Uncharted : critique aux manettes

Simon Riaux | 7 octobre 2022 - MAJ : 17/10/2022 18:12
Simon Riaux | 7 octobre 2022 - MAJ : 17/10/2022 18:12

Après une production tumultueuse, Uncharted, adaptation d'une saga vidéoludique amoureuse du cinéma d'aventure, débarque dans les salles, portée par Tom Holland et Mark Wahlberg.

SI T'ES PERDU

Dans un ciel azuréen apparaît un pendentif voletant... à la verticale. Une pirouette de caméra numérique plus tard et nous découvrons Nathan Drake inconscient, accroché à la cargaison d’un avion en plein vol, sur le point de découvrir les aspects les moins reluisants de la gravité. Ni une ni deux, il retrouve un semblant d’équilibre et tente de rejoindre la carlingue de l’aéroplane. Quelques bris d’os plus tard, nous reprenons l’aventure quelque temps plus tôt, avant que notre héros ne se lance dans une quête effrénée de trésor perdu.

 

 

Les joueurs auront reconnu là un mélange de la légendaire ouverture d’Uncharted 2 : Among Thieves, où un Nate nonchalamment endormi se trouvait en fâcheuse posture, à bord d’un train sur le point de dévaler le flanc d’une montagne. Un point de départ mélangé à l’iconique morceau de bravoure du troisième opus, au cours duquel il se retrouvait arraché d’un avion en plein vol. Récupérer, recycler, mélanger, voici donc les trois principes de cette adaptation, l’équation qui fonde sa relative force, et quelques-unes de ses relatives faiblesses.

 

 

Pour les connaisseurs de l’oeuvre originale, il semblera évident dès ces premières minutes que l’industrie hollywoodienne a tiré de manière générale les leçons de la stratégie Disney en matière d’approche de licences issues de la pop-culture. En surface, toute la grammaire des jeux est présente. De la texture des costumes, en passant par la photo, jusqu’à certains angles de vue, sans oublier quelques accessoires, on sent la volonté par endroits scrupuleuse de restituer les codes d’un modèle aux millions d’amateurs.

 

Uncharted : photoÇa glisse au pays des merveilles

 

LE GLANDEUR DES PETITS DÉBUTS 

Pour ce qui est de transposer intelligemment Uncharted au cinéma, c’est néanmoins une autre paire de manches, dont on se dit que le réalisateur Ruben Fleischer et ses trois scénaristes ne se sont pas inquiétés outre-mesure. En témoigne le choix de Tom Holland (opportun par bien des aspects) qui, vingt bonnes années le séparant de son moule vidéoludique, aurait nécessité de conséquentes réécritures. Il n’en est rien, et le jeunot traverse son épopée en décochant vannes et bons mots typiques d’un vieux briscard revenu de tout, ce qu’il n’est manifestement pas. 

Ce problème d’écriture touche encore plus durement les autres personnages, dont aucun ne paraît avoir été sérieusement caractérisé. Quels sont les motifs, les dilemmes de Sully ? Bien malin qui saura le dire ? Pourquoi le méchant est-il méchant ? Quels sont les enjeux qui motivent les innombrables trahisons des uns et des autres ? On ne le saura jamais, et il faudra se contenter d’un festival de punchlines émaillé de tirades pénétrées quant au sens de la vie pour feindre de croire que tout ce petit monde a plus d’épaisseur que les cavités nasales d’un cocaïnomane. 

 

Uncharted : photo, Mark Wahlberg, Tom Holland"Elles sont vraiment pas pratiques ces lunettes pour aventurier"

 

Il est entendu que les chasseurs de trésors aiment bien les trésors, et les transactions pécuniaires qui les accompagne, mais l’héritier d’Indiana Jones et de Lara Croft a toujours pris soin d’enrober ses quêtes de pesos de cités perdues, d’énigmes faisant du pied à la culture populaire, qui résonnaient toujours avec le parcours émotionnel de Nate au sein d’un épisode donné. Cette part est malheureusement réduite à sa part congrue, tant l’intrigue ne laisse aucun espace à un sincère émerveillement, mais rappelle toutes les 10 minutes combien de milliards nos héros pourraient tirer du butin qu’ils convoitent. 

La conséquence la plus immédiate de cet angle mort mythologique, c’est la présence continue et permanente de l’humanité mordant les mollets de notre héros. Certes, les jeux le voyaient défaire des hordes d’ennemis surarmés, mais ces confrontations étaient espacées de longues séquences d’exploration et de grimpette, au cours desquelles la caméra ne manquait jamais d’engendrer de saisissants effets d’immensité, via de solitaires vertiges. Sur grand écran, on croise désormais des tombeaux piégés... transformés en speakeasy électro pour étudiants aux muqueuses en folie. 

 

Uncharted : photo, Antonio BanderasEncore un scénario écrit en émojis !

 

SULLY VANNE

Certes, Uncharted singe son modèle plus qu’il ne le revisite ou se l’approprie, mais demeure néanmoins, par rapport au standard de notre époque, un blockbuster plaisant. Ses personnages n’existent jamais tout à fait, mais leurs interprètes s’en donnent à cœur joie.

Tom Holland traverse l’entreprise avec le mélange de malice et de décontraction qu’on lui connaît, allié à des aptitudes physiques qui l’autorisent à reproduire la gestuelle (mais surtout les spectaculaires gamelles) de Drake. Et de bastons aériennes en cascades suspendues, jusqu’à des envolées de parkour madrilène bienvenues, il excelle presque systématiquement. Même constat du côté de Wahlberg qui n’est jamais meilleur que quand il peut jouer les coqs au grand cœur. 

Le duo compose avec facilité un duo qui n’a plus rien à voir avec les jeux, mais fonctionne instantanément. Leur interprétation vive s’accorde fort bien avec le tempo du film. S’étalant sur moins de deux heures, le blockbuster esquive ainsi le rythme lénifiant d’une bonne partie de ses concurrents, souvent plus généreux en tunnels de dialogue qu’en spectacle pur. Les situations s’enchaînent, sans surprise ni twist audacieux, mais parviennent à structurer un divertissement tonique, presque enlevé par instants, quand elles revisitent de manière ludique leur source d'inspiration. Quant à l’action, sa conception autorise un sincère plaisir, trop timoré sans doute, mais bien présent.

 

Uncharted : photo"On a réussi à décoller juste avant que Dwayne Johnson ne me réclame sa chemise"

 

Probablement tenu par le cahier des charges plastique issu de l’univers de Naughy Dog, Ruben Fleischer (coupable de Venom, Gangster Squad ou encore Retour à Zombieland) n'a pas pu mettre en oeuvre toute sa capacité de nuisance, et excepté une joute à l’arme blanche découpée au massicot, il parvient presque à emballer quelques poursuites stimulantes. Il en va de même pour son climax, excessif et plus généreux que le tout-venant hollywoodien (en dépit du détroussage éhonté de Pan).

Bien sûr, on regrette que les empoignades ne soient jamais virtuoses, ou tout simplement plus longues, quand elles ne sont pas mutilées par quelques doublures numériques voyantes, mais même ces dernières demeurent bien plus abouties que dans le gros des blockbusters estivaux. 

Sans doute le plaisir ressenti devant cet Uncharted doit-il beaucoup à la vertigineuse perte de savoir-faire narratif et technique qui a accompagné l’avènement des super-franchises et leur croissance industrielle. Ainsi y aurait-il beaucoup à dire sur les qualités intrinsèques d’un film qui n’a ni l’ambition ni les moyens d’inventer l’eau tiède, ou la machine à masturber le hanneton. Mais, en ces temps de disette aventureuse, il faudrait avoir un cœur de pierre et de la cendre plein les yeux pour ne pas profiter de ce modeste plaisir. 

 

Uncharted : Affiche française

Résumé

Anodin mais divertissant, superficiel mais jamais lourd, Uncharted est un blockbuster qui a la politesse de ne jamais ennuyer son spectateur et d'épouser par instant l'énergie tourbillonnante de son héros, à défaut de proposer quoi que ce soit de neuf ou de marquant.

Autre avis Geoffrey Crété
Ni très bon ni trop mauvais, ni vraiment laid ni réellement beau, sitôt subi sitôt pardonné : le film Uncharted incarne bien le blockbuster moderne sympathiquement tiédasse.
Autre avis Mathieu Jaborska
Un film d'aventure étonnamment simple et décomplexé, mais aussi freiné par un formatage hollywoodien qui bride la majorité de ses scènes les plus palpitantes, y compris son climax, pourtant rigolo. Pas désagréable à regarder mais frustrant de bout en bout, surtout pour les joueurs.
Autre avis Antoine Desrues
Sans référents autres que la formule Marvel, Uncharted déballe sans envie son programme d'aventure taylorisée. C'est profondément laid, chiant, et surtout débilitant par le jeunisme cynique de l'opération. J'ai mal à mon Nathan Drake !
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Lecteurs

(3.6)

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commentaires
cesar
09/10/2022 à 13:34

j adore tres bon film, uncharted ça marque

Bibi67
09/10/2022 à 11:49

veni, vidi, oblitus sum...

Plapla
08/10/2022 à 20:11

J'ai vu ce film, et franchement, Simon était dans un jour de bonté, parce que j'ai trouvé ce visionnage atroce, ce film est pitoyable, j'ai perdu mon temps.

Solo seul
08/10/2022 à 15:49

Avec correction c'est plus lisible lol.
Vu au ciné mais à reculons et au final encore plus déçu qu'avant. Rien ne va, tout est faussé et trop simple dans ce film. D'abord la quête qui part dans tous les sens sans rapport et lien avec la découverte faite juste avant. La plaque d'égout italienne au dessus d'une fontaine qui donne sur la salle recherchée, comme si aucune évacuation d'eau de pluie ne servait à ça ? Et comme si aucun égouttier n'avait découvert ce lieu avant et en révéler l'endroit ensuite aux autorités ?.
Nathan qui saute en avant de palettes en palettes alors que le sens de la vitesse de l'avion et du vent vont à sa rencontre, les bateaux posés dans le gouffre avec un accès par la mer dans une crypte comme si aucun touriste n'était passé par là depuis des années soit en se baignant et en découvrant le passage visible en plongeant, soit en faisant de la descente en rappel avec des spedeologues dans la grotte, alors qu'on voit 10 mn avant que le groupe arrive par la mer sur une plage bondée de vacanciers.
Et que dire de la montée impossible de Drake sur des grosses chaînes portant les bateaux avec une arrivée directe sans effort dans l'helico ? Au moins dans Indiana Jones on le voit monter et souffrir ... là tout est facile. Même dans le jeu on fait l'effort de tapoter sur les manettes ce qui amène de l'épuisement. Tout est trop facile et dans un monde où n'importe qui aurait pu trouver le trésor sans effort en tombant dessus par hasard et sans avoir besoin d'une carte.
Je me pose maintenant la question : pourquoi personne à la lecture d'un tel scénario n'a eu les mêmes réflexions que moi ? Cela économiserait beaucoup d'argent et de temps si les scénaristes, les producteurs, le réalisateur et les acteurs avaient réfléchis un peu en se posant des questions de véracité pour une fois. Non bon allez on commence le tournage, on s'en fou le public ne réfléchis pas. Et maintenant voilà où on en est !

Solo seul
08/10/2022 à 15:41

Vu au ciné mais à reculons et au final encore plus déçu qu'avant. Rien ne va, tout est faussé et trop simple dans ce film. D'abord la quête qui part dans tous les sens sans rapport et lien avec la découverte faite juste avant. La plaque d'égout italien au dessus d'une fontaine qui donne sur la salle recherchée, comme si aucune évacuation d'eau de pluie n'a servait à ça ? Et comme si aucun égoutter n'avait découvert ce lieu et le révéler ensuite aux autorités ?.
Nathan qui saute en avant de palettes en palettes alors que le sens de la vitesse de l'avion et du vent vont à sa rencontre, les bateaux posés dans le gouffre avec un accès par la mer dans une crypte comme si aucun touriste n'étaient passés par là depuis des année soit en se baignant et en découvrant le passage visible en plongeant, soit en faisant de la descente en rappel de spedeologues dans la grotte alors qu'on voit 10 mn avant que le groupe arrive sur une plage bondée de vacanciers.
Et que dire de la montée impossible de Drake sur des grosses chaînes portant les bateaux avec une arrivée directe sans effort dans l'helico ? Au moins dans Indiana Jones on le voit monter et souffrir ... là tout est facile. Même dans le jeu on fait l'effort de tapoter sur les manettes ce qui amène de l'épuisement. Tout est trop facile et dans un monde où n'importe qui aurait pu trouver le trésor sans effort en tombant dessus par hasard et sans avoir besoin d'une carte.
Je me pose maintenant la question : pourquoi personne à la lecture d'un tel scénario n'a eu les mêmes réflexions que moi ? Cela économiserait beaucoup d'argent et de temps si les scénaristes, les producteurs, le réalisateur et les acteurs avaient réfléchis un peu en se posant des questions de véracité pour une fois. Non bon allez on commence le tournage, on s'en fou le public ne réfléchis pas. Et maintenant voilà où on en est !

Liojen
08/10/2022 à 09:01

Moi ce qui m’a surtout gêné c’est la vf de Sully dans le film qui est celle de Nate dans le jeu.
Très perturbant…

Arnaud (le vrai)
08/10/2022 à 08:13

C’est un film vu et oublié dans la foulée.
Outre le casting raté de Drake (j’ai beau apprécier Tom Holland, ca marche pas dans ce rôle), le scénario et la quête du McGuffin est quand même pas terrible

J’en veux pour preuve la quête dans Barcelone qui aboutie à une salle pleine de grandes jarres et Sully qui leur parle par ...une bouche d’égout ...
ok les mecs de l’urbanisme étaient bourrés quand ils ont construit tout ça ? Ils ont pas vu une salle géante avec des gros pots bien visibles ?

Aucune scène ne marque réellement, rien ne nous émerveille, rien ne surprend ... ça fait la taff

Au final comme je le prédisais depuis le début Uncharted le jeu est un meilleur film qu’Uncharted le film

Kyle Reese
07/10/2022 à 21:32

C'est honnêtement filmé mais il n'y a rien qui marque. Les persos n'ont aucun poids, pas d'aura, pas de légende, pas de mystère, ça reste très lisse. C'est juste un peu fun sur le moment, juste divertissant, vite vu, vite oublié.

crat
22/06/2022 à 22:43

Simon Riaux vous resterait le plus grand mystère de l'histoire des critiques ciné . Mettre 3* étoiles à un film aussi nul sans ambition avec son scénario digne des aventures de Flynn Carson est juste hallucinant le tout en sachant que vous avez mis 2.5* étoiles à interstellar c'est encore plus drôle hahaha . Toujours à contre courant pour faire le beau qui t'a passer pour un génie du mal changer rien vous êtes le meilleur

Dsluc
21/05/2022 à 23:40

A mi chemin entre Pirates des Caraïbes et Indiana Jones, le film n a aucune réelle ambition si ce n'est rentrer dans un moule estampillé blockbuster. Une impression de deja vu et d'inutilité. Mark Wahlberg ne sert à rien, la réalisation est insipide et on s ennuie ferme. Reste Tom Holland qui ne correspond certes pas au personnage d'origine mais qui se donne à fond.

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