Fast & Furious 9 : critique qui babouline dans la semoule

Simon Riaux | 25 mai 2022
Simon Riaux | 25 mai 2022

Fast & Furious 9 est ce soir à 21h09 sur Canal+.

Que de chemin parcouru, de jantes voilées, de marcels déchirés et de métacarpes broyés depuis le remake inavoué de Point Break sorti en 2001 où Paul Walker et Vin Diesel se reniflaient le pot d’échappement en serrant les mâchoires. Vingt ans plus tard, Fast & Furious a transformé ses loubards en rois de la cambriole, puis en super-espions. Au risque d’assécher une franchise devenue un trip cartoonesque depuis belle lurette ? Réponse possible avec ce Fast & Furious 9.

CONDUITE ASSISTÉE

Après une première demi-heure hallucinée et pétaradante, le spectateur amoureux de la voix rocailleuse de Vin, ou des scénarios débilitants de la saga a un peu de mal à retrouver ses petits. Certes, la famille est toujours là et heureusement, Fast & Furious 9 ne rejoue pas la gravité d’opérette du précédent opus. Mais pour autant, la propension presque aérienne à filer vers le grand n’importe quoi qui fit la réussite des 5e, 6e et 7e volets semble bien loin, la faute à une écriture pachydermique. 

 

 

Simili-Mission : Impossible ou James Bond contrefait, le scénario ne sait pas où donner de la tête et choisit de disperser sa glorieuse équipe à la faveur d’enjeux extrêmement flous, et presque jamais reliés aux personnages eux-mêmes. Exception faite de ce pauvre Dom, dont la paralysie faciale ne s’arrange pas, on saisit mal pourquoi tout ce beau monde se sent investi d’une mission de la plus haute importance. Le contraste est frappant quand surgissent les flashbacks, parfois maladroits, mais portés par Finn Cole et Vinnie Bennett, deux jeunes comédiens incandescents, qui réinjectent un peu d'intensité à cette cour des miracles en manque de carburant.

 

Fast & Furious 9 : photo, Vin Diesel"Frère, t'es un faux frère !"

En résulte quarante interminables minutes d’errance dans des décors d’une pauvreté abyssale, sertis de dialogues qui feraient passer un menu de fast food pour une expérience calligraphique posthume de Guillaume Apollinaire. On n’a jamais aimé Fast & Furious pour ses pesanteurs, mais au contraire pour sa naïveté trépanée et son action tout droit sortie de l’imaginaire d’une classe de CP dégustant le LSD en intraveineuse. 

 

photo, Michelle RodriguezÀ la poursuite du fun perdu

 

PIERRE QUI ROULE

Il ne reste presque plus rien de ces formidables intentions ici. Et c’est peut-être du côté de Vin Diesel qu’il faut chercher le responsable. La star, perpétuellement en quête d’importance et façonnage d’une légende dont personne ne lui a dit qu’elle avait la même espérance de vie qu’un hérisson sur le tarmac d’un circuit de F1, semble devenue le premier frein à sa série furieuse.

On voit comme son ennemi et frangin, Jakob (John Cena), est écrit paradoxalement. Caractérisé comme un char d’assaut inébranlable, mais systématiquement corrigé par l’inoxydable Dom, le scénario l'empêche (l'interdit ?) de constituer une menace. Qu'il est loin le temps où Dwayne Johnson apprenait à Toretto comment digérer la salade de châtaigne aux gencives, dans les faubourgs de Rio.

Un net déficit d'engagement dans l'action physique n'est pas le seul problème inhérent à la figure de la star. On sent Diesel articuler son “intrigue”, pour arriver à un tournant en forme de faux sacrifice qui plombe inutilement le rythme de l’ensemble. Un mélange de mécanique désincarnée et de systématisme qui se ressent jusque dans la direction artistique et sa mise en scène, dont tout imaginaire semble avoir été arraché. Il faudra donc, plus d’une heure durant, alterner entre le gris du bitume, celui d’une base secrète pas si secrète, et les nuances de décors urbains qui ne tirent jamais parti des spécificités des lieux visités. 

 

photo, Nathalie Emmanuel, Vin DieselComme ça, c'est plus compliqué à conduire

 

BIENVENUE DANS LA JUNGLE

Fast & Furious 9 est un chapitre obèse, trop lourd pour son propre bien, et jamais assez robuste pour digérer les nombreuses directions ou atermoiements dans lesquelles nous trimballent sa narration. Et c’est d’autant plus regrettable que le blockbuster est émaillé de bien des séquences jubilatoires, dans la droite lignée de ce qu’en attendent les fans.

À commencer par sa première séquence d’action, improbable course-poursuite dans la jungle, où gentils et méchants se castagnent à coups de missiles, d’hélicoptères et de majeurs tendus à l’héritage d’Isaac Newton. 

 

photo, Tyrese GibsonTyrese Gibson, en pleine crise existentielle

 

De même, on apprécie soudain de voir les dialogues assumer pleinement l’absurdité des situations, alors que Dom contracte ses abdos enduits de rillettes, quand son frère lui explique que son unique motivation est de devenir plus fort que lui. Régulièrement, le film retrouve cette ligne claire, digne d’un Tintin sous créatine, qui nous ferait presque oublier combien ces héros s’agitent pour rien. C’est le cas de Han, dont le retour était attendu, mais trouve une justification indigne d’On a retrouvé la 7ème compagnie, sans que le charismatique acteur Sung Kang ait pour autant droit à quoi que ce soit de consistant ou ludique à interpréter. 

Trop inégal pour totalement emporter le morceau, Fast & Furious 9 peut néanmoins se reposer sur son dernier acte, une scène d’action de près de trente minutes, pour gaver son spectateur comme une oie carnivore. Les cascades sont spectaculaires, précises, ahurissantes, dévastatrices, l’ambition sans limites et parfois presque surprenante. Comme lorsque Tyrese Gibson et Ludacris se retrouvent satellisés, et que le métrage opte pour un long plan presque Gondriesque, nous rappelant, tard mais à propos, que Fast & Furious a presque toujours été sauvé par son énergie enfantine. 

 

affiche française

Résumé

Plombé par son esprit de sérieux, une écriture fainéante et une direction artistique trop souvent fade, Fast & Furious 9 ne peut que se raccrocher à quelques scènes d'action tonitruantes et des flashbacks étonnants pour ne pas noyer son moteur.

Autre avis Geoffrey Crété
Fast & Furious 9 confirme le dérapage lourdingue amorcé par Fast & Furious 8. L'heure de rigoler de toutes ces conneries est révolue, place maintenant à la peine maximale : de l'action de moins en moins inventive et excitante, et un family show de plus en plus sérieux et gênant.
Autre avis Alexandre Janowiak
Incapable de choisir entre le second degré caractéristique de la saga et le sérieux de son drama familial, Fast & Furious 9 souffre de son écriture malade et de ses intentions contraires. Avec une seule scène d'action entraînante au milieu de cette énième mission pour sauver le monde, la franchise de Vin Diesel lasse et n'amuse plus.
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Lecteurs

(2.8)

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commentaires
Flo
08/05/2023 à 20:47

Étonnamment, cet opus semble plus digeste qu’on ne le croirait… Même si une vilaine résurrection opportuniste (à cause d’un Hashtag et de la volte-face Stathamienne, franchement !?) fait dérailler la mécanique par son traitement lourd.
C’est le paradoxe des « FaF » : trop cher pour être de la bonne série B bien sale et cheap, qu’on peut regarder comme une comédie ridicule.
Mais trop bas du front et populo pour atteindre le degré d’absurdité d’un vieux James Bond, qui cachait sa fantaisie derrière de la Classe et de la sophistication.
Même Justin Lin (dans le commentaire audio, en version longue) a du mal à se justifier devant un résultat qui lui échappe à de nombreuses reprises.

Alors on a comme d’habitude des secrets cachés, quelques séquences bien fichues (le prologue par exemple), les filles avec leur scène de baston perso, des tas d’invités, des méchants traités façon Dragon Ball (la moitié d’entre eux est trop charismatique pour ne pas changer de camp). Et toujours des courses de jeux vidéos hors GTA… C’est à dire où les figurants sont des décors sans interactions, non destructibles. Sans substance.
Ce à quoi Roman Pierce, passé de comique de service pathétique à idiot révélateur brillant, aurait dû aussi s’interroger. On le remerciera quand-même de ses saillies méta, qui donnent un peu de fraîcheur.
Dommage que, si les acteurs gardent un bon capital de sympathie, ça ne soit plus trop le cas d’un Vin Diesel en service minimum. Jouer de façon « intérieure », ça a ses limites – tout le monde n’est pas Gary Cooper.

Mastodonte
12/06/2022 à 16:00

Par contre effectivement c’est très beaufesque
Et les cascades ont leur lot d’excès de surréalisme

Bubu123
11/06/2022 à 18:17

C'est fou ce que ça ne sait pas critiquer.

L'intrigue n'était pas mauvaise comme d'habitude on nous habitue à un scénario dantesque, j'ai préféré la partie qui parlait du passé de Dom toussa toussa, après le reste c'est du F&F tout craché quoi.
Par contre j'ai du mal à me faire à l'idée qu'ils aient choisi Cena pour être son frère, mais c'est un rôle qui lui va bien, même si je ne le voyais jamais comme acteur au cinéma...

Mokuren
26/05/2022 à 13:32

Pas du tout aimé cet opus, mais la référence à Baboulinet m'a bien fait rire ! Mozinor devrait presque réclamer des droits sur ce personnage ! :)

Garm
26/05/2022 à 10:49

Jamais pu supporter cette franchise de beaufs. Je suis tombé sur la fin en zappant hier soir, j'étais pas prêt, fast and furious dans l'espace avec vin diesel qui affronte un avion de chasse avec son camion.
c’était déjà con, mais là ils ont jump the shark à un tel niveau que ça en devient nanardesque

fermlaporteyadécouki
25/05/2022 à 20:30

Après des films comme ça, on est tous capable d'en faire un par jour... Voir plus quand on a gastro !!!

L'indien Zarbi.
25/05/2022 à 20:03

Pas de nouvelles du merveilleux Rodeo.

Jango567000
12/08/2021 à 13:16

Je suis pas un fan des FF mais je vais les voir au cinéma, ça passe pluto bien en régle général.
Sauf que la c est vraiment très mauvais ! Indigestion de cgi, histoire a 2 balles, réalisation décevante (habitué à mieux justin) bref à éviter!!!

Joelegeek76
02/08/2021 à 08:44

Comment dire c nul !!!! On ce demande si John Cena a le droit de dire où jouer son rôle sans l'accord de baboulinet ....
Le scénario a du être écrit par un enfant de 8ans comme moi a l'époque où je jouais avec les gi-joe ou Bioman je fesai le même genre de scenar c débile et surealiste le plus choquant la fameuse scène ou baboulinet arrache des chaînes avec des maillons style bateau relier à une poutre en béton de 2 m d'épaisseur a main nue .....ce film est bâclé,mou et stupide

Giorno Giovanna
02/08/2021 à 07:40

Du moment que t'as compris le concept de ta gueule c'est magic, on passe un bon moment, sinon comme dirais Gandalf, fuyez pauvres fou.

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