Episodes Saison Snowpiercer saison 2 épisode 6 : on va jouer dehors

Mathieu Jaborska | 2 mars 2021 - MAJ : 09/03/2021 15:58
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photo, Jennifer Connelly

Après quelques longues escales, la saison 2 de Snowpiercer débute sa seconde moitié sur les chapeaux de roue.

Si l'arrivée de Wilford au début de cette saison 2 avait introduit quelques éléments très bourrins, les derniers rebondissements écologiques semblaient bien vides de sens. Persuadés qu'un réchauffement climatique est encore possible (quelle ironie), les quelques passagers encore dotés d'un minimum de jugeote avaient envoyé une Mélanie, à peine réconciliée avec sa fille, braver le froid dans sa tenue Quechua, pour atteindre une station météo et collaborer avec le train afin d'attester de la possibilité de la survie de la race humaine.

Un postulat excitant sur le papier, mais qui s'était heurté à la faignantise de la série, incapable de ne pas ralentir le rythme après ça. Heureusement, cet épisode 6 entame la deuxième partie de la saison en transgressant ses principes les plus irritants.

Attention, spoilers !

 

photoAaaah, le grand air

 

Think outside the box

Alleluia ! Les spectateurs de la série TNT commençaient à devenir aussi mornes que ses personnages secondaires à force de tourner en rond dans cette dizaine de wagons, les éternels décors de studio filmés comme tout sauf les parties d'un train, dont on n'a jamais eu le loisir de découvrir les jonctions. Des fameuses 1 034 voitures évoquées dans l'ouverture des épisodes, on ne voyait que quelques lieux stratégiques, se succédant inlassablement sous nos yeux fatigués.

Le départ de Mélanie avait suscité beaucoup d'espoir dans l'épisode 3. Espoir qui est très vite retombé dans les deux chapitres suivants, ne délaissant pas les deux trains et les sous-intrigues sinueuses qui vont avec. Mais le jour tant attendu est arrivé : Snowpiercer s'émancipe enfin dans une véritable bouffée d'air (très) frais, comme on n’en avait pas vu depuis le début de la série.

 

photoMétéo France n’a pas assuré sur ce coup

 

Nous suivons donc les pérégrinations de Mélanie, alors qu'elle s'aventure hors de son foyer instable. Elle rejoint la fameuse station, dans laquelle elle va faire quelques découvertes macabres. Il convient de calmer les éloges : en dépit d'une référence visuelle citant ouvertement The Thing, Snowpiercer reste fort convenue, évitant de trop se disperser en excès de style pour se concentrer sur l'essentiel : son scénario. D'ailleurs, même si on peut enfin explorer plus en profondeur le monde extérieur, les personnages récurrents interviendront presque tous. Paradoxalement, en cherchant - en vain - à simuler les conditions extrêmes de survie de Mélanie, ils empêchent toute impression de solitude, ou même de profonde détresse.

On est loin du survival promis, car l'intérêt de l'épisode réside finalement surtout dans ses quelques panoramas enneigés, prouvant dans une introduction sublime que la mise en scène de la série est bien plus adaptée aux grands espaces, l'introspection du personnage et surtout un réseau de flashbacks pour le moins inattendus.

 

photoToujours présent, même quand il n'est pas là

 

Un train d'avance

En curieuse synchronisation avec WandaVision, la saison profite de cet épisode rétrospectif pour raconter un évènement déjà connu en long, en large et en travers, mais dont la représentation va donner plus de poids à l'intrigue. En l'occurrence, il s'agit ici de l'embarquement du Snowpiercer, souvent fantasmé, jamais montré. C'est plus ou moins la première fois que la série verse dans ce genre de procédé, trahissant enfin la parfaite linéarité qui triomphait jusqu'ici.

Comme dans sa concurrente, on n’y apprend pas grand-chose. Le flashback confirme cependant beaucoup, comme la débilité profonde du personnage de Wilford, qui, en bon chef suprême, quitte le seul véhicule garant de sa survie juste après avoir assassiné les potes de celle qui peut le démarrer. Comme quoi, la soif de pouvoir ne rend pas forcément plus malin. Plus sérieusement, on ressent la puissance du dilemme qui animait Mélanie, peut-être un des pires possible (sa famille ou l'humanité ?). L'arrivée récente de Wilford et de sa fille en devient bien plus cruciale, symbolisant sa douleur.

 

photo, Sean BeanT'as un blouson, mecton, L'est pas bidon

 

Un dilemme extrême qui risque d'en annoncer d'autres. Grâce à ce gain de profondeur inattendu, Mélanie devient peut-être le seul personnage véritablement intéressant psychologiquement. Son parcours n'a fait finalement que lui imposer des décisions éreintantes pour sa conscience, du début de la série, où elle jouait sur tous les plans tout en se portant garant d'un ordre mortifère, au début de cette saison, qui l'a propulsée au milieu d'une guerre diplomatique potentiellement dévastatrice.

Véritablement torturée et incarnée par une Jennifer Connelly assez juste, Mélanie évolue ici en anti-Wilford. Loin du cynisme bourgeois manichéen de ce dernier, elle lutte en permanence pour et contre sa propre humanité. Un portrait certes grossier (encore une fois, les interactions fantasmées sont à peu près aussi subtiles qu'un gag d'American Pie), mais capable de relancer la suite.

Narrativement, le cliffhanger qui clôt cette petite aventure s'avère très malin, puisqu'il signifie un dépassement du récit principal, tout en concrétisant enfin la guerre promise dans les premières heures de la saison. Bien qu'il ne s'aventure jamais à l'intérieur du train, cet épisode a plus fait avancer l'intrigue que les deux derniers réunis. Reste à savoir à quel point de vue la série se rattachera la semaine prochaine. On prie pour continuer à suivre Mélanie.

Un nouvel épisode de la saison 2 de Snowpiercer sur Netflix chaque mardi en France dès le 26 janvier 2021

 

Affiche US

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commentaires lecteurs votre commentaire !
CHFAB
09/03/2021 à 16:14

Je trouve à contrario que le fait que Mélanie soit en proie à des dialogues avec des persos imaginaires accentue sa solitude, justement, la confrontant à une certaine ou possible folie... On sait à quel point (en ce moment de pandémie justement!) le manque de sociabilité fait perdre certains repères, surtout lorsqu'ils sont couplés à la faim... Cet épisode était effectivement salutaire, et de par son éloignement du train, a revêtu un caractère particulièrement puissant ( enfilade de rats en brochette à l'appui!)... Excellent travail de Connelly... Dommage que Bean soit si unilatéral dans son rôle de méchant cynique sadique et pervers (ah oui, tout ça!), mais aussi abandonné sur le quai de départ. Si on pouvait l'apercevoir en train de cauchemarder, ça l'humaniserait un peu, ou du moins justifierait un peu son comportement, sa personnalité... J'apprécie plutôt la monotonie des décors du train, ça contribue à l'impression d'enfermement, d'immuabilité sociétale. Et ce sera forcément un évènement à chaque fois qu'on découvrira un endroit inédit. Et au fond, ce sont plus les personnages et rouages de cette organisation qui sont au centre, c'est toujours plus intéressant et ça met là aussi en valeur lorsque l'action se met en place. Mais je sais à quel point ici on aime les scènes et rapports musclés... Pas pour rien que ça discute essentiellement de cinéma et séries américaines...

Auré
02/03/2021 à 23:40

Tres bonne critique comme d'hab. Le fait qu'on ne ressente pas la solitude de Mélanie m'a un peu gêné car tout ce qui aurait pu faire le sel de cet épisode et qui aurait été d'une certaine manière en parfaite opposition avec la vie collé/serré des passagers du train est gâché par des fantômes et des flashbacks. Et la fin de l ep est hyper précipité comme si Mélanie avait décidé de partir à la dernière minute. Bien mais bof quand même.

Numberz
02/03/2021 à 21:28

Ahhh content de revoir les trois étoiles. Ouf

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