La Planète des singes : Suprématie - critique qui file la banane

Simon Riaux | 17 mars 2023 - MAJ : 20/03/2023 14:08
Simon Riaux | 17 mars 2023 - MAJ : 20/03/2023 14:08

Aux confluents du remake, du reboot et de la franchisation qui dictent actuellement l’orientation du cinéma grand public hollywoodien, la relecture amorcée en 2011 avait tout pour rejoindre la pile de variations désincarnées qui encombrent les salles et se multiplient avec les beaux jours. Contre toute attente la saga s’est imposée comme une des propositions les plus solides et exigeantes de ces dernières années, et son troisième chapitre, La Planète des singes : Suprématie  de Matt Reeves vient clore le cycle en beauté.

 

FREEDOM FOR MY PEOPLE

Nous avions laissé les derniers survivants de l’humanité en déroute après la civilisation simiesque naissante sur le chemin de la guerre, après que les meilleurs de chaque camp aient en vain tenté de mettre sur pied un semblant de coexistence. Lorsque démarre La Planète des Singes : Suprématie, César fait de son mieux pour préserver ses troupes d’un colonel humain décidé à éradiquer les primates, mais la radicalité des actions qu’il entreprend lui fera rapidement comprendre qu’une seule espèce sortira victorieuse de ce conflit.

Toujours aux commandes de la saga, Matt Reeves use de la recette qui faisait merveille dans le précédent chapitre, à savoir marier certains éléments emblématiques du mythe originel (le roman de Pierre Boule et la première salve d’adaptations), avec des figures essentielles du patrimoine cinématique ainsi qu’un sens aigu de l’héritage mythologique que convoque son récit.

 

La Planète des singes : Suprématie : Andy SerkisCésar n'est plus là pour négocier

 

Il abandonne donc la structure du western et la symbolique opposant colons et natifs américains pour réinterpréter le mythe de Moïse et l’hybrider avec le film de guerre en général et Apocalypse Now en particulier. Et plutôt que nous proposer un catalogue référentiel, Reeves s’appuie sur une écriture rigoureuse, une construction très classique mais indiscutablement maîtrisée, qui se conjugue naturellement avec les œuvres qui gravitent autour de ce troisième volet.

 

Photo Amiah Miller"J'aime l'odeur de la banane flambée au petit matin"

 

DONKEY KONG

À bien des égards, Suprématie constitue le sommet de la trilogie dans tous les domaines. Arrivée thématiquement à maturité, la narration est aussi à l’aise dans son substrat naturaliste (on croit toujours dur comme fer dans les sidérants effets spéciaux de WETA) que lorsqu’elle se risque à produire des images lorgnant bien plus vers la SF totale – lorsque nous découvrons le camp des singes, ou que ces derniers construisent un formidable mur.

 

Photo 2Les singes sont prêts à mener leur plus grande bataille

 

Jamais l’univers de cette nouvelle trilogie n’avait été aussi maîtrisé et visuellement impressionnant. Des contreforts enneigés d’une base abandonnée,  aux ruines d’un village sans oublier une nature toujours plus puissante et sauvage, le monde qui se déploie sous nos yeux n’est plus tout à fait le nôtre et dévoile progressivement la dimension légendaire vers laquelle il s’achemine.

En témoigne un climax surpuissant, qui nous offre enfin la confrontation totale que nous annonçait la série depuis son épisode initial. Pendant près d’une demi-heure, toutes les tensions accumulées au cours des trois longs-métrages se voient libérées dans une séquence ultra-spectaculaire, dont la technicité est tout bonnement hallucinante, notamment à l’heure où tant de blockbusters renoncent à l’idée de finaliser leurs effets spéciaux.

 

Photo CaesarQue devra sacrifier César pour assurer la victoire des siens ?

 

APOCALYPSE MONKEY

S’il a toujours été au centre du dispositif qui fit de la saga une réussite, Andy Serkis devient ici le cœur palpitant de la narration, et donc l’unique ressort émotionnel. On ne doutait pas un instant de sa capacité à pousser plus loin encore l’interprétation de César, mais force est de constater qu’il y parvient. D'ailleurs si la conclusion de cette trilogie parvient à nous émouvoir en profondeur, c'est sans doute grâce aux tours de force technologiques qui la rendent possible, mais leur réussite est avant tout à mettre au crédit de l'acteur, qui est parvenu à faire d'un artefact technique un véritable support artistique.

L’écriture de ce prophète velu est d’une telle densité et son interprétation si confondante, qu’on n’en oublie régulièrement combien sa trajectoire empreinte à des figures mythologiques bien connues. Andy Serkis se paie même le luxe d’effacer à lui seul les menues scories du film, qui veut parfois en faire un peu trop.

 

Photo 5

Ne manque plus que la statue de la liberté...

  

Ainsi, si le retour des problématiques liées à l’épidémie qui a décimé l’humanité ne manque pas d’intérêt, elles sont une nouvelle fois survolée, tandis que certaines pistes, comme le destin de Bad Ape sont à peine esquissées et manque ainsi d’impact. De menues erreurs, néanmoins aisément détectable, le scénario préférant un classicisme parfaitement digéré à une originalité feinte. Il n’en demeure pas moins que La Planète des Singes : Suprématie est à l’heure actuelle le seul blockbuster estival à pouvoir se targuer de dominer son sujet et de s’efforcer de le traiter cinématographiquement et que cela suffit à nous donner la banane.

 

Affiche française

Résumé

Hybridant Apocalypse Now et L'Ancien Testament, ce troisième volet de La Planète des Singes s'impose comme le sommet de cette relecture soignée et cinéphile.

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Lecteurs

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commentaires
manu
01/09/2018 à 11:18

Le meilleur épisode d'une franchise complètement surestimée. Les mieux : la réal, les CGI pour le reste, on repassera...le film se croit intelligent alors que c'est très souvent bien niais avec des humains insupportables qui se résument à être très c.ns, très méchants et qui suivent un leader comme des moutons sans se poser de questions et des singes naturellement gentils et mignons (sauf 1...), mention spécial à César qui tire une tronche de souffre douleur pratiquement dans chacune des scènes (quand je pense que certains voulaient à tout prix filer l'oscar à Andy Serkis pour son incroyable interprétation, mais LOL). Bref, trilogie à voir une fois et à oublier.

Poupa
31/08/2018 à 22:53

J ai adorer par contre ceux qui critique apprécieront peut etre le futur reboot qui ce profile made in Disney hein ? 'Je dis ça comme ça hein peut être qu ils vont aimer la futur version bisounoursland que va proposer Disney ét là certain crieront au chef d œuvre hein ?

Riddick
31/08/2018 à 22:36

Trop déçu. Le 1 et 2 posaient bien les bases mais celui la était vraiment chiant à part la belle scène d introduction. Quel gâchis

Box office
31/08/2018 à 19:17

Ce film est d'une chiantitude incroyable , une purge . Du rien et encore du rien

Banana Bonobo
30/08/2017 à 02:01

Pas vraiment foufou à l'origine de la franchise, tout en connaissant tout de même, j'ai été conquis par ce 3 ème volet et la trilogie globalement, autant par sa finesse d'approche que par le jeu des acteurs, avant tout. Andy Serkis est très bon encore une fois de A à Z, et bien que certains points soient malhabiles comme la tirade citée plus haut, on pardonne aisément grâce, à mon goût, à plusieurs sentiments transmis. Du paradoxe de la jeune malade se sentant plus proche des singes à la dualité dévorant César de la 1 ère apparence de Koba jusqu'au suicide du capitaine, l'écriture pousse à une vraie réflexion.
Bravo donc pour ce bon travail mythologique, et surtout artistico-philosophique!

Audreyr
28/08/2017 à 08:41

Il y a surtout une belle faute de traduction "si demain il est vivant, il se met au travail, si non tuez-le"... s'il n'est pas vivant logiquement, c'est qu'il est mort...

Quilecon
27/08/2017 à 13:48

Je l'ai préféré à boule et bill 2

Jaja
25/08/2017 à 20:36

JJ ai été très déçu je n ai pas aimé.. trop de longueur

Jaja
25/08/2017 à 20:35

JJ ai été très déçu je n ai pas aimé.. trop de longueure

bruno
23/08/2017 à 22:24

Ce que dit Greg, je l'avais noté et j'avoue que ça m'a interpellé dans le sens où je ne comprenais pas ce que le réalisateur voulait dire à travers la non réaction de la fille après la mort de son père et son émotion à la mort du gorille. Est-ce juste une négligence du réalisateur ou alors il ya un message que je n'ai pas saisi?
Mais sinon j'ai aimé petite mention au petit chimpanzé très drôle dont j'ai oublié le nom.

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