Smallville : le meilleur (et le pire) de la série de Superman ado

Camille Vignes | 31 octobre 2021
Camille Vignes | 31 octobre 2021

On parle souvent de Buffy contre les vampires, de Charmed, de Stargate SG-1 ou encore de Prison Break quand, avec nostalgie, on se souvient de la Trilogie du samedi. Et souvent, on en oublie Smallville, la série pour pré-ado qui a pourtant eu l'occasion de séduire un bon paquet de personnes. Alors pour ses 20 ans, retour sur cette série culte. 

Pas de collant. Pas de vol. Deux affirmations simples, limpides, et un brin saugrenues dès qu’il s’agit de décrire le prochain Superman visible à l’écran. Mais pas vraiment familiers des comics, ni franchement fans non plus, les deux bonhommes derrière Smallville, Alfred Gough et Miles Millar, avait une idée très claire : ils voulaient dépouiller le super-héros de son essence. Retrouver le paladin des temps modernes, preux et accessible, évincer l’homme d’acier survolant l’humanité pour explorer l’humain sous le costume.

 

Tom WellingC'est partiiiiiiiiiiiiiiiiii

 

Derrière son univers de science-fiction, le récit initiatique de Clark Kent est somme toute classique. L’histoire d’un élu, un super-héros en devenir, et de son groupe d’amis découvrant difficilement toutes les problématiques du passage à l’âge adulte : le manque de confiance en soi, la découverte de son identité, le sentiment d’isolement, les relations familiales et amicales qui se distendent, notamment à cause de mensonges et de menus secrets, le deuil, l’abandon… Mais c’est justement en préférant explorer l'humain sous la combinaison qu'Alfred Gough et Miles Millar ont fait montre d’une très grande originalité.

Pour ses spectateurs, nombre de moments resteront à jamais dans les mémoires, comme la tempête de tornades en fin de première saison, la mort de Jonathan Kent dans la cinquième, alors que Clark avait finalement décidé de révéler son secret à Lana, l’avènement de Superman en fin de course, ou encore l’arrivée progressive des membres de la Justice League, et l'introduction de la Justice Society.

Smallville ne brille pas par un quelconque génie de réalisation, c’est plus l’oeuvre dans son ensemble qu’il faut regarder pour comprendre pourquoi c’est peut-être l’une des meilleures adaptations de Superman. Retour donc sur 10 ans de Clark Kent, du pire qui a été fait, au meilleur.

 

photo, Tom Welling, Michael RosenbaumLex vs Clark : la plus belle des boîtes de Pandore

  

9. SAISON 6 & 7 : ZONE FANTÔME

Qu’est ce que ça raconte déjà ? Clark, enfermé dans la zone fantôme, tente coûte que coûte de revenir sur Terre, où il sait Zod présent. Une fois qu'il s'est enfui de cette prison extraterrestre, c'est Metropolis qui devient définitivement le théâtre des opérations, notamment grâce à l’arrivée de Chloé Sullivan au Daily Planet. Clark retrouve dans les rues de la ville tous ses petits copains les vilains prisonniers, eux aussi échappés de la zone fantôme. Avec ce décor, ce sont aussi les premières réunions en faction de super-héros qui voient le jour: Clark Kent au centre, Arrow, Aquaman, Flash et Cyborg à ses côtés.

Superman toujours pas là, et Clark Kent, fantôme de lui-même ? Un monde sans Superman, c’est un monde où Clark Kent se morfond dans sa ferme du Kansas, où passivement, il subit ses pouvoirs et sa condition extraordinaires, où sa rupture avec Lana, et la relation de cette dernière avec Lex est le meilleur motif pour broyer du noir, et ne plus vraiment courir après sa destinée. Un monde sans Superman, avec un Clark qui ne sait pas vraiment qui il est, qui ne veut toujours pas être celui qu’il faudrait qu’il soit, c’est un monde où Lana épouse Lex, croit être enceinte de lui, fomente sa propre mort pour lui échapper, intrigue au moins autant que le riche héritier, se remet avec Clark, avant de le quitter, plus amoureuse d’un double que de lui-même…

 

photo, Tom WellingBizzaro, Bad Guy de l'année 

 

6 & 7 - le duo de l’angoisse : Avec ces deux saisons, Smallville aurait pu entrer dans une phase vraiment sympa de sa série. Annonçant Zod dès la fin de la saison 5, c’était l’occasion de donner sa dimension spectaculaire, extraterrestre, et profondément grandiose à l’histoire. Ç’aurait pu être l’occasion de faire glisser Clark vers le personnage de Superman, avec ce premier vrai face à face contre un vrai Kryptonien.

Le problème, c’est que la série hésite, fait du surplace et continue inlassablement à ramener d’anciens démons sur le devant de la scène. Certains fonctionnent, mais dans l’ensemble après cinq saisons complètes de « méchant de la semaine », de tribulations introspectives de Lex et d’allers-retours entre Lana et Clark, la série ne réussit pas à sortir quelque chose de vraiment nouveau de son chapeau.

En ça, ces deux saisons se suivent, comme un seul arc triste, ou le super-méchant Lex et le super-héros Clark avancent mollement vers leur destin, et où le puritanisme américain devient réellement gerbant (coucou la relation de Lana et Clark qui n'aboutit jamais à rien d'autre qu'à un petit bisou et qui fait du sexe l'interdit suprême...).

En réalité, tout arrive un peu tard, tout est étriqué et compliqué pour gagner du temps et des épisodes dans le développement des personnages, et des intrigues. La longueur de la série commence à se faire vraiment sentir, et jamais plus qu’avec ces deux saisons, elle n’aura crié son besoin de faire des coupes dans son récit. À la revoyure, la série aurait facilement pu ne durer que 7 saisons, voire 6.

 

photo, Michael Rosenbaum, Kristin KreukQuand la meuf de ton meilleur pote ne suffit pas

 

8. SAISON 4 : LE VOL DU KRYPTONIEN

Qu’est ce que ça raconte déjà ? Same old, same old… un méchant radioactif à cause de la kryptonite, un gentil Clark qui vient sauver tout le monde, une Lana abonnée aux « je t’aime, moi non plus », et des Luthor qui n’en finissent pas de faire suer le monde avec leurs jeux de pouvoir, d’argent et de trahison.

Il va falloir donner un vrai coup de fouet : La troisième saison n’était pas la plus agréable à suivre, trop longue, avec un manque d’imagination marquant, et ce format qui appelle forcément aux longueurs. Avec cette quatrième saison, les choses deviennent vraiment compliquées, et dans l’ensemble, les péripéties des personnages perdent sincèrement de leur intérêt. Celui de Lana pâtit cruellement de la mollesse de l'ensemble (ce n'est pas la seule fois qu'elle sera catalyseur des problèmes).

Partie à Paris pour se renouveler, elle revient en à peu près 5 secondes 30 à Smallville. Et, histoire d’expliquer ce retour précoce, la production lui a balancé une ancêtre sorcière, pas crédible pour un sou, une histoire de manipulation avec la mère de son nouveau petit copain (revenu de France avec elle), et une autre de possession magique.

 

photo, Erica Durance, Kristin KreukSurtout, ne pas avoir peur du ridicule

 

Même la rencontre avec Kal-El en début de saison, réveillé par Jor-El, n’est pas si satisfaisante. Certes, voir le personnage principal voler pour la première fois depuis le début de la série à quelque chose d'une récompense, après plus de 60 épisodes, mais étant profondément Kryptonien, avec des envies de règne sur l’humanité, et un manque cruel de sentiment (l'essence de Superman grosso modo), cette apparition en début de saison rejoue l’ouverture de la précédente : Clark Kent est différent, beaucoup plus confiant, bien plus enclin à répondre à ses envies... et beaucoup moins lui-même. 

Pourquoi il ne faut pas abandonner ? La série est dans le creux de la vague avec cette saison. Les producteurs ont essayé de la redynamiser en insufflant une ambiance plus légère à la série, retrouvant avec plus d’appétit les problématiques adolescentes qui avaient été un peu évincées, les couloirs et le terrain de foot américain redeviennent les lieux les plus présents.

C'est l'occasion pour Smallville de continuer de construire l’histoire de Clark Kent, pour la rapprocher de ce que l’on connaît de Superman. Loïs Lane apparaît pour la première fois, pleine de fougue et aux antipodes de Lana Lang. La Justice League apparaît aussi, évoquée de loin en loin avec l’apparition de Flash... Hormis ça, et hormis l’histoire de Lex, toujours plus tragique, pilier incontestable de la série, tout le reste est tout à fait anodin, oubliable.

 

photo, Michael RosenbaumLe face à face le plus fort de la série

 

7. SAISON 3 : NAMAN EST LÀ

Qu’est ce que ça raconte déjà ? Après son exil de quelques mois à Metropolis où, sous l’emprise de Kryptonite rouge, il s’adonnait à une vie luxueuse de braquage de banque et de sorties nocturnes, Clark finit par revenir à la raison, et retourne chez ses parents à Smallville. Son apprentissage de la vie de super-héros continue sans grande nouveauté, tandis que Lex intrigue de plus en plus et cède progressivement à ses démons.

Pourquoi c’est juste passable ? Il n’y a pas grand-chose à dire sur cette saison. L’académisme de la série prend le pas sur le reste, écartant toute possibilité de construire une histoire plus complexe et plus mature. Clark sauve des pauvres victimes, il fait interner des kryptomonstres à Belle Reve (l’hôpital psychiatrique du coin), et recommence inlassablement ses belles actions. Malheureusement, la partie artistique de la série ne prend pas le dessus, les réalisateurs et showrunners ne profitant pas de ce cadre bien rodé pour proposer quoi que ce soit de nouveau ou d’intéressant.

Et en ce qui concerne l’avancement du mythe Kryptonien, ce n’est pas non plus la panacée. Les grottes Kawatches deviennent indispensables. Elles sont même le nouveau centre névralgique de l’histoire : Clark y est tous les quatre matins, les Luthor commencent à s’y intéresser de trop près aussi, tandis que la légende Kawatche de « Naman », sorte de mythologie auto-réalisatrice, prend de plus en plus de place. Bref, la science-fiction se mêle à des mythes primordiaux, et c'est surtout pour le meilleur de l'ennui.

 

photoD'étranges inscriptions rupestres qui font de la lumière... ?

 

Ce qu’on en garde : Côté mythologie justement, une chose nouvelle apparaît. Clark montre les prémices de sa lutte contre les volontés de son père biologique Jor-El. Élevé par les Kent, il est profondément humain, et le destin qui s’avance devant lui n’a rien de terrestre. Mais l’ensemble est sans grand intérêt pour l’histoire générale et, cette saison peine à rebattre les cartes. Outre Lana qui décide de partir en fin de saison (énième au revoir à Clark), les autres personnages continuent d’écrire une histoire, sans grande passion.

Le jeu de miroir entre Lex et Clark est mis en défaut par l’ambivalence du héros lui-même. Capable du meilleur comme du pire s’il laisse sa vigilance lui faire défaut, Clark lutte véritablement avec ce qu’il est, sa condition d’alien caché parmi les hommes le fait réellement souffrir. C’est d’ailleurs pour ça qu’il était parti, météorite rouge au doigt, en fin de deuxième saison.

De son côté, l’origine story de Lex Luthor, être brisée par manque d’amour et de confiance et par excès de trahison, continue d’être explorée. Au niveau des explorations personnelles, cette saison est très aboutie, que ce soient à travers le discours sur les conséquences de la fuite de Clark à Metropolis ou celles des manigances des Luthor — chacun du père et du fils cherchant à faire choir l’autre.

 

photoL'ambiguïté personnifiée 

 

6. SAISON 10 : LE PREMIER ENVOL

Qu’est ce que ça raconte déjà ? Dans l’histoire canonique de Superman, c’est surtout à Doomsday que revient la chance d’anéantir le Kryptonien. Avec Smallville, c’est Zod qui réussit à mettre en échec le héros. Alors quand l’ultime saison de la série s’ouvre, Clark est dans un entre-deux, un monde entre la vie et la mort, et il ne devra qu’à Loïs d’échapper à la seconde pour embrasser la première. Cette saison, c’est celle de tous les possibles : Martha a finalement donné son costume à Clark dans la précédente saison, alors 10 ans après, c’est l’heure de Superman.

Pourquoi ça aurait dû arriver avant ? Qu’on se le dise, que ce soit lors de sa diffusion, ou à la revoyure, l’avènement de Superman arrive beaucoup trop tard. Dix saisons c’est long. Dix saisons de plus de vingt épisodes de 45 minutes, c’est énorme. Certes, comme pour ses effets visuels et son esthétique, Smallville accuse son âge et la rigidité des formats télévisuels d’alors, mais rien n’explique vraiment qu’elle ait duré autant de temps.

Vous l’aurez compris avec ce classement, il y avait de grosses coupes à faire dans cette série, et dès lors que ses créateurs sont partis voguer vers d’autres cieux, la série s’est moins permis de perdre du temps, ramenant directement sur le devant de la scène les Doomsday, Zod, puis Darkseid. Et finalement, elle n'a plus mis que deux saisons à faire de Clark le vrai héros de tous les temps.

 

photo, Tom WellingLE strip-tease attendu depuis 10 saisons

 

Un final, c’est forcément raté ? Alors oui, quand le S jaune des El, symbole suprême de Superman apparaît sur sa poitrine, quand Clark prend son envol pour la toute première fois, sans avoir plus besoin ni de son père, ni de personne pour lui dire qui et quoi être, tout ça a un goût de récompense bien trop prononcé pour être complètement épique. Si bien qu’on en viendrait presque à se demander si tout ça est apprécié grâce à la réalisation et aux imbrications des intrigues, ou plutôt parce que c’était la carotte au bout du chemin, et que l’on était affamé.

Loin des considérations adolescentes des débuts, loin des démons de Lex, pendant sombre de Clark, que ce dernier cherche depuis la première saison à ne pas devenir, le jeune journaliste fait finalement naître son alter ego extraordinaire avec l’aide de Loïs, et c'est l'arrivée de Superman. Mais perdu dans un besoin de faire revenir Kara, Lionel, Jonathan et Lex, ou de donner un passif commun à Tess et ce dernier, cette dernière saison passe quand même à côté de ce grand méchant qu'est Darkseid.

 

photo, Tom WellingUn costume, des lunettes et un Clark

 

5. SAISON 5 : LA FORTERESSE DE LA SOLITUDE

Qu’est ce que ça raconte déjà ? Alors qu’il avait commencé son apprentissage avec Jor-El, Clark stoppe tout pour sauver Smallville d’une seconde pluie de météorites. Il se débat toujours plus avec sa double identité et, alors qu’il décide enfin d’être heureux avec Lana et d’arrêter de lui mentir, la mort de son père le cloître encore un peu plus dans ses silences et ses secrets.

Métropolis Baby : La création de la Forteresse de la solitude, perdue dans les glaces, fait entrer Clark Kent dans une nouvelle phase de sa vie où la présence de Jor-El est toujours plus accrue. Il devrait avancer vers l’acceptation de son identité, mais c’est l’inverse qui se passe, et il n’aura de cesse de se lever contre la volonté de son père biologique, refusant encore et encore son destin. Voir un ancien ami sombrer, voir son père mourir à cause de son secret, voir depuis cinq ans ses camarades lycéens se transformer en monstre au contact de météorites Kryptonnienes, tout ça marque Clark. Et ce n’est pas un hasard s’il refuse avec tant de véhémence l’avenir que lui décrit Jor-El.

Alors que le lycée était au coeur de la saison précédente, Clark maintenant diplômé, c’est Metropolis qui entre enfin en jeu, devenant un décor de plus en plus récurrent, loin des champs de maïs, de la grange des Kent et des ordinateurs de la Torche, le journal du lycée. Un peu éloigné des Luthor aussi. 

 

photoLa pieta

 

Un vrai nouveau souffle ? Dans la quatrième saison, Clark avait commencé à s’éloigner de Lex, ne trouvant plus chez lui l’oreille attentive et mature. Plus de doute possible avec cette saison : Lex a définitivement cédé à sa paranoïa, complètement obnubilé par le secret de Clark.

Aussi redondante que l’histoire de Clark et Lana, celle de Lex et du héros reste néanmoins plus intéressante et la plus réussie de la série. Et cette saison continue de le prouver : à force de mensonges et de secrets, à force de manque de confiance, l’image que Clark renvoie à Lex à lui-même se rapproche de plus en plus de celle que Lionel Luthor a créée. Lex n’est pas l’antagoniste arrivé ex nihilo que l’on connaît. S’il devient le big boss final de l’histoire, il est plus celui de Clark que de Superman. Et c’est à Clark, tout autant qu'aux mauvaises conclusions qu'il tire des épreuves de sa vie, qu'il doit cette transformation. 

 

photo, Tom WellingÇa fait mal de devenir un héros

 

4. SAISON 9 : ET ZOD FuT

Qu’est ce que ça raconte déjà ? À partir de la huitième saison, l’histoire devient simple : il ne manque plus à Clark que son costume et l’apprentissage du vol pour devenir Superman. Les rues de Métropolis ont de moins en moins de secrets pour lui, surtout qu’il n’a plus pour ambition de n’être que le Flou, trop affecté par la mort de Jimmy et la disparition de Loïs en début de saison. Mais les Kryptoniens continuent de poser problème, avec leur volonté d’écraser l’humanité pour faire de la Terre leur nouvelle planète. Trois saisons après son introduction, Zod est donc l’ennemi. Pas seulement celui de Clark, pas non plus celui de de Métropolis uniquement : celui de la terre et de ses habitants.

Le problème avec Zod : On comprend facilement l’envie des producteurs de piocher dans la manne terriblement fertile des comics pour y trouver les histoires de coeurs et les ennemis à terrasser de Superman. Mais c’est là le problème : si Clark n’est pas encore Superman, et que Superman lui-même est mis en défaut par des méchants comme Zod, par quel miracle notre super-héros en devenir réussirait-il à faire fuir ses ennemis, lui qui n’est pas encore super, qui n'est encore qu’un homme ?

 

photoCallum Blue : un Zod pas bien charismatique en faute également

 

Heureusement pour Clark, Smallville a un défaut : la série est longue, et manque parfois de jugeote dans la gestion de ses intrigues. Outre Lex qui a vu son histoire être véritablement explorée, Zod ne fait qu'être évoqué pendant toutes ces saisons. Alors quand ledit super-vilain débarque, avec toutes ses ambitions noires, et qu'on le découvre pas si malin que ça, on comprend comment Clark peut le vaincre. Ça ne peut être que parce que l'intrigue patauge très sérieusement dans la semoule que le Flou, qui n'a pas fini son entrainement avec Jor-El, peut en venir à bout. Au final, le vilain saborde lui-même, à coups d’intrigues malheureuses avec Tess, Loïs et son propre fils.

La résurrection de Chloé : L’univers de Superman est surpeuplé d’être plus où moins extraordinaires, alors en inventant de toute pièce un personnage comme Chloé, geekette meilleure amie de Clark, fouineuse surdouée et informaticienne hors-pair, les scénaristes avaient fait un pari risqué. Et déjà, des petites faiblesses scénaristiques étaient venues l’entacher alors que, devenue un kryptomonstre, la série avait eu du mal à gérer ce nouvel aspect de sa personnalité. Mais, endeuillée par la mort de Jimmy (le photographe du Daily Planet et acolyte du héros dans les comics qu’elle avait épousé dans la saison précédente), elle se retrouve dans la peau de ceux qui ont perdu beaucoup à connaître Clark Kent et prend son destin en main en devenant La Tour de Contrôle de la Justice League, puis un genre de Dr Fate 2.0. 

 

photo, Tom WellingLoin de la petite journaliste en herbe

 

3. SAISON 8 : CLARK, PALADIN ET JOURNALISTE

Qu’est ce que ça raconte déjà ? Après son escapade en Arctique, Lex est porté disparu et les rennes de sa société ont été données à son ancienne vice-présidente : Tess Mercer (Cassidy Freeman). Avec cette absence, et depuis le départ de Lana, Clark se rapproche inexorablement de Superman : Smallville reste présente, mais elle n’est plus qu’une toile de fond face aux rues de Métropolis, au Daily Planet où Clark prend finalement ses premières fonctions de journaliste, et à la romance naissante entre lui et Loïs Lane. C’est aussi la saison de la mort de Jimmy.

Après sept saisons, une respiration rouge et bleue qui fait du bien : Depuis le 11 septembre 2001 et l’arrivée sur les écrans (la même année) de la première saison de Smallville, entre adolescence et petites romances cucul la praline, le public l’attendait, ce moment où Clark Kent protégerait enfin la veuve et l’orphelin d’attaques en tout genre, les couleurs de Superman sur le dos. Et depuis sept ans, Clark les a protégés de son mieux, il a lutté contre ses ennemis, ses amis et souvent lui-même avec le plus de pugnacité possible, mais il l’a fait en temps que Clark Kent, jamais sous la bannière d’une identité publique et suprême.

Dès le deuxième épisode de cette saison, le cadre est posé : les choses vont changer et se rapprocher de ce que l’on connaît du héros. Après l’angoisse des deux dernières saisons, où il ne savait plus qui il était, et comment se définir, Clark commence sa vie d’adulte. Il accepte un poste au Daily Planet et commence tout de go à jongler avec une seconde identité : celle du Flou Rouge et Bleu. 

 

photo, Tom Welling, Erica DuranceLes éternels veste rouge et t-shirt bleu de Clark, un Flou avant d'être Super

 

Mémoire en Kryptonite : Cette saison plonge avec une bonne humeur notable dans ce nouvel et dernier arc de l’avancée de Clark Kent vers Superman, mais la saison prendra un tour de plus en plus dépressif. Depuis le départ, Smallville oscille entre deux ambiances. D'un côté, une très lumineuse, en accord avec le personnage de Superman, qui inonde la série d’un filtre jaune-orangé très chaud, et qui est notamment insufflé par la bienveillance et l’humanité débordante d’amour des Kent. De l'autre, une beaucoup plus sombre, souvent portée par les tourments de Lex et les changements de Clark, tantôt sous le joug de la Kryptonite rouge, tantôt possédé par l’esprit de Kal-El. 

Or, dans cette nouvelle suite d'épisodes, plus personne n’est épargné. Chloé, hantée par la folie de sa mère dans les premières saisons, persuadée qu'elle va perdre la tête comme elle, commence à voir ses souvenirs lui échapper suite à une intrusion étrangère dans son esprit. Cette idée de mémoire, de souvenirs, si caractéristiques d’une personnalité, est filée toute la saison durant. Avec Chloé comme on le disait, puisqu'elle devra encore attendre pour que ses souvenirs sur la double identité de Clark lui soient rendus. Mais avec Davis aussi, aka Doomsday, le méchant de la saison, qui abrite une bête en lui et s’oublie à elle tels Dr Jekyll et Mr Hyde.

 

photoDoomsday, star d'une téléréalité démonique 

 

2. SAISON 1 : BIENVENUE À SMALLVILLE

Qu’est ce que ça raconte déjà ? Octobre 1989, un déluge de météorites extraterrestres s’abat sur Smallville, emportant avec lui la tranquillité de cette petite ville du Kansas, détruisant la vie d’une grosse majorité de sa population, en contrepartie de l’arrivée de l’être le plus incroyable que la Terre ne connaîtra jamais… pourvu qu’il embrasse ses différences, sa pluralité et son destin. Mais avant cela, Clark Kent adolescent passe par la découverte de ses capacités extraordinaires, de celles que certains humains, infectés par la Kryptonite, ont contractées et qui leur ont grillé le cerveau, et commence à sauver des vies dans l’ombre.

Pourquoi ça fonctionne ? Le coup du méchant de la semaine, tantôt bête de foire contrôlant le feu, tantôt ogre vorace ayant une faim de loup, qui permet au héros d’en apprendre plus sur lui, de tirer des enseignements sur ces capacités, c’est un classique lorsqu’il s’agit de faire émerger de l’ombre un héros ou un super-héros. Buffy contre les vampires l’a fait avec brio avant d’adopter progressivement un ton plus sombre et plus mature, Charmed a suivi peu de temps après avec plus où moins de réussite, Veronica Mars le fera par la suite, tout comme Supernatural et d’autres.

Donc quand Smallville perce les écrans en 2001, présentant l’adolescence de Clark Kent dans une ville pourrie par la Kryptonite et une riche et puissante famille sans éthique ni morale, il était peu probable que la série ne trouve pas son public. D’autant qu’elle ne visait pas tout à fait les mêmes spectateurs que les séries citées plus haut. Avec l’iconographie d’Amérique centrale type 7 à la maison imaginée par ses créateurs, il s’agissait certainement de convaincre un public un peu plus jeune, pré-adolescent et collégien, vierge de toutes ces histoires de monstres et autres métaphores de la réalité.

 

photo, Tom Welling, Allison MackLe scooby gang : Clark, Pete et Chloe 

 

Pourquoi ça fonctionne vraiment ? Le personnage de Superman, tout le monde le connaît. L’extraterrestre humain, aux capacités folles surnuméraires, messie parmi les hommes… En revanche, celle de son adolescence au Kansas, de ses premières amours, de la découverte de ses pouvoirs et de ses responsabilités un peu moins. En tout cas, le tout venant a plutôt l’habitude de voir surgir devant lui un Superman tout bien formé, et presque énervant dans son souci de ses responsabilités.

Alors certes, vingt ans après, Smallville accuse le coup : son esthétique et son ambiance ont vieilli, et sa réalisation n’a rien de vraiment mémorable, mais ses excellents choix de casting (Tom Welling, meilleur choix de Superman jamais fait), son histoire originale et son développement restent particulièrement efficaces ; avec la petite bande formée par Pete, Chloé et Clark, la mise en place de leur dynamique de groupe, l’importance de se cacher, pour se protéger et protéger les autres, l’introduction de Lana, ou encore celle de Lex…

C’est là LE vrai point de génie de la série. Avant d’être un héros, Superman est d’abord un jeune homme, lumineux et plein de bonne volonté, à la bienveillance un brin énervante. Et avant d’être le boss des antagonistes de Clark, Lex Luthor est un jeune homme sombre, seul, torturé par une enfance abusive, bloqué dans une forteresse de solitude faite de pierres froides et de coups bas. Dès le départ, Smallville cache derrière ses tons chauds un discours plus adulte qu’il n’y parait, opérant un jeu de miroir entre Clark et Lex qui, à coup de mauvais choix, de trahison et de secrets, ne pourra que pourrir et nécroser.

 

photo, Tom Welling, Allison MackLa Torche : le journalisme avant le Daily Planet

 

1. SAISON 2 : ET LA MYTHOLOGIE DÉCOLLE

Qu’est ce que ça raconte déjà ? Clark continue de nettoyer Smallville de ses kryptomonstres avec l’aide de ses amis, et de jongler avec sa double identité, ici lycéen modèle, là super-héros en devenir… Mais surtout, les contours de son passé se fixent progressivement grâce au Dr Virgil Swann (l’occasion de voir un ancien Superman, Christopher Reeves, faire son apparition) qui lui dévoile ses origines Kryptoniennes et lui délivre un message de son père biologique, Jor-El.

Captain America... : Pour quiconque n’a pas l’Amérique dans la peau, le patriotisme et le puritanisme exacerbés de Smallville peuvent être un peu lourds. Et d’un point de vue purement scénaristique, farcir la culture amérindienne d’une nouvelle mythologie grâce à des peintures rupestres et l’annonce de l’avènement d’un futur dieu vivant est un peu simpliste. Mais, encore jeune adolescent, et pourvu d’une nature exceptionnelle, on peut encore comprendre que Clark se retienne et qu'il marche sur des oeufs. 

Smallville est une série extrêmement académique et, si son ADN de série « héros ado vs méchant de la semaine » peut apporter beaucoup au personnage de Superman, sa mise en scène et le déroulement quelque peu redondants de ses épisodes et de son histoire commencent à peser. Et ses saisons longues ne permettent plus de dynamiser l’ensemble. En une grosse vingtaine d’épisodes, la série a quand même réussi à marier deux fois Lex, appuyant toujours plus sa solitude et la froideur des murs de son manoir. 

 

photo, Tom Welling, John SchneiderLa relation de toutes les jalousies

 

... au service de Smallville : Dès le départ, Smallville avait quelque chose de déroutant. Parce qu’elle s’autorisait à jouer avec son matériel d'origine, à créer de nouveaux personnages extrêmement réussis, et profondément importants dans l’histoire globale, comme celui de Chloé Sullivan. Parce qu’elle annonçait décrire la jeunesse de Superman, sans jamais vraiment citer sa mythologie dans la première saison (à part grâce à quelques apparitions sporadiques de son vaisseau), par exemple. Surtout, elle raccroche les wagons avec l’histoire bien connue de Superman sans se précipiter, pour laisser le temps à Clark de digérer sa nature extraterrestre et le destin hors du commun qui l’attend. Et là, c’est Jor-El qui entre en jeu.

 

photo, Michael RosenbaumMichael Rosenbaum : vraie révélation de cette série

  

Au milieu des grottes préhistoriques, Smallville continue son exploration subtile des affres adolescentes et marque la personnalité de Clark de quelques éclaboussures vraiment sombres. Il n’est pas simplement le bon samaritain qui part combattre les mutants et qui aide sa ville à devenir meilleure. Si ces humains ont été gravement affectés par les radiations des météorites, si les parents de Lana sont morts, et si Lex est aussi malheureux, c’est aussi et surtout de sa faute. Il est à la fois la cause et la solution des maux de sa petite bourgade.

Elle continue aussi à construire la relation complexe de Clark et Lex, notamment en mettant au centre du récit les relations père-fils. Jonathan (John Shneider) inculque à Clark la notion de justice et de responsabilité. Et même s’il n’est pas le père biologique de Clark, c’est à lui que Superman doit son humanité et son attachement si pur et indéfectible à cette dernière. De son côté, Lex Luthor ne fait que pâtir, saison après saison, des attentes inaccessibles de son père, Lionel (magnifique John Glover), élevé dans une maison dépourvue d’amour, dans la glorification de l’esprit de compétition et des devoirs filiaux.

Tout savoir sur Smallville

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
Ethan
01/11/2021 à 09:26

@Kyle
Lois et Clark il y avait pas mal d'intrigues qui étaient plus ou moins réussies.
C'était cool. C'était aussi une période où on était plus dans le rêve et dans l'amour que dans la psychologie à deux balles
Smallville et les autres films trop sérieux à mon avis

Kyle Reese
01/11/2021 à 09:06

Lois et Clark ? Je ne m?en souviens pas trop, très nian nian non?
Smallville que j’ai regardé en dilettante pour moi ça reste surtout Lex Luthor et sa relation toxique avec son père.

Numberz
31/10/2021 à 21:38

La cité des anges m'avait déprimé. Mais alors réentendre I grieve a la mort de Jonathan, je crois que j'ai chialé un moment.

Ethan
31/10/2021 à 21:03

Il y a aussi l'interprétation
Dean Cain excellent en Superman et en Clark aussi tout comme Teri Hatcher en Loïs

Là l'interprétation moins bien. C'était aussi juste après Lois et Clark. Et pas évident d'accrocher.

Abibak
31/10/2021 à 20:10

Team Dean cain

Qc
31/10/2021 à 19:45

Perso j'ai bien aimé cette hormis le fait que le future superman ne vole pas et aussi la sorcellerie de lana lang qui n'avait rien à faire dans cette série.

Blason
31/10/2021 à 19:17

Quand tu passes après Lois Et Clark, qui était une bonne série, pour essayer de faire mieux et tu te plante ca donne Smallville, l'histoire d'un superman ado qui ne vole pas

La série ne méritait pas de durer trop longtemps, à la troisième saison j'ai décroché, et à chaque que je tombais dessus en zappant, c'etait toujours pareil, ca parle et ca n'avance pas.

Je reste sur le souvenir des aventures de Superman avec Dean Cain et Teri Hatcher. Je n'ai pas vu la derniere série sur Superman mais ca ne donne pas envie.

Pi
31/10/2021 à 16:56

La seule chose que je me rappelle de cette série, c'est à quel point j'étais désespéré de voir un Superman qui ne volait jamais d'une saison à l'autre. Pour moi c'était Flash ce type. Enfin, même pas. Juste un mec qui court.

En fait cette série c'était Buffy avec un type à la place de l'héroïne. Cette série a été la matrice pour toutes les séries CW par la suite. Un super-héros vaguement adapté d'un personnage DC et une équipe de hackers pour le seconder.

Je crois que j'ai lâché l'affaire à la saison 3 et que j'ai juste regardé l'épisode de fin pour voir, un type qui ne ressemble pas à Kal El, s'envoler dans une costard de Superman et me dire: Tout ça pour ça...

Ethan
31/10/2021 à 16:30

Sg1 c'était surtout diffusé de mémoire le dimanche soir à 19h sur m6 en ce qui concerne la première saison

Ethan
31/10/2021 à 15:31

Après avoir vu lois et Clark impossible d'accrocher à cette série

Plus