The Outsider : la série HBO est une sanglante surprise, avec plein de Stephen King dedans

Simon Riaux | 13 janvier 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 13 janvier 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Dans la fournée des adaptations à venir de Stephen King, The Outsider n’était peut-être pas la plus attendue, mais ses deux premiers épisodes en font la plus prometteuse.

 

 

OVERKILL

Comptant parmi les dernières publications du maître de l’horreur, The Outsider était un roman plutôt réussi, qui n’était pas sans rappeler certains canevas typiques des romans de King publiés dans les années 90, dans lequel surnageaient des bouffées de violence et de sidération qui n’étaient pas sans évoquer les textes qu’il signat sous le pseudonyme de Richard Bachman.

Nous y suivons Ralph Anderson, chargé d’enquêter sur le viol et le meurtre sauvage d’un adolescent, dont le coupable semble tout désigné, jusqu’à ce que ce dernier dévoile un alibi inattaquable.

 

photoQuand on vous dit de vous méfier des types à capuche...

 

Investigation tragique, perpétuellement sous tension, et toujours sur le point de céder sous le poids de la folie qui guette, comme de la douleur de ses personnages, The Outsider recèle suffisamment de surprises, de poussées de fantastique, égrainées au fil d’une mythologie étonnante, pour qu’on redoute la tonalité de son adaptation. En effet au cours des décennies passées, plusieurs productions ont tenté de retranscrire à la va-vite cette veine romanesque de l’écrivain natif du Maine.

Et le moins qu’on puisse dire, c’est que La Part des ténèbres, Les enfants du maïsLa Peau sur les os et une palanquée d’autres métrages n’ont pas marqué les mémoires. Mais ce serait méconnaître HBO en croyant que le pionnier des séries du câble américain comptait emballer une énième transposition boiteuse du patron du fantastique.

Au contraire, la chaîne a eu l'excellente idée de confier la mise en scène de cette entrée en matière à Jason Bateman, qui n'est plus un novice derrière la caméra, mais signe ici un de ses travaux les plus aboutis.

 

photo, Ben MendelsohnUn flic pas au bout de ses surprises

 

TRUE DETECKING 

Ainsi, ce qui frappe dès les deux premiers épisodes de The Outsider, c’est le grand soin apporté à retranscrire un des ingrédients essentiels, mais particulièrement instables des écrits de Stephen King : leur charge émotionnelle, la puissance des sentiments impliqués et intriqués, qui menacent toute adaptation un peu trop fragile de verser dans le ridicule, ou une simplification extrême. Le pilote de la mini-série échappe largement à cet écueil, en optant pour une grande fidélité quant aux enjeux humains, qui se retrouvent ici nimbés dans une mise en scène particulièrement solide.

On pourra voir dans ces deux premiers épisodes une volonté de dupliquer le succès de True Detective (en grande partie du fait d’une promotion qui a joué sur des concepts proches), mais si quelques passerelles existent, le show semble déjà grandement s’en différencier. Ainsi, le découpage ouaté, particulièrement soigné, qui accorde une grande importance à la composition d’images enfermant toujours les protagonistes entre ténèbres et échappées lumineuses, peut évoquer la première saison de la série initiée de Nic Pizzolatto, mais il s’agit d’un raccourci trop rapide.

Tout d’abord, la mise en scène s’attache à poursuivre plusieurs lièvres, sans se focaliser ici sur un duo d’enquêteurs. Puisqu’il est ici question d’une menace immanente et, pour le moment, non identifiée, la caméra s’efforce de maintenir en continu de tranquilles mouvements d’appareil, dont la maîtrise n’a d’égale que la discrétion, générant un malaise diffus. Au-delà de l’action qui se déroule sous nos yeux, l’idée qu’en ce lieu règne une force innommable et inconnue prédomine, jusqu'à provoquer une angoisse palpable, qui se dépose vicieusement sur tous les protagonistes.

 

photo, Jason BatemanJason Bateman, devant et derrière la caméra de cet épisode

 

Là où on pouvait redouter qu’un polar surnaturel comme The Outsider soit un jour adapté sous forme de film de cinéma obligé de condenser grandement son intrigue, le format choisi par HBO se révèle pour le moment idéal. Le texte laissait une grande place à l’horreur des situations dépeintes, à l’irréalité grignotant progressivement une enquête supposée évidente ainsi qu’une exploration du deuil et de ses conséquences sur un groupe social.

Épousant chaque étape de son récit avec un grand sens de l’empathie, laissant chaque personnage s’exprimer, prendre de l’importance. En témoigne la scène, brève et terriblement forte, où une enfant raconte sa brève rencontre avec le meurtrier d’un enfant, quelques minutes seulement après un déferlement de brutalité inhumain.

 

photo, Ben MendelsohnLa fameuse angoisse des deux pages blanches

 

SUPER POULET

L’autre grand atout de ces deux épisodes, c’est évidemment le comédien Ben Mendelsohn. Habitué des rôles de petites frappes, truands à l’hygiène douteuse et autres génies du mal en goguette, le comédien compose ici un rôle d’inspecteur lessivé par l’existence, las mais pas blasé, dont seuls les deux iris d’un bleu azuréen témoignent encore de la force vitale qui l’anima.

Il campe un Ralph Anderson peut-être plus mélancolique encore que chez Stephen King, légèrement décorrélé des standards narratifs de l’écrivain, un flic au spleen puissant, mais contenu, qui va être amené à surmonter une enquête terriblement macabre, pour finalement accepter de repenser les lois régissant le monde qui l’entoure.

Mendelsohn prend ici un plaisir évident à proposer une palette rare sinon inédite de son talent, laquelle fait parfaitement écho à la proposition de Jason Bateman, bien plus trouble (et troublé) que d’habitude. Tous deux sont entourés d’un casting remarquable, mais après deux épisodes, il est encore bien trop tôt pour avoir une idée de comment le show gérera ces talents.

Avec son atmosphère pourrissante, son mélange des genres délicatement, mais sûrement initié, et sa mise en scène d’une redoutable efficacité, The Outsider pourrait bien être une des très belles surprises de ce début d’année 2020.

Les deux premiers épisodes de The Outsider sont diffusés ce 13 janvier sur OCS, puis un nouvel épisode chaque lundi soir

 

photo

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
Rorov94
19/01/2020 à 05:46

Le tueur est une entité proteïforme issue du folklotre mexicain appelée el cuco.
Oups!

Drachiam
17/01/2020 à 13:14

@Pat Rick

Ouep je suis d'accord, au bout de deux épisodes on en est à plus du tiers du bouquin je crois, donc 6/8 épisodes ça m'aurait semblé plus judicieux... m'enfin, let's wait and see

Pat Rick
16/01/2020 à 15:22

10 épisodes ça me semble un peu trop pour adapter ce roman qui n'est pas si long que cela.

slaine
16/01/2020 à 15:19

merci Rorov94, ceux qui n'ont pas lu le bouquin apprécieront!!

Simon Riaux
15/01/2020 à 12:27

@Dale Cooper

Censuré ?

J'espère que vous avez appelé Amnesty International, parce que ça a l'air très grave votre affaire.

Tenez-nous au courant hein.

Dale Cooper
14/01/2020 à 21:02

Whitewhashing, j'ai le droit d'écrire whitewhashing ? Etant donné que j'ai été censuré pour son antonyme. Simple curiosité.

Nepenthes
14/01/2020 à 20:44

Besherelle est on ami, par tous les temps.

qu'il signât ? hum, c'est quoi ça, un temps de la quatrième dimension ,

Rappel usage du passé simple (et pas du passé tarabiscoté pour faire genre)

QU'IL SIGNA

You're welcome

Le Bandit
13/01/2020 à 20:15

Un pilote sombre et mystérieux qui nous transpose littéralement dans l'oeuvre du 'KING' avec un casting parfait. Le développement de l'intrigue est bien ficelé et la mise en scène est efficace. Nous sommes en chemin vers un autres petit chef d'oeuvre de HBO

Stivostine
13/01/2020 à 19:28

Ouep ca commence bien, un melange de mr mercedes et the sinner