Fast & Furious : Hobbs & Shaw - critique flasque & maousse

Simon Riaux | 21 mai 2023 - MAJ : 22/05/2023 10:11
Simon Riaux | 21 mai 2023 - MAJ : 22/05/2023 10:11

Tel un renard ruisselant de créatine invité par erreur dans le poulailler de Vin Diesel pour Fast & Furious 5, Dwayne Johnson s’est échappé de la franchise Fast & Furious en exfiltrant une de ses plus belles pondeuses : le musculeux Jason Statham. Et avec le spin-off Fast & Furious : Hobbs & Shaw qui déboule sur les écrans, les compères espèrent bien récolter quelques œufs d’or. Reste à savoir si leurs coquilles tiendront le choc.

FAT & MAOUSSE

Au mitan de Fast & Furious : Hobbs & Shaw, le film dévoile en une poignée de secondes tout le sel de ses nombreux ingrédients, ainsi que la faiblesse de la recette qui les lie. Alors que Dwayne Johnson et Jason Statham sont enchaînés à une batterie géante, ils se livrent à un hommage en duo à une célèbre réplique de True Lies, avant de se lancer dans une grosse baston au corps à corps, pendant que leurs alliés déciment des vilains au lance-flammes, avant de se lancer dans une course-poursuite plus dévastatrice qu’un cassoulet au saindoux.

 

photoUn guide touristique un peu nerveux

 

Voilà qui devrait mettre le spectateur en joie, et pourtant, la quinzaine de minutes apocalyptiques qui s’ensuit s’avère étrangement frustrante. Quand les deltoïdes se bandent et cassent des dents, le réalisateur David Leitch (Atomic Blonde, Deadpool 2) ne sait pas quoi faire de ses athlètes, et verse dans un surdécoupage parkinsonien qui gâche souvent leurs coups d’éclat. Et quand les chorégraphies motorisées s’emballent, que les immeubles s’effondrent et l’air s’embrase, il semble alors incapable de dynamiser ces grands mouvements, fréquemment trop amples, distanciés, comme orchestrés par une intelligence artificielle ne les pensant jamais en termes d’impact.

 

photo, Dwayne Johnson, Jason StathamBiscotos cinematic Universe

 

Ainsi, le film donne la curieuse impression de nous jeter au visage de délicieux ingrédients, réchauffés précipitamment par un cuistot manchot. Et le même constat s’applique aux dialogues. Hobbs & Shaw nous promettait un buddy movie à l’ancienne, un concours de biscoteaux contraints et dopés à la punchline cool.

En l’état, on comprend mal pourquoi le scénario tartine de si improbables et interminables joutes verbales entre ces héros, puisqu’il se révèle cruellement incompétent en matière de vannes. Ecouter Johnson se moquer du gabarit de Statham et ce dernier s’inquiéter du diamètre des gonades de son partenaire est loin de la sinécure humoristique, mais assister à cet échange pataud sans cesse renouvelé plus de deux heures durant tient du supplice. N’est pas Shane Black qui veut.

 

photo, Dwayne Johnson, Jason StathamInsérer réplique qui tâche

 

CHASTE & FRIMOUSSE

Pour autant, Hobbs & Shaw est loin de la catastrophe, bénéficiant autant de l’héritage de sa franchise mère que du savoir-faire indéniable de ses interprètes. Même au sein d’affrontements mal structurés et manquant beaucoup de dramaturgie (à l’exception du climax), on trouve toujours une idée, un plan, qui nous renvoie vers la démesure tant espérée. C’est trop peu et souvent trop tard, mais regarder Idris Elba piétiner la moitié de Londres a quelque chose de régressivement stimulant.

 photo, Vanessa KirbyMission : Kirby

 

S’il se dit que ceux qui embrassent trop étreignent mal, au moins embrassent-ils. Et on saura gré au blockbuster de tenter de constituer un kaléidoscope ultra-généreux. Ainsi passe-t-on du polar briton à la castagne samoane, du pastiche de Mission : Impossible à la SF bas du front, puis soudain à la comédie, via des caméos aussi imprévisibles qu’absurdes.

Tous ces revirements, ces transitions ne bénéficient que rarement d’un véritable sens de la rupture de ton. Mais ils assurent à l’ensemble une folie douce qui détendra les amateurs de propositions bourrines et décomplexées.

 

photo, Jason Statham, Dwayne JohnsonChauve qui peut

 

De même, si Vanessa Kirby a droit à la sous-intrigue romantique la plus pathétiquement visqueuse de la décennie (imaginez que votre grand-mère atteinte de la syphilis vous oblige une semaine durant à vous adonner au jeu de la bouteille, et vous n’aurez qu’une vague idée du malaise engendré par cet arc narratif), elle tire son épingle du jeu.

Véloce et magnétique, elle réveille ce pauvre David Leitch, qui retrouve quand il la filme un peu de l’énergie cinétique d’Atomic Blonde. Sans elle, ce buddy movie trop lourdaud et conscient de lui-même aurait bien du mal à assurer le service minimum en matière de divertissement déviant.

 

Affiche française

Résumé

Quelques saillies méchamment cool, une poignée de plans iconiques et une flamboyante Vanessa Kirby ne suffisent pas à faire oublier des dialogues et une mise en scène étonnamment peu inspirés. Un épisode en demi-teinte, réservé aux fans hardcore de la saga.

Autre avis Geoffrey Crété
Hobbs & Shaw ne vendait qu'une chose : un spectacle décérébré, débridé, cartoonesque, avec la promesse de scènes d'action folles et d'un duo détonant. C'est un joli ratage tant le film est mou, interminable, visuellement fade, à peu près jamais cool et encore moins drôle - sauf que le niais atteint des sommets de gêne.
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Lecteurs

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commentaires
Neji
22/05/2023 à 17:59

Découvert hier à la TV et bien c'est tellement WTF QUE J'AI CRU REGARDER UN DESSIN ANIMÉ.
Les dialogues speudo comique sont Risible, c'est mal joué, les types posent sans cesse, quelques combats à Mains nu sympathique ça envoie de la phalange en veux-tu en voilà.
La globalité du film est grotesque c'est vraiment pour les enfants de 14 ans c'est une bande dessinée le truc il y a pas un truc qui tient la route défie les lois de la physique continuellement c'est absurde.
Même le scénario et bidon , la franchise de départ est bidon tout ce qui en découle est bidons les acteurs qui rentrent là-dedans deviennent bidon tout ça pour bidonner le public pour prendre du pognon.
Bref un enfer le bordel...

Flo
08/05/2023 à 20:43

C’était le bon moment pour s’extraire de la grosse machine trop bien huilée des « FaF », en faisant un bon truc bourrin avec moins d’acteurs – et plus de virilité machiste bien marrante.
Mais non, il y a un gros cahier des charges familial (ce n’est pas une identité) qui continue à limiter tout potentiel, même ici. Et si Jason Statham reste un bon soldat, capable de jouer aussi bien en solo qu’en équipe, Dwayne Johnson lui commence à perdre son super pouvoir « de susciter la sympathie ». Comment ne pas penser qu’après « Vaiana », le voir revenir en territoire samoan juste pour avoir des gens simples et se battant à l’ancienne… c’est juste un prétexte amené sans assez de sincérité ?

Et que croire en y voyant des posters de films d’action des années 80 dans un coin ?
Puisque les deux grands chauves ne jouent pas vraiment des acolytes de buddy movie, vu qu’ils sont beaucoup trop similaires. Idem pour Vanessa Kirby, ou Idriss Elba, on n’y créé aucune différence de ton entre chacun, qui finirait par aboutir à une synthèse à la fin.
Plus que des Tango et Cash (c’est ce qui s’en rapproche le plus, y compris dans le grand n’importe quoi), c’est peut-être à « Frangins malgré eux » qu’il faudrait penser, étant donné le nombre de vannes de gamins en dessous de la ceinture que se balancent ces faux frères jumeaux. Ainsi que les invités surprises, qui tirent eux aussi en longueur.

David Leitch semble ne pas avoir compris pourquoi « Deadpool » marchait bien (mais difficilement) : c’était aussi très, Très rentre-dedans, ça assumait d’être énervé et sanglant. Et pas taylorisé pour éviter les interdictions (et moins de bénéfices). Jusqu’à trouver des prétextes ici pour avoir moins de fusillades.
Bon néanmoins, comme plaisir coupable un peu décomplexé, pas moche et loin de la franchise, oui c’est un petit bol d’air. Sans plus.

Pistolero
06/11/2021 à 09:43

Ben pour ma part plutôt agréablement surpris.
Ça tient sûrement au charisme incroyable de l’ensemble du casting, perso j’ai trouvé la réalisation plutôt bonne, avec une action lisible, des plans de poseurs toutes les 2 minutes, des situations WTF mais assumées, du spectacle quoi.
Le duo tatane / caillou fonctionne bien (encore une fois ça dégouline de charisme). Bien mieux qu’une 10aine de FF réunis

Walker texas
29/08/2021 à 19:05

Le seul qui est bien c'est celui réalisé par le talentueux James wan.

cepheide
04/12/2019 à 20:44

Que c était artificiel, pataud, grotesque... Nul, en fait.

Critique fracasse
21/08/2019 à 00:56

Hobbs et Shaw est un nanar qui s"assume. Une succession d'invraisemblances qui fait sourire (et surtout bailler...)pour se faire oublier tout de suite après.... Et l'on sent "a plein nez" l'avenir de la saga... Les prochaines suites sont prévisibles, après un second opus du tandem " débile et couillu", La franchise va "spliter" pour en faire deux nouvelles sagas. Une avec Dwayne Johnson et Ryan Reynolds et une seconde Jason Statham et Idris Elba ( I. Elba est une superstar anglaise. Noblesse oblige pour son statut de "bankable", il a dû accepter d'endosser le rôle méchant qu'a la condition de revenir en " super gentil" un moment ou l'autre...) Donc rien bien neuf à l'horizon dans l'univers boudin de "Fast & Furious"... De toute façon les producteurs s"en foutent, si certains fans abandonneront, fatigués de voir toujours les mêmes "ficelles scénaristiques", d'autres plus jeunes viendront s'y coller pour quelques années...

Ringo
08/08/2019 à 23:49

Vu et apprécié pour ce qu'il est, un produit de divertissement qui vend sans le cacher du n'importe nawak. C'était déjà le cas de Fast and Furious depuis pas mal d'épisodes. "Un tank !" "Un sous-marin !" Au moins, ce spin-off a le mérite de nous épargner Vin Diesel et Tyrese Gibson (le side-kick qui sert à rien dans la franchise), le barbecue final autour de la "famille" arrosé de corona... Et niveau casting ben... Dwayne Johnson, Statham et Idriss Elba... face aux autres, y'a pas photo. J'aime Fast and Furious pour ce qu'il est... mais seulement depuis le 5... tiens, l'arrivée de The Rock ! Vu le 4 après (sympa sans plus) et zappé les 3 premiers. Bon, par contre, faudrait un peu moins de CGI dans cette saga (dans le 8 avec les voitures qui tombent de partout, ça faisait déjà mal aux yeux) et pour faire plus fort qu'Elba comme ennemi, va falloir chercher... Oh, Reynolds nous joue Deadpool sans masque et il m'a bien fait marrer, jusqu'aux scènes post-générique. Et je ne suis pas que décérébré, je suis allé voir Midsommar lundi, film que j'ai adoré... malgré les jeunes dans la salle qui croyaient voir un film à la Conjuring...

StarLord
07/08/2019 à 19:49

Vu cet après-midi. Mouais...
Je partage l’avis de cet critique. Beaucoup trop de blabla inutile (la scène dans l’avion juste interminable et son caméo inutile...)Ça aurait pu être quelquechose de grandiose, au final c’est -à peine- divertissant.

your soul is mine
06/08/2019 à 21:21

@Simon Riaux

pourquoi une tel incohérence dans la notation ?

sur allocine vous avez note : 4/5 etoiles
sur ecranlarge vous avez note ; 2,5/5 etoile

M1pats
05/08/2019 à 20:48

@slyvineception

" somnifères pompeux de Malick " ????

Non mais ferme la et touche pas au meilleur réalisateur de l histoire

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