Test : Le Nouveau monde - Version longue

Julien Foussereau | 1 décembre 2010
Julien Foussereau | 1 décembre 2010

On retrouvera sur ce Blu-ray le making of d'une heure déjà présent sur le DVD (et chroniqué ici). Mais, au fond, le vrai supplément est présent dans le film lui-même avec cette version longue de 37 minutes supplémentaires. On pourrait procéder à un comparatif minutieux franchement indigeste avec captures et timecode à l'appui. Ce serait une perte de temps puisque certaines scènes ont été complètement remontées avec des agencements de plans radicalement différents ou des voix-off retravaillées. Ces modifications peuvent aller du plan rajouté ou rallongé au bloc entier de cinq minutes (John Smith réanime un papoose Powhatan noyé et gagne le respect de la tribu ; Pocahontas envisage brièvement le suicide par empoisonnement après l'annonce de fausse mort de Smith, etc.). Le cours de l'histoire ne change pas beaucoup, la respiration davantage.

 

 


Malick tourne beaucoup, à l'envi et travaille ensuite énormément en salle de montage (pas moins de quatre monteurs ici). Pour commencer, cette version longue est articulée autour de neuf intertitres, une construction littéraire qui tend à amplifier le côté romanesque de l'histoire. Flaherty, le documentariste pionnier, est une des grandes influences de Malick qui n'aime rien tant que laisser tourner la caméra pour enregistrer les tranches de vie, qu'elle soit plus ou moins primitive. En cela, ceux qui nageaient dans un bonheur élégiaque lorsque Smith apprenait les us et coutumes des Powhatan seront aux anges puisque des minutes supplémentaires ont été réinsérées. A ce titre, le film prend encore plus son temps qu'avant, comme s'il voulait rendre compte d'un rythme de vie plus lent à l'époque. Sans perdre pour autant son pouvoir hypnotique (enfin, pour ceux qui aiment, hein !).

 

D'un autre côté, la bataille centrale spectaculaire gagne en violence. Par ailleurs, on remarquera que les voix-off sont plus présentes afin d'illustrer le régime d'images superbes de Terrence Malick, comme pour exprimer davantage la vérité intérieure des protagonistes, toujours plus humains, toujours plus beaux. Certes la balance du triangle amoureux dessert la partie avec John Rolfe (Christian Bale) mais comme le disait un ami : « Il faudrait pouvoir vivre dans les films de Malick (voire y mourir, mais je deviens poétique) ».

 

En définitive, l'auteur de ces lignes a du mal à déterminer quel est le meilleur montage. Il sait juste qu'il aime autant les deux parce que rarement un film récent aura fait passer autant de sentiments et d'humanité dans sa mise en scène.

 

Apport HD : Pas de discussion possible. On aime Le Nouveau monde ou pas. Si l'on désire retrouver le sentiment d'émerveillement de la défloraison en salles à sa sortie, ce Blu-ray est indispensable. D'autant que cette version longue est vraiment enrichissante (dixit le rédacteur particulièrement objectif qui a en sa possession les trois montages existants du film dans sa DVDthèque et qui gonfle tout le monde avec Malick).

Le Nouveau Monde va bientôt souffler ses cinq bougies et Metropolitan se décide enfin à commercialiser la version longue en France. Le DVD de la version cinéma était déjà remarquable. Le Blu-ray de cette épopée romanesque de 172 minutes s'apparente à une redécouverte. Metropolitan ne s'est pas compliqué l'existence en reprenant le master 1080p / VC-1 utilisé par New Line pour le disque américain (les sous-titres anglais incrustés à même le master pour les passages en algonquin sont encore présents). Pour un résultat splendide. Avec la constante évolution des techniques d'encodage, on prend conscience a posteriori d'une manipulation des contrastes sur le DVD. Ici, la luminosité du Blu-ray est plus sombre quoique plus naturelle.

 

 

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Ce transfert Blu-ray jouit également d'une stabilité chromatique tout simplement magnifique dans la pénombre de la hutte géante Powhatan (où les noirs se révèlent à tomber par terre) comme dans les extérieurs baignés dans la lumière orangée du soleil couchant. Les teintes de peau sont également plus naturelles avec de belles nuances. Mais le progrès le plus significatif demeure incontestablement le relief procuré par la HD. Un sentiment de plat domine à la vision du DVD quand on a gouté à la tridimensionnalité apportée par ce Blu-ray rendant justice à la profondeur de champ chère à Malick. On mettra cela sur le compte d'une définition et d'un piqué accrus. On parvient même à distinguer la place qu'occupe John Smith ou Pocahontas à bord d'un bateau filmé en plein contrejour dans un plan large. Le niveau de détail dévoilant leur lot d'aspérités sur les tissus, fourrures, chevelures et peaux humaines est impressionnant. Les fondus au noir sont désormais irréprochables, sans stratification aucune (une seule occurrence sur un ciel couvert). Tout juste quelques halos sont décelables autour des toits du fort Jamestown. Le reste n'est que beauté et volupté.

 

 

Le disque New Line proposait une piste Dolby TrueHD 5.1. Metropolitan dégaine les VO et VF DTS-HD Master Audio 5.1. On fait l'impasse sur la VF parce que la vie est trop courte pour subir un doublage qui ne rendra jamais suffisamment hommage à la beauté aurale des films de Malick. Avec un ampli HD, on donne un léger avantage au flux DTS-HD pour la puissance des basses et la séparation des canaux. En revanche, ce sera beaucoup plus avantageux pour les amplis de générations antérieures avec connectiques optiques ou coaxiales où le core mix vous procurera une piste DTS 5.1 plein débit de très haut niveau. On le sait, Malick attache un soin particulier au sound design de ses films. Pour lui, il est presque plus important de saisir la musicalité authentique de la nature que la signification ou la bonne écoute des dialogues. Ainsi, Le Nouveau monde, portrait de femme et romance sublime sur fond d'invasion continentale annoncée au 17ème siècle, n'est typiquement pas le genre de film nécessitant une pyrotechnie de premier choix, encore moins un déluge balistique sur 6 canaux.

 

 

Et pourtant, le mix est extrêmement actif de par la volonté du cinéaste de faire venir la Virginie dans son salon. Dès le plan d'ouverture, la faune résonne dans l'espace sonore. Le gazouillis des oiseaux ou le vent caressant les hautes herbes sont parfaitement diffusés et la localisation est d'une précision souvent redoutable. L'espace sonore est envahi par les cris de guerre Powhatan et les jets de flèches lors du passage guerrier avec une puissance et une justesse dans le rendu rarement égalées. Mais tout le reste du film, d'une fièvre plus élégiaque et romantique, bénéficie de ce traitement de luxe. En clair, le chant du colin de Virginie au petit matin a autant d'importance que les bouleversements historiques tonitruants. Le score de James Horner affiche un surplus de rondeur et de sensualité sur ce flux HD (on constatera d'ailleurs après la Avatar-mania que Horner ne s'est vraiment pas fait chier tant les similitudes entre le score de la superprod de Cameron et celui du Nouveau monde crèvent les tympans). L'Or du Rhin de Wagner déploie une dynamique des plus appétissantes tandis que la charge lyrique du Concerto pour Piano n°23 de Mozart gagne en magnificence. Cette bande-son particulièrement immersive est transférée sur ce Blu-ray avec une infinie justesse.

Résumé

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