Episodes Saison The Last of Us saison 1 épisode 1 : critique du moins bon épisode (et c'est une bonne nouvelle)

Geoffrey Crété | 16 janvier 2023 - MAJ : 17/01/2023 01:19
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Pedro Pascal, Bella Ramsey

La série The Last of Us, adaptée des jeux vidéo cultes The Last of Us du studio Naughty Dog, est enfin arrivée (sur HBO aux États-Unis, sur Amazon Prime en France). Bonne nouvelle : le premier épisode est le moins intéressant de la saison, ce qui annonce du très bon.

ATTENTION SPOILERS

 

 

le meilleur est à venir

Mauvaise nouvelle : si vous avez joué à The Last of Us, ce premier épisode sera probablement une promenade de santé. Il y a bien sûr des éléments réécrits, retirés ou développés, mais c'est grossièrement la première heure du jeu qui est transposée à l'écran. C'est une bonne introduction pour mettre en place le monde post-apocalyptique de Joel et Ellie, qui applique à la lettre les méthodes du jeu.

Bonne nouvelle : ce premier épisode est le moins bon de la saison. Il est pourtant carré, efficace et très bien mené, avec zéro fausse note, mais c'est le morceau le moins inspiré et le moins intense de cette première saison composée de 9 épisodes. Et ça, c'est une très, très bonne chose. Parce que c'est le premier signe que The Last of Us est à la hauteur des attentes, et devrait parvenir à créer de belles surprises et sensations, même chez les fans qui ont poncé le jeu depuis 2013.

 

The Last of Us : photoThe Last of Us version PS

 

Le pari était pourtant risqué pour tous les gens impliqués. The Last of Us est un joyau dans la couronne Naughty Dog, qui avait abandonné le projet d'adaptation en film (avec Sam Raimi un temps impliqué) pour désaccords artistiques. C'est un projet de taille pour HBO qui pourrait aussi bien tomber du côté de House of the Dragon (la transformation-continuation d'un phénomène qui se confirmera, on l'espère, après une saison 1 très réussie) que de Westworld (une attente énorme suivie d'une cascade de déceptions, jusqu'à l'annulation après des années de mort lente côté audience).

Et il y avait beaucoup de raisons de trembler. D'un côté, Naughty Dog avait clairement lâché l'affaire Uncharted (leur premier gros jeu adapté) pour laisser le studio faire ce qu'il voulait avec le film (spoiler : ils en ont fait n'importe quoi). De l'autre, la fameuse malédiction des adaptations de jeux vidéo a beau être pleine d'exceptions, le format série n'est pas vraiment le plus rassurant, en tout cas en prises de vue réelles (pensée pour Resident Evil version Netflix). D'autant que HBO n'avait jamais mis la main sur un jeu vidéo avant TLOU.

Mais The Last of Us est né d'un mariage parfait, entre l'amour des parents biologiques (Neil Druckmann est co-créateur de la série, en plus d'être crédité comme scénariste et réalisateur) et la protection des parents d'adoption (HBO, qui a prouvé sa patience et son expertise avec le développement des spin-off de Game of Thrones).

 

The Last of Us : photoThe Last of Us version série

 

sans sarah, rien ne va

Peut-être pour établir une note d'intention claire et nette, The Last of Us commence avec une nouveauté : un prologue qui se déroule en 1968, sur un plateau TV, où un scientifique imagine le pire scénario possible pour la fin de l'humanité. Ce sera à cause de champignons nommés Cordyceps, déjà capables de prendre le contrôle d'animaux pour assurer leur survie et développement, et qui pourraient bien trouver une raison de s'essayer aux humains.

En quelques minutes, dans une ambiance de Don't Look Up légèrement sinistre, le cauchemar est annoncé, expliqué, justifié. Là voilà, la raison de l'apocalypse : le réchauffement climatique et l'inaction humaine, qui a regardé défiler les minutes sur l'horloge de l'apocalypse. Du moins jusqu'en 2003, lorsque le chaos arrive "sans prévenir" (c'était 2013 dans le jeu oui).

 

The Last of Us : photo"Je vais bientôt briser ton coeur"

 

Arrive le deuxième parti pris de l'adaptation : développer la mémorable introduction de The Last of Us, qui montre comment Joel a perdu sa fille Sarah au début de l'apocalypse. La quinzaine de minutes du jeu se transforme ainsi en une trentaine de minutes dédiées à l'enfant interprétée par Nico Parker (la fille de Thandiwe Newton, et ça saute aux yeux), pour mieux déchirer le cœur du public lorsqu'elle est tuée.

La montre, les sarcasmes, le réveil dans la nuit, le départ en voiture avec Tommy, l'accident, la fuite dans les rues, le soldat : tout y est. Mais la série délaisse la terrible angoisse nocturne du jeu pour construire un contexte familial large (les voisins, la petite ville), établi sur un temps plus long (les ellipses). C'est parfois pour jouer sur les codes classiques du genre (des commerçants paniqués et une mamie qui gesticule en arrière-plan pour annoncer l'apocalypse : on a vu plus inspiré), mais les moments les plus intéressants sont autour de Sarah elle-même – particulièrement les flottements et les silences, avec même un petit clin d'œil avec cette poussière qui flotte devant une fenêtre. Et c'était peut-être le seul moyen de créer une véritable proximité avec elle, semblable à l'évidence des premières minutes de TLOU, où elle était le premier personnage jouable.

Difficile bien sûr de ne pas repenser à l'efficacité redoutable de l'introduction du jeu, d'une puissance folle et difficile à retranscrire. Mais ce choix scénaristique en annonce un autre, plus important à l'échelle de la saison : la série The Last of Us prendra le temps de développer les PNJ, pour éviter un des gros pièges des adaptations de jeu vidéo.

 

The Last of Us critique du moins bon épisode (très bonne nouvelle donc) : photo, Pedro Pascal, Nico ParkerPréparez les mouchoirs

 

JOEL et elles

Pour créer un monde qui tient debout, la série The Last of Us ne s'accroche donc pas uniquement au point de vue de Joel, comme la majeure partie du jeu. Le futur post-apocalyptique s'ouvre sur une vision de désolation et désespoir absolus, qui raconte en quelques scènes à quel point l'humanité s'est éteinte pour survivre. Et c'est au bout de la chaîne (en l'occurrence : la chaîne de gestion des morts, avec l'incinération d'une gamine repêchée à l'entrée de la zone de quarantaine) que Joel réapparaît. Avant d'être le protagoniste, il n'est qu'un rouage dans une machine.

L'idée est toute simple, mais elle établit parfaitement le cadre de ce nouveau monde, en plus de caractériser avec intelligence ce personnage. Quel meilleur moyen de présenter le futur sauveur d'Ellie, qu'en le montrant en train de brûler un cadavre de gosse ?

 

The Last of Us critique du moins bon épisode (très bonne nouvelle donc) : photo, Pedro PascalAprès The Mandalorian : un autre mioche à sauver

 

De la même manière que la série The Last of Us aurait pu simplement (et bêtement ?) adapter l'introduction avec Sarah, elle aurait pu s'accrocher à Joel et ne jamais le lâcher. Mais Craig Mazin et Neil Druckmann ont préféré créer des espaces à part entière pour Tess puis Ellie, présentées chacune de leur côté dans une situation similaire (captive, et coriace). Idem pour Marlene, dans une moindre mesure.

Pourquoi ? Pour donner plus de chair à ces personnages, débroussailler le terrain en lâchant rapidement des éléments sur l'histoire et la mythologie, et surtout mettre en place une dynamique qui va au-delà de Joel. Ce n'est peut-être pas évident dans ce premier épisode, mais The Last of Us est le fruit d'une vraie réflexion sur l'adaptation d'un tel jeu, et notamment les nombreux éléments qui étaient racontés par les notes et autres indices. La série évitera de méchants pièges de ce côté, et le premier épisode met discrètement en place la suite.

 

The Last of Us critique du moins bon épisode (très bonne nouvelle donc) : photo, Merle DandridgeOn se revoit plus tard Marlene

 

game of shrooms

En digne premier épisode, When You're Lost in the Darkness montre et annonce bien d'autres choses en l'espace de 1h20. En pole position : la réécriture des foutus champignons (qui ne passent plus par des spores mais par des filaments absolument terrifiants). Il suffit d'une image pour créer une nouvelle angoisse et de grandes questions, qui auront des réponses dans les prochains épisodes.

Malgré les moyens et les talents réunis, cette introduction n'échappe pas à quelques effets terriblement grossiers, particulièrement dans le final, avec le flashback sur la mort de Sarah AU CAS OÙ QUELQU'UN N'AURAIT PAS COMPRIS LE PARALLÈLE – qui abîme la réécriture bien pensée de ce moment. Mais ces petits dérapages sautent aux yeux parce qu'ils dénotent au milieu du reste. La mise en scène, la photo, la direction artistique : tout dans ce début de The Last of Us traduit une attention, une ambition et surtout une envie. Il n'y a pas d'esbroufe, mais il y a beaucoup de soin pour créer ce monde, et poser les premières briques de l'horreur à venir.

 

The Last of Us critique du moins bon épisode (et c'est une bonne nouvelle) : photo, Bella RamseyEllie est là

 

Et c'est là qu'on en arrive au principal : Joel et Ellie. Oui, Pedro Pascal et Bella Ramsey sont excellents, et oui, ce n'est que le début. Le rôle de Joel n'est pas le plus difficile à cerner, et l'acteur vu dans Game of Thrones et The Mandalorian s'en sort à merveille. Ellie, en revanche, est plus complexe vu toutes les nuances de cette adolescente narquoise mais attachante, vaillante mais tremblante, qui oscille entre la grande gamine survitaminée et la petite adulte qui porte tout le poids du monde sur ses épaules.

 

The Last of Us critique du moins bon épisode (et c'est une bonne nouvelle) : photoImage qui rappelle quelques frissons traumas

 

Découverte dans Game of Thrones en Lyanna Mormont, Bella Ramsey était donc attendue au tournant, surtout pour les gens qui ont fait The Last of Us - Part II et savent où ira la série. Dormons tranquilles : l'actrice de 19 ans est un excellent choix, et ce premier épisode donne déjà un tout petit aperçu de son talent, en touchant à merveille toutes les notes et émotions d'Ellie. Et promis, ce n'est que le début.

The Last of Us est disponible sur Amazon Prime Video en France avec un nouvel épisode tous les lundis à partir du 16 janvier 2023

 

The Last of Us critique du moins bon épisode (et c'est une bonne nouvelle) : Affiche française

 

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commentaires lecteurs votre commentaire !
Mokuren
16/03/2023 à 09:14

Vu le premier épisode et pour l'instant je suis déçue. Le début avec Sarah est pas mal du tout, on se sent proche de ce personnage, il y a un vrai point de vue et la jeune actrice fait du bon boulot pour nous embarquer dans ce cauchemar. La suite manque cruellement d'intensité et de personnalité. C'est lent, c'est long et c'est fade. Pedro Pascal, que je ne connaissais pas, n'est pas emballant. Son jeu est basique et il manque de charisme. Bella Ramsey a plus de présence que lui, mais pour l'instant son personnage est une tête à claque et le jeu de l'actrice est bourrin et sans nuances. Quant à l'univers, il est certes travaillé, il y a une belle direction artistique. Dommage que la réalisation manque autant d'énergie et d'atmosphère.
Je vais quand même regarder la suite, puisque vous nous assurez que c'est "le moins bon", mais pour l'instant c'est fadasse et sans personnalité.

Jok3r
03/02/2023 à 05:22

Excellent début de série qui colle super bien au jeux vidéo même si plusieurs étapes de l'aventure n'ont pas été respecter comme dans le jeux, on retrouve notre duo unique, est on revis les scènes du jeu en film, on connaît parfaitement le parcours, ferda, musée, capitole, (métro zapper, capitole attaquer par des infecter, quelques détails changer, mais c'est top).

Affligeant de lire certains commentaires de noob qui ne connaissent rien de THOU et qui font des comparaison à TWD bande de noob

Jok
03/02/2023 à 05:14

Hfg

David79
23/01/2023 à 15:47

Et il faut aussi parler de la partie technique, le son (avec un excellent mixage sonore, le choix de certaines musiques, et des effets qui collent parfaitement à l'ambiance ...), l'image est très bonne sur les scène lumineuse, mais solarise toujours un peu trop dans les scène sombre, ce n'est pas encore à la hauteur de ce que peut proposer Netflix ou Disney+.

Frédé
19/01/2023 à 23:18

Franchement..j’étais agréablement surpris. Un épisode fidèle au jeu. Enfin une adaptation qui est à la hauteur du jeu. Vivement la suite.
J’espère Paul que tu regarde la série et que ça s’inspirera pour tes prochaines adaptations….enfin si un jour tu en fera ça t’évitera de faire des bouses….et comme quoi il n’y a pas Milla dans la vie….
Y a pas de mystère ça marche mieux quand Tu associes les développeurs du jeu dans le projet et surtout si Neil .
Pour l’instant le premier épisode est dans mes attentes les suites sont très prometteurs.

Alsthorm
19/01/2023 à 20:04

@Roro Ellen Page n'a pas prêté ses traits aux jeux. Elle a été choquée de la ressemblance car on ne lui a rien demandé. et cela a créé des problèmes car elle prêtait effectivement ses traits au même moment à un autre jeu : Beyond : Two Souls. https://www.lacremedugaming.fr/jeux/the-last-of-us/the-last-of-us-ellen-page-napprecie-pas-sa-ressemblance-avec-ellie-63736.html

Marc
18/01/2023 à 11:47

@Geoffrey

La seul différence entre les zombies et les infectés quand on les tue ils sont définitivement DEAD.

Geoffrey Crété - Rédaction
18/01/2023 à 11:39

@Marc

Le débat "c'est pas un vrai zombie mais un infecté" court depuis des années, mais juste : y'a plein d'histoires de zombies où ça ne passe pas par une mort et résurrection (une personne vivante est mordue et se transforme). Le sens de zombie a naturellement évolué, et ça concerne souvent un être dénué de pensée, aux réflexes basiques, et à l'allure de cadavre

Marc
18/01/2023 à 11:35

@ judit

Une précision Les infectés sont des humains vivants ayant été infectés par un champignon " cordyceps " contact avec le sang (le plus souvent via une morsure) ou en respirant des spores en suspension dans l’air. Ils ne sont pas des zombies à proprement parler, car ils n’ont pas « ressuscité » après être morts. Hâte de voir l'épisode 2 de THE LAST OF US

Geoffrey Crété - Rédaction
18/01/2023 à 11:14

@Judith

The Walking Dead n'a absolument pas inventé ces clichés, idées et stéréotypes du genre, qui étaient bien installés depuis des années de littérature et films, et on vous conseille de regarder la suite de The Last of Us pour voir que ça raconte une histoire particulièrement intéressante (et si je peux ajouter : mille fois mieux écrite que les 3/4 de la série TWD).

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