Kingsman : Le Cercle d'or - critique Goldée
Matthew Vaughn retrouve ses Kingsman et réalise pour la première fois la suite d’un de ses propres films, Kingsman : Le Cercle d'or. Le metteur en scène cède-t-il aux sirènes de l’époque, ou accomplit-il la promesse du précédent film, qui s’était donné pour mission de décomplexer et renouveler un genre englué dans des codes usés jusqu’à la corde ?
EVERYTHING IS BIGGER IN KINGSMAN
Quand Matthew Vaughn a décliné la proposition de la Fox de prendre la tête de la saga X-Men après son très réussi X-Men : Le commencement pour s’atteler à Kingsman, on se doutait que le monsieur nous gardait quelques as dans sa manche. Mais on ne s’attendait pas pour autant à le voir franchir le pas de la sérialisation, lui qui s’est toujours tenu à l’écart de la dimension industrieuse du 7è art pour privilégier des projets originaux, atypiques, comme autant d’OVNIS faussement pop lancés à la figure de la production contemporaine.
Et à la vue de Kingsman : Le Cercle d'or, on comprend instantanément que le cinéaste a amené le dernier né de sa collaboration avec Mark Millar à un degré de folie et de maturité inédit. Il faut à peu près une quarantaine de secondes à son récit survitaminé pour poser ses enjeux, asseoir son style et embrayer sur une scène d’action qui ferait passer le carnage épiscopal du précédent volet pour une bagarre de cours de récré.
Poussant chaque aspect de l’univers établi dans des retranchements aussi extrêmes qu’inattendus (voire la caractérisation de tous les nouveaux personnages, cartoonesques et d’une inventivité en matière d’écriture souvent stupéfiante), Vaughn passe en surmultipliée et ne lâche jamais la pression, bien décidé à offrir au spectateur le trip d’action et d’espionnage ultime. Transformant l’image en terrain de jeu hallucinant, il imbrique à toute vitesse quantité d’intrigues, de situations, qui transforment rapidement Kingsman : Le Cercle d'or en un dispositif cinéphile intégralement voué au dépassement des fantasmes du public.
Grâce à un budget plus confortable, il se départit des quelques effets cache-misères qui handicapaient encore un peu Kingsman et dope ses scènes d’action avec l’hypercam, qui l’autorise à prolonger invraisemblablement ses plans, à coups de zooms, décadrages, ou travellings impossibles. Dans ses innombrables moments de pure folie cinétique, Matthew Vaughn se présente comme un des rares héritiers de Sam Raimi, tant il fait de sa caméra le personnage principal d’un film mû par une hardiesse sans cesse renouvelée.
L'agent Whiskey à bord du "Silver Poney"
TUER N’EST PAS JOUER
Mais Kingsman : Le Cercle d'or ne se contente pas de proposer un concentré d’action férocement ludique. On sait au moins depuis Layer Cake et Kick-Ass que Matthew Vaughn distille sciemment une vision du monde moderne, libérale, aussi critique que passionnée, un pas de deux entre attraction et répulsion. Ainsi, sous couvert de gros délire « pop », il adresse quantité d’uppercuts chirurgicaux à tout ce qui ressemble à une forme de bien-pensance ou de moraline préfabriquée.
À ce titre, peut-être faut-il voir dans l’accueil un peu tiède réservé au métrage de l’autre côté de l’Atlantique une réponse à l’acidité avec laquelle les Etats-Unis y sont portraiturés. Impitoyable dès qu’il est question de montrer en quoi les valeurs fondamentales du mythique rêve américain ont été progressivement subverties, le réalisateur piétine gaiement les tares de son époque, de la conception d’un corps social hygiéniste en passant par l’obsession de la nostalgie, ou le populisme goguenard des élites.
Bienvenue dans la jungle
Enfin, Kingsman : Le Cercle d'or se paie même le luxe de dialoguer ouvertement avec la saga James Bond, dont il adresse les tropismes doloristes qui se sont emparés de 007 dernièrement. L’attention apportée aux parcours des personnages et à leurs enjeux est à ce titre une des plus jolies réussite du film, qui dépeint avec énormément d’humour et de tendresse un espion enamouré, dont la sincérité et la gaucherie rafraîchissent l’image de l’agent secret phallocrate et achèvent de la ringardiser tout à fait. La force de Vaughn explose ainsi au grand jour, alors qu’il parvient à assumer, embrasser et par endroits pasticher l’héritage du genre, tout en lui offrant une de ses plus intenses et spectaculaires déclaration d’amour.
Lecteurs
(3.9)10/01/2022 à 14:34
Hélas, ça peut bien être Tatum qui les a mis en partie dans des problèmes d'écriture, en se désengageant du film au dernier moment... Qui sait, il y a peut-être des scènes coupées où lui et Pedro Pascal joue le rôle de l’autre (d’où le nom de Tequila, boisson plutôt hispanique) ?
Alors en retournant vite fait le tout, ils ont ainsi pu perdre du temps qui aurait pû aider à mieux développer tous les personnages, moins couper (et finaliser quelques SFX légèrement bof).
Au moins le rythme du film, lui, est sauf. Mais l'inflation de scènes coûteuses servent bien de cache-misere trop cartoonesques (hachoir automatique, Elton John qui fait du kung-fu), et ne racontent rien d'intéressant, ou sont des occasions manquées - des chiens robots, quand on sait combien sont cruciaux les chiens dans "Kingsman"... Et il n'en fait rien.
Cette note de Écran Large devrait englober les deux films en un, mais pas juste le deuxième, trop bancal.
10/01/2022 à 11:11
C'est clairement scandaleux de mettre une note supérieure au premier volet.
Je suis fan du premier Kingsman, mais ici Vaughn a eu les yeux plus gros que le ventre, trop de personnages (les Américains sont insupportables), trop de sous-intrigues, trop de longueurs, et un humour beauf qui tombe à plat... la fraicheur et l'originalité du premier se sont volatilisées.
10/01/2022 à 04:01
Bien d'accord avec @sanchez , ce film est nul et Vaughn est nul pour faire des suites à ses films.
10/01/2022 à 00:23
@Hank Culé
Totalement d'accord avec toi. Je ne comprends ce que cette scène malaisante vient faire dans le film, elle est totalement hors de propos. De manière générale le milieu du film est son boulet. Et les Statesman sont tellement nazes et pas drôles... Dommage car le film a de bons passages. Le 1er lui reste bien supérieur, mieux dosé et mieux rythmé. Le ton est devenu trop loufoque ici.
09/01/2022 à 20:32
La scène du festival rock est franchement naze. Je suis complètement sorti du film. Pas gêné ou choqué, juste trouvé le concept nul.
09/01/2022 à 19:09
Une critique que je ne me lasse pas de relire, je suis en accord avec chacun des points abordés !
09/01/2022 à 17:19
Perso j'ai adoré cette suite que je trouve meme bien meilleure que le premier film (que j'ai adoré aussi).
Franchement les Kingsman c'est monstrueux et j'ai hate de voir les prochains
03/11/2020 à 14:32
@ Sanchez
Kick ass 2 n'est ni écrit, ni réalisé par Matthew Vaughn.
03/11/2020 à 12:58
C'est rare qu'une suite sois meilleure que le premier, et pour le coup c'est le cas. Et puis Elton John est énorme bien que peu présent à l écran.
03/11/2020 à 11:37
Première fois que je ne suis pas d'accord avec Simon... Première fois (et j'espère la dernière) que je suis d'accord avec Alexandre ://... Je vais allé lire un livre avec des images.