'71 : Critique

Simon Riaux | 3 janvier 2015 - MAJ : 22/08/2023 17:20
Simon Riaux | 3 janvier 2015 - MAJ : 22/08/2023 17:20

On pourrait croire Yann Demange sorti de nulle part. Pourtant, ce réalisateur franco-algérien élevé à Londres est derrière l'excellent Dead Set, aussi ignoré par les médias mainstream que célébré sur la Toile. C'est donc avec un réel intérêt que l'on découvre '71, qui nous plonge au cœur d'un Belfast ravagé par la guerre civile.

De la même manière qu'il faisait mine d'investir frontalement le zombie flick pour finalement délivrer une satire mordante de la télé-réalité, le metteur en scène feint ici de suivre les traces de Paul Greengrass et de son hyper-réaliste Bloody Sunday pour nous offrir un pur thriller à cheval entre film d'espionnage et polar hard boiled. '71 n'est pas là pour rouvrir les blessures du passé ou nous livrer des leçons sur les horreurs de la guerre, mais bien pour nous immerger dans un récit ahurissant de tension et de cinégénie.

 

 

 

Dès les premières minutes du film et une hallucinante séquence d'émeute, le spectateur se retrouve chevillé au corps de Jack O'Connell. Après Les Poings contre les murs, le jeune acteur nous prouve une nouvelle fois qu'il maîtrise à la perfection ces rôles extrêmes, où intériorité et physicalité se mêlent pour nous exploser au visage. Figure de l'innocent broyé par une guerre qu'il ne peut comprendre, il propose une figure passionnante du militaire britannique, à mille lieues des clichés rebattus.

 

 

 

Mais le véritable héros du film n'est autre que son réalisateur. Capable d'évoquer le temps d'une poursuite au cœur d'un faubourg transformé en fourmilière infernale le Point Break de Kathryn Bigelow aussi bien que Walter Hill et John Carpenter, il remporte haut la main son formidable pari. Celui de mettre en scène une œuvre de pur divertissement capable de s'élever au rang d'authentique témoignage et qui jamais ne se transforme en tract ou spectacle complaisant.

 

Résumé

On ressort de '71 sur les rotules, impressionné par les performances enragées de Yann Demange et de son acteur, Jack O'Connell.

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Lecteurs

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commentaires
Flo
13/12/2023 à 14:34

Pour son premier film, Yann Demange fait à la fois dans la reconstitution historique d’une époque troublée – en plein conflits catholiques/protestants en Irlande…
Dans le film de traque, mélangeant à la fois le Polar à l’ancienne et le jeu vidéo – il faut utiliser tout l’espace labyrinthique de la ville, mais les moments de violence sont hyper remuants quand ils surgissent (émeute, balle dans la tête, explosion terrible etc)…
Et dans le film nocturne, nous invitant à une balade éclairée aux feux incendiaires et aux néons, de lieux en lieux jusqu’au petit matin, à condition de pouvoir survivre à cette épreuve où personne n’est totalement digne de confiance. Et où l’on sacrifie sans vergogne l’enfance et l’innocence, jusqu’à vous dégoûter d’être soldat.
Le personnage principal que joue Jack O’Connell passe alors d’un jeune homme plutôt sûr de lui et confiant, à un corps supplicié, quasi muet, tout le temps en mouvement mais également compatissant, anticipant un peu sur ce que sera « 1917 » de Sam Mendes.
Avec le recul, il est amusant de le retrouver lui mais aussi Sean Harris, en barbouze ayant ses entrées dans les deux camps (tant que ça reste loin de l’Angleterre).
Et Barry Keoghan, jouant déjà les jeunes mutiques, au regard perçant et aux réactions imprévisibles.

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