râle d'agacement en constatant que pour parler de jeux vidéo, les années 80 leurs sont associées. C'était déjà le cas avec Ready Player One, qui faisait plus de rappels aux années disco qu'aux jeux vidéo des dernières décennies, ou encore avec le remake de Jumanji, dont le jeu prenait la forme d'une cartouche. Les années 80 sont donc encore utilisées (et usées) pour faire appel à des vibes nostalgiques que des jeux plus récents ne peuvent vraisemblablement pas appeler.

Ce mélange de partis pris et cette impossibilité à se décider créent une révélation foutraque, voire guignolesque dans sa mise en scène. Malheureusement, elle ouvre sur le final qui se retrouve à jongler avec de bonnes idées mal exploitées (encore), qui utilisaient pourtant intelligemment l’arc de l’héroïne. Choose or Die se voit affublé d'une conclusion greffée d'un plot twist pas du tout amené dans le reste du film.

 

Choose or Die : photo, Iola Evans, Asa Butterfield"Oh non, on doit payer un DLC !"

 

la parlotte plus forte que l'horreur

Le genre de l'horreur dans lequel se range le film ne l'empêche pas de poser son décor et son personnage principal, quitte à forcer le trait par moments et à tomber dans le pathos. L'héroïne est bloquée dans une vie clairement pourrie que chaque plan et élément scénaristique viennent appuyer lourdement. Choose or Die se revendique donc plus du drame social horrifique à la manière des productions de Jordan Peel (Get Out, Us) mais ne le fait pas avec la même subtilité.

On peut quand même lui reconnaître des initiatives bien venues qui découlent de cette volonté de ne pas faire juste de l'horreur gore. Le scénario ne s'encombre pas d'une poignée de personnages inutiles et clichés destinés à mourir. Ainsi, l’histoire en est moins prévisible et plus palpitante car ce sont les relations très proches de l’héroïne qui seront touchées par la malédiction. On sent d'ailleurs les acteurs et actrices impliqués dans leurs personnages, Eddie Marsan et Iola Evans en tête, Asa Butterfield étant cantonné au rôle du geek dans sa caverne.

 

Choose or Die : photo, Asa ButterfieldLe geek Ctrl+V

 

Cette envie de faire un drame coince cependant la narration entre son horreur violente et le développement de ses personnages, ces derniers prenant le temps de parler et de se réconforter de l'épouvante qu'ils viennent de traverser. Au final, ils encaissent plutôt bien la torture psychologique du jeu et, s'ils ne sont pas complètement détachés de ce qu'ils viennent de voir, c'est en se répétant que "ce n'est pas réel" (ce qui est vrai par moments) qu'ils tiennent le coup. La cohérence et l’impact horrifique du film sont désamorcés, nous laissant avec des protagonistes motivés mais rarement terrorisés.

Choose or Die manque d'un parti pris assumé jusque dans sa mise en scène de l'horreur. Toby Meakins montre des automutilations violentes, mais pas toujours, s'attardant plus sur l'aspect thriller du film. Comme partagé entre deux notes d'intentions, Choose or Die devient l'ébauche de deux idées, le rendant incomplet.

Choose or Die est disponible sur Netflix depuis le 15 avril 2022.

 

Choose or Die : Affiche officielle

Résumé

L'envie de faire un film d'horreur qui sort des clichés, aidé par une proposition de départ intéressante, fait de Choose or Die une déception où plusieurs envies se tirent la couette, nous laissant avec l'image d'un énième brouillon estampillé Netflix.

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Lecteurs

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commentaires
Matrox
20/04/2022 à 18:48

Vu et revu


20/04/2022 à 04:04

Le titre est affligeant, c'est du niveau du "tu hors de ma vue". Que vous mettiez de l'anglais dans votre titre pour un effet, ok, mais il faut que cela conserve du sens au niveau syntaxique, surtout de la part de quelqu'un sensé être journaliste....

Kukuma
19/04/2022 à 20:48

Une daube

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