Un beau voyou : recel critique

Christophe Foltzer | 3 janvier 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Christophe Foltzer | 3 janvier 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Si la jeune garde du cinéma français est on ne peut plus énergique et talentueuse, il faut bien reconnaitre qu'elle se spécialise avant tout dans le bon gros drame. Mais pas Un beau voyou, réalisé par Lucas Bernard, avec Swann Arlaud et Charles Berling dans les rôles principaux, qui opte pour la comédie totale, quitte à, parfois, aller un peu trop loin.

PAS VU, PAS PRIS

S'il y a bien une chose que l'on ne pourra pas reprocher à Un beau voyou et à son réalisateur Lucas Bernard, c'est son ambition d'emmener la comédie vers des cimes un peu plus nobles que celles que l'on voit habituellement au cinéma.

En effet, le genre étant devenu quasiment une honte nationale à force de coups opportunistes prémâchés et populistes, il est rassurant et particulièrement rafraichissant de constater que nous ne sommes pas les seuls à nous poser des questions. Tout comme il est rassurant de voir que certains jeunes réalisateurs l'envisagent sous un prisme plus noble que la vieille garde.

 

photo, Swann ArlaudSwann Arlaud, un gars un peu trouble

 

Pourtant, l'idée de départ était particulièrement casse-gueule : au seuil de la retraite, le commissaire Beffrois se retrouve face à un mystérieux voleur de tableaux qui semble sévir depuis plusieurs années. Se lançant éperdument dans son enquête, il va côtoyer un intrigant jeune homme à l'identité beaucoup plus incertaine qu'il ne l'espérait.

Avec ce postulat, le chemin semble balisé : quiproquos, portes qui claquent, deux-trois scènes un peu énergiques pour faire jeune. Mais le metteur en scène choisit de rappeler davantage un cinéma plus proche de Billy Wilder ou de Jean-Paul Rappeneau beaucoup plus centré sur ses personnages. Ce qui constitue la plus grande force du film tout autant que sa faiblesse principale.

 

photo, Charles BerlingCharles Berling, en vieux flic cynique, emporte le morceau

 

TROUBLES DE L'IDENTITÉ

En effet, si Charles Berling et Swann Arlaud sont juste parfaits dans leurs rôles respectifs, on sent que le réalisateur aime beaucoup ses personnages, peut-être un peu trop d'ailleurs, ce qui nous vaut un film assez éclaté dans sa narration et manquant d'une certaine cohésion globale qu'il rattrape néanmoins dans sa dernière partie.

L'intrigue s'éparpille et le récit se transforme en succession de saynètes, toutes sympathiques au demeurant, et certaines particulièrement bien trouvées, qui, malheureusement, portent atteinte à l'histoire que l'on essaye de nous raconter.

 

photo, Charles BerlingUne enquête qui fonctionne par petites touches

 

Ceci dit, il faut reconnaitre au métrage un sens de l'écriture et du détail assez dévastateur : les répliques font mouches, les personnages, même les plus secondaires, ont du corps et plusieurs scènes atteignent leur objectif au-delà de nos espérances. Il se dégage une très belle énergie d'Un beau voyou, une tendresse particulière pour ses héros, une légèreté qui fait plaisir à voir dans la comédie française actuelle et surtout, une très grande sincérité de son maitre-d'oeuvre doublée d'un respect absolu de son public.

Des qualités suffisamment fortes et précieuses pour faire oublier les quelques scories formelles du film. On aurait juste aimé y voir un peu plus de constance. Cependant, n'oublions pas qu'il s'agit d'un premier film et que tout reste encore à faire.

 

Affiche

 

Résumé

En dépit des quelques errements narratifs, Un beau voyou demeure un film particulièrement sympathique et efficace, emporté par une galerie de personnages hauts en couleurs, des répliques cinglantes et drôles et un casting qui donne l'impression d'avoir pris un pied monstrueux sur le tournage.

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