Section 99 - Quartier de haute sécurité : critique brutale
Après des débuts discrets et plus dramatiques, Vince Vaughn s'est rapidement tourné vers la comédie, grasse ou romantique, en devenant un des comédiens les plus horripilants du genre. Mais avec Section 99 - Quartier de haute sécurité de S. Craig Zahler (réalisateur de Bone Tomahawk), il nous rappelle le grand acteur qu'il est en réalité. Disponible en DVD et Blu-ray le 25 septembre.
DERRIÈRE LES BARREAUX
Comme tout genre cinématographique, le film de prison est un chemin balisé, ultra codifié et qui n'a d'intérêt que par le regard du réalisateur qui s'y attaque. Alors, lorsque S. Craig Zahler se frotte au genre, on peut s'attendre à quelques étincelles. Celui qui nous avait déjà soufflé avec Bone Tomahawk en 2015, laisse donc les grands espaces de l'Ouest sauvage pour un film carcéral tendu et sans concessions.
Nous y suivons donc le parcours terrible de Bradley (Vince Vaughn), ancien boxeur touché de plein fouet par la crise et animé d'une violence qu'il a énormément de mal à contrôler. Alors forcément, lorsqu'il découvre que sa femme a une aventure, ça ne se passe pas bien. Pourtant, pétri d'honneur, il tente d'arranger les choses et son mariage tient le coup vaille que vaille. Un bébé est même en route.
Sauf qu'il perd le même jour son emploi de mécanicien et est obligé de renouer avec son passé trouble. Il devient donc coursier pour un trafiquant de drogue. Mis en prison, il se voit contraint d'aller en haute sécurité pour s'occuper d'un autre prisonnier s'il veut sauver sa femme. Et la section 99 est loin d'être une promenade de santé.
On le voit, le scénario est on ne peut plus classique et, comme c'est souvent le cas, ne sert que d'excuse à l'expérience qui nous est proposée. Car il s'agit bien d'expérience dont il est question avec Section 99 - Quartier de haute sécurité. En effet, à l'image de Bone Tomahawk, Zahler utilise le genre carcéral pour mieux le détourner et nous proposer une plongée dans les ténèbres poisseuses et terriblement prenantes.
Parcouru d'un souffle christique intelligemment utilisé parce que totalement inhérent à son personnage principal et donc jamais imposé, Section 99 n'est pas à mettre entre toutes les mains tant il ne cache rien de l'horreur qu'il raconte.
ULTRA VIOLENCE
Il est d'ailleurs passionnant de remarquer à quel point nous entrons en empathie avec ce personnage massif, froid et à la limite du mutisme, totalement intériorisé et qui peut exploser à chaque seconde. Le mérite en revient évidemment à Vince Vaughn, incroyable dans le rôle et qui, après la saison 2 de True Detective nous prouve une nouvelle fois qu'il devrait se cantonner à des rôles purement dramatiques et laisser tomber ses comédies moisies. Oui, une bonne partie de l'intérêt du film tient sur sa seule interprétation.
Iconique en diable, il est plongé dans un univers tout aussi codifié et marquant, terriblement anxiogène et qui parvient à conserver un certain réalisme. Et ce, en dépit de la plongée progressive dans ce monde de plus en plus étrange et mythologique à mesure que l'on descend vers la fameuse Section 99.
C'est là que le vrai discours du film se révèle. Moins que l'histoire d'un personnage, Section 99 - Quartier de haute sécurité nous raconte avant tout l'état d'esprit d'un pays entier. D'un inconscient violent et morbide qui s'exprime à l'abri des regards. La Section 99 n'est évidemment pas sans rappeler la prison de Guantanamo et joue avec l'imagerie de la torture et de la détention terroriste sans jamais vraiment forcer le trait. La plongée est progressive et très crédible et laisse un goût amer en bouche une fois le film terminé.
Section 99, d'abord lente descente aux enfers étouffante et angoissante, se transforme alors en choc frontal, en explosion ultra violente où rien n'est épargné au spectateur. Oui, Zahler y va franco et la violence du film, crue et froide sans jamais être glorifiée, risque d'en dégoûter certains. Soyez prévenus. Jamais gratuit, ce parti-pris sert évidemment totalement le propos du film, qui plus est lorsqu'il est traité de si belle manière, S. Craig Zahler s'imposant de plus en plus comme l'un des réalisateurs les plus compétents et les plus intéressants de l'industrie actuellement.
Si l'on peut regretter que le film ne sorte pas au cinéma et se retrouve directement dans nos bacs vidéo, on ne peut que le conseiller, tant il nous rappelle une époque plus tolérante avec la violence et les expériences fortes au cinéma. Ce qui fait extrêmement du bien à l'heure où Hollywood n'a jamais été aussi aseptisé. Par contre, soyez prévenus, ça déménage et on n'en sort pas indemne.
Lecteurs
(2.8)04/05/2019 à 23:46
T-REX ce film est à l'opposé d'un Tarantino. Crue et réaliste, la violence n'y est pas exposée dans un fratas de couleurs vives et accompagnée d'un tube musical, et surtout elle n'y est pas référentielle.
07/12/2018 à 15:03
Bon(n)e surprise
La première heure est lente, la mise en place est un peu lourde.
Mais la suite vaut son pesant de cacahuètes. Quand le film est fini, ça laisse une trace dans le cerveau. C'est brutal, froid, sans musique, sans artifices grossiers, mais calme.
La structure est quand même très similaire à Bone Tomahawk, ceux qui n'ont pas aimé n'aimeront sans doute pas celui-là non plus.
Vaughn impeccable.
Je vais suivre de près ce Zahler.
08/09/2018 à 10:17
Oups...je disais : dans un univers assez réaliste. Je peux comprendre que les spectateurs soient choqués, c'est une violence que tu ne vois pas arriver. J'avoue avoir été vachement surpris - écœuré par 2-3 séquences puis j'ai pris un très très bon kiff!!!
08/09/2018 à 10:14
@Trex - tu n'as pas tort mais ce que tu évoques, ça se passe dans le dernier 1/4 d'heure du film, qui est ouvertement grand guignolesque. Avant ça, t'as une violence assez hardcore, d"réaliste"
06/09/2018 à 23:00
@ Povcul
@ CinéGood
Non mais faut pas déconner non plus... Ok le film est violent mais y a pas mal de second degré, c'est tarantinesque à mort, je veux dire... ***SPOILER*** Lorsque le "héros" confond la tête d'un mec avec une serpillère ou qu'il décapite un autre mec à coup de pied, voyons... C'est super cartoon, c'est dégueu mais fun, y a de l'humour les mecs... Alors dire que c'est "insoutenable" ou que certains ne peuvent pas aller "au bout", franchement... Faut pas montrer ce film à des enfants, évidemment !
06/09/2018 à 11:16
Je n'y arrive plus avec Vince Vaughn, dès que je le vois faire son sérieux, je pense quand même à Wes Mantooth.
06/09/2018 à 10:55
"Ouin-ouin- le film va faire un bide parce qu'on l'a téléchargé, ouin-ouin c'est la faute du vilain distrib si on est des voleurs et des teubés.
Ouin-ouin"
06/09/2018 à 10:47
Un bon série b,bien torché,sans temps morts.
MAIS tout le monde l'a déjà téléchargé et vu depuis 1 an...
Le film va sortir incognito.
06/09/2018 à 10:25
@la rédaction je ne crois pas que kolby s'adresse à vous mais plutôt aux autres internautes qui disent avoir vu le film. C'est un peu le principe des gens qui téléchargent... ;)
06/09/2018 à 10:09
@Kolby :
C'est un peu le principe de la presse, de voir les choses avant qu'elles ne sortent pour que vous ayez un avis au moment précis de leur disponibilité. ;)