Test : Plein soleil

Christophe Foltzer | 11 août 2013
Christophe Foltzer | 11 août 2013

Là, c'est du lourd. S'attaquer à Plein Soleil, c'est risqué, tant le film est excellent, tant il est important pour notre patrimoine culturel, tant il est la confirmation (pour qui en doutait) qu'avant d'être un homme ivre de lui-même, Alain Delon est avant tout un comédien phénoménal. René Clément le filme comme personne et emballe en passant une œuvre terriblement maîtrisée, inquiétante et fascinante, belle et froide. C'est ce qu'on appelle un incontournable.

 

Dire que le Blu-Ray est attendu relève de l'euphémisme. L'annonce d'un nouveau master 4 K réalisé avec soin par Studio Canal achève de mettre la bave aux lèvres. Un tel monument dans une qualité HD remarquable, ça tient du rêve.

 

 

  Image StudioCanal : Cliquez sur la capture pour accéder à nos captures en 1920x1080

 

 

Et pourtant nous avons été fort déçus lors de nos premières impressions. C'est que nous avions encore en tête la copie Criterion qui montrait un master lumineux (trop ?), des couleurs chatoyantes (trop ?) et une définition de l'ensemble remarquable (c'est jamais trop). Là on avait l'impression de voir une image souffrir d'une désaturation qui rendait le tout un peu artificiel et fade. Les couleurs nous semblaient ternes, les noirs presque gris et les arrière-plans bouchés. Pour autant la restauration 4K n'était pas en cause. Alors quoi ?

 

Du coup, avant de nous lancer dans une diatribe bien sentie, nous avons voulu contacter Studio Canal qui nous a fait part de sa surprise et a fort obligeamment joué le jeu puisque nous leur avons proposé une séance comparative au Nouveau Latina, cinéma parisien propriété de Carlotta qui distribue le film en salles (que nous profitons pour remercier aussi) entre la copie DCP, le blu-ray Studio Canal et celui de Criterion.

 

Et là c'était à nous d'être surpris car si le Blu-ray montre des signes de faiblesse en terme de définition par rapport au DCP (quoi de plus normal) ainsi qu'un léger voile qui atténue les contrastes, il s'agit là tout de même d'une copie conforme. La photographie d'Henri Decae est bien respectée, on note les mêmes arrière-plans « bouchés », les mêmes couleurs désaturés. Le dégrainage est réel mais pas rédhibitoire.  

 

 

Image Criterion : Cliquez sur la capture pour accéder à nos captures en HD

 

Alors c'est certain par rapport au criterion c'est le jour et la nuit et on serait même tenté de dire que nous préférons cette image. Mais à partir du moment où l'encodage Studio Canal respecte le nouveau master restauré 4K (on rappel que le Criterion est issu d'un master 2K datant de l'année dernière) diffusé dans les salles actuellement et à Cannes en avant-première cette année, on ne va pas jouer les apprentis sorciers en s'amusant à mettre en doute le travail de restauration lui-même. Ne serait-ce que sur l'approche des couleurs. Proche du Technicolor chez Criterion et plus en phase avec nos attentes de spectateurs d'aujourd'hui. Tout comme le garde fou du dégrainage qui a tendance à lisser les images d'antan pour les faire ressembler à celles numériques d'aujourd'hui, il faut aussi se garder d'avoir en tête les us et coutumes de la photo en couleur des films de cette époque surtout aux États-Unis. Plein Soleil n'a pas été tourné en Technicolor et ce même si sa palette chromatique est très riche. Mais d'une richesse qui fait moins le grand écart entre différentes couleurs vives que dans une volonté d'en étudier toutes les possibilités primaires ou secondaires au sein d'une certaine logique de mise en scène. Decae faisait la même chose en N&B. Que l'on se souvienne de La 317ème Section.

 

Côté son, la piste française est proposée dans un DTS-HD Master Audio 2.0 Mono du plus bel effet qui ravira les amateurs. Notons que l'éditeur a également inclus des sous-titres pour sourds et malentendants, ce qui est toujours un plus bienvenu.

 

La partie suppléments réserve son lot de surprises. Si, à l'énoncé, ils ne sont pas très nombreux, leur contenu est par contre fort intéressant. Tout d'abord un entretien avec Alain Delon, touchant et égal à lui-même, qui en 19 minutes déclare son amour incommensurable pour René Clément, n'hésitant jamais à le comparer avec les autres légendes qui l'ont fait tourner et le plaçant toujours en haut du podium. Emouvant. Le gros morceau de cette section, c'est bien sûr le documentaire René Clément, au cœur de la (Nouvelle) Vague, un module indispensable pour tout cinéphile puisque en multipliant les intervenants (dont à nouveau Delon, mais aussi Brigitte Fossey et René Clément lui-même), il plonge un peu plus dans les méandres de la création du film mais surtout il corrige une terrible injustice en réhabilitant le travail de ce réalisateur mis au ban par la Nouvelle Vague. Et dézinguer la Nouvelle Vague à coups d'arguments imparables, ça fait toujours plaisir. Reste enfin un bonus sur la restauration elle-même, un comparatif de 4 minutes entre plans restaurés et plans abîmés. Et, effectivement, il y a eu un gros boulot.

 

 

Apport HD : Ce Blu-Ray s'impose sans problème comme un incontournable de l'été.

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