Dynasty Warriors : critique qui tue pas des masses sur Netflix

Mathieu Jaborska | 6 juillet 2021
Mathieu Jaborska | 6 juillet 2021

Tous les yeux étaient tournés cette année vers Mortal Kombat et Monster Hunter. Et pourtant, Netflix accueille aussi en France des adaptations de jeu vidéo, produites en Chine. Après le bancal, mais vaguement divertissant Double World, c'est le live action de la célèbre franchise de hack 'n' slash Dynasty Warriors qui se fraye un chemin chez nous par le biais de la plateforme.

Beat'em all

Quiconque a déjà touché la franchise de Omega Force sait qu'une adaptation cinématographique relève du défi technique et stylistique extrême. Chacun des plus de trente opus de la licence (du moins, après le premier) ambitionnent d'afficher le plus d'ennemis possible à dégommer, transformant chaque phase de gameplay en bataille asymétrique homérique et donc, par conséquent, en redoutable défouloir. Autant dire que transposer pareil système en prises de vue réelles n'était pas chose aisée et promettait de soumettre à rude épreuve les logiciels de gestion de foule.

La scène d'ouverture, bataille à l'issue de laquelle un autocrate s'empare du trône et inspire une rébellion, entend bien se hisser à la hauteur des (en)jeux. Sans surprise, les CGI montrent très, très vite leurs limites, mais le contrat est respecté : un affrontement fait rage, des héros se ramènent et défouraillent du manant avec l'aisance d'un tueur à gages dans une maternelle. Les boules de feu et autres rafales de vent surnaturelles se chargent d'envoyer l'armée adverse dans la stratosphère pour mieux la dégommer. La mise en scène souligne l'absurdité de cette pluie humaine avec un certain dynamisme, et convoque même à de rares reprises la folie de Dernier train pour Busan.

 

photoJeu vidéo ou film ?

 

Malheureusement, il faudra s'en contenter. Embourbés dans un récit qui adapte péniblement Les 3 Royaumes, les quelques super-guerriers et super-méchants capables de soulever les foules (au propre comme au figuré) se font prier pour envoyer valser du figurant. Rien que la séquence centrale, censée révéler leur talent au monde, souffre d'un déficit rythmique handicapant narration et spectacle. Avant qu'un héros ne se dresse, il faudra assister à la défaite de tout un troupeau de sous-fifres. Et alors que la situation semble pouvoir dégénérer à tout moment, l'armée en présence se carapate, nous privant d'une orgie guerrière à la hauteur.

Dynasty Warriors grille toutes ses cartouches bien vite. Même s'il parsème son intrigue de sporadiques duels acrobatiques, il s'avère finalement bien anémique en termes de castagne. Et ce n'est pas le climax, longtemps attendu, mais extrêmement décevant, qui relève le niveau. À force de malmener ses repères spatiaux et abuser de matte paintings numériques flous, la réalisation échoue lamentablement à capter le gigantisme du combat final. Frustrant. Très frustrant.

 

Photo bande-annonceCascade ou fleuve ?

 

La légende de ZZZZZZ

C'est d'autant plus frustrant que le long-métrage semble se contenter de cette maigre dose d'amusement, tant tout le reste souffre d'une flemme incroyable. Esthétiquement quelconque, peu motivé à tirer le moindre sens narratif des grands espaces (et des très beaux paysages) qu'il met en scène, il ne se foule pas pour conférer un peu de profondeur à ses personnages, annoncés par de simples cartons, ou même pour proposer quelques interactions intéressantes.

La pauvre Carina Lau, actrice pourtant légendaire, se retrouve condamnée à réciter l'exposition dans un décor rappelant les pires heures du numérique Hollywoodien des années 2000. Sa scène, digne d'un sous-Spy Kids ou d'un fond d'écran dynamique Windows, révèle la fainéantise générale d'un essai qui ne répond plus de rien une fois ses quelques money-shots efficaces (le plan de la tête coupée reste franchement amusant) emballés.

 

photoTiteuf drague comme un chef

 

Le scénario comble les trous entre ses tunnels de dialogue abscons à grands coups de voix-off surexplicative, racontant les détails de l'histoire que personne n'a eu le courage de vraiment porter à l'écran. En roue libre, il introduit des romances niaises aux deux tiers du film, comme s'il prenait subitement conscience de l'absence d'enjeux. Parfois, il s'attarde sur une saynète pour appuyer les motivations de ses protagonistes, mais ne parvient qu'à les ridiculiser encore plus, au détour de séquences involontairement drôles, comme celle du faux complot.

Même la mise en scène est délaissée lorsque les fers ne croisent pas. Usant et abusant de plans en drone, prouvant une fois de plus les risques de l'abus de cette technologie, elle nous donne régulièrement à voir des petits bouts de montagne en guise de raccord entre chaque séquence. Il n'en fallait pas plus pour définitivement achever toute notion de rythme, l'ensemble ressemblant dès lors à un bon gros remplissage, qui joue la montre entre deux dérapages équestres. Sur la fin, tout s'éclaire : le film sera forcément le premier opus d'une hypothétique saga que ses nombreux studios espèrent lucrative. En d'autres termes, il refuse de se conclure et nous laisse espérer que ses ambitions ne se concrétisent pas.

Dynasty Warriors est disponible sur Netflix depuis le 1er juillet 2021 en France

 

Affiche officielle

Résumé

Passée une introduction amusante et malgré quelques combats dynamiques, la fainéantise du récit et les tics visuels agaçants l'emportent largement.

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Lecteurs

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commentaires
joekiller59
07/07/2021 à 10:13

Perso j'ai même pas regardé car sur Netflix ils sont pas capables de m'être en Français la plupart des films occidentale malheureusement .

Sascha
07/07/2021 à 08:00

"Titeuf drague comme un chef" : vous m'avez tué :-)

zetagundam
06/07/2021 à 17:22

Pourquoi je ne suis pas surpris ? Probablement parce que la bande-annonce n'annonçait rien de bon

ça ne m'empêchera pas de toute façon d'y jeter un oeil

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