JOUR DE COLÈRE
Le Gris est un vétéran, traumatisé par le front, qui survit en travaillant à la chaîne dans une entreprise de métallurgie. Quand l’oligarque qui racheté l’entreprise pour une bouchée de pain au lendemain de la chute de l’URSS en annonce la fermeture expéditive, il convainc plusieurs de ses collègues de le séquestrer afin d’obtenir de lui le versement d’une rançon.
Ce schéma de l’individu poussé à la violence par un système capitaliste aveugle n’est pas nouveau, et charrie son lot de productions souvent archétypales et pas toujours heureuses, de Mad city à Money Monster. La première force de Factory est donc de déjouer partiellement les attendus et clichés du genre, en y accolant une sincérité désarmante. Quand lors de l’introduction, le minéral Denis Shvedov fixe la machine-outil tordant imperturbablement les tiges d’acier dont il la nourrit, Bykov nous donne à ressentir toute la résolution qui étreint son personnage et contamine instantanément le spectateur.
Denis Schvedov, un héros au charisme crépusculaire
La rage inondera dès lors l’écran pour ne plus jamais le quitter, grâce à l’énergie déployée par le cinéaste, mais également la variété des approches qu’il déploie pour dynamiser une action plus que resserrée. Osant des échappées vers une forme de théâtralité, quand il transforme son décor industrieux en opéra de la désolation soviétique, pour mieux offrir des séquences de pur suspense distillant une angoisse sourde, Bykov impressionne constamment.
DU SANG ET DES LARMES
Factory n’a jamais la prétention de révolutionner les thématiques qu’il visite, et préfère les soigner avec une intelligence politique et un soin d’orfèvre. L’acuité avec laquelle le scénario décrit comment la société se referme à la manière d’une nasse sur quiconque remet en cause le statut des possédants s’avère aussi précisément représentée que ravageuse. L’électricité cinéphile dont témoigne la mise en scène n’y est pas pour rien, tant la caméra s’avère vivace dès lors qu’elle s’inspire des jeux d’espace des Chiens de paille, ou se remémore les leçons d’Assaut.
L’intrigue peut alors opérer un décalage passionnant, en choisissant de placer progressivement au premier plan un mercenaire chargé de régler leur compte aux preneurs d’otage.Via ce protagoniste inattendu, c’est la question du sens de la violence dont s’empare le film, là aussi avec une belle réussite. L’ensemble devient alors un réquisitoire désenchanté, culminant dans une scène de fusillade apocalyptique, dont le découpage et l’efficacité laissent le spectateur à genoux.
Comment et pourquoi entrer en lutte ? Factory a la finesse de ne pas arrêter de réponse, préférant suivre au gré de sa construction comment circule la révolte, à la manière d’une bourrasque inarrêtable. Enfin, toute cette énergie vouée à un autodafé tragique est finalement transmutée le temps d’une séquence finale déchirante, qui donne un écho fatal à l’ouverture du long-métrage. Nous y suivons et abandonnons un personnage dévasté, brutalement renvoyé à l’horreur de sa condition. Radicalité du propos, virulence de l’action, Yury Bykov a réalisé son meilleur film, pensé comme un formidable boulet de démolition.
The Major c’était quand même une énorme claque! Vu a l’étrange festival!
Hâte de découvrir ce Factory… Ca change des Marvel et consorts… J’en peux plus des super-slips et jedis..
@Reni
Lesquels par exemple ?
Bizarre tous ces films pas top auxquels el est associé de prêt ou de loin et qui prennent des supers notes.
@gloiratoi lol
C’est pas faute d’avoir essayé de l’expliquer.
Un film russe dont le titre est traduit en anglais pour un public français. On est balèzes.
Riaux en frontispice et c’était le succès……les amateurs.
@sylvinception
Pareil, très déçu qu’il y ait le nom du média, plutôt que le mien, accompagné d’une petite photo.
Écrite en trop petits caractères je trouve, on la voit pas assez…
Sinon on reconnait le style de Riaux sans problème.
bien vu lol
Une citation d’EL sur l’affiche : le début de la gloire !