Je s'appelle Groot saison 2 : critique d'un Marvel qui nous saule sur Disney+

Je s'appelle remplissage

Si la première "saison" de Je s'appelle Groot pouvait être accueillie avec un esprit ouvert, il est proprement impossible de rester dupe face à la deuxième. On sait à quoi s'en tenir cette fois-ci : la série de courts-métrages d'animation n'a nulle autre fonction que de remplir le catalogue de Disney+, notamment à destination des plus jeunes. Et, en réalité, il peut ne pas s'agir d'un problème. Après tout, la démarche est assumée, alors que la série se trouve hors du canon du MCU selon James Gunn, producteur exécutif de la première saison (mais pas de la deuxième).

Hêtre ou ne pas hêtre

Accepter le rôle un peu cynique joué par l'œuvre sur le papier ne veut pas dire pour autant refuser de lui donner sa chance, surtout quand on a affaire à un spin-off des Gardiens de la Galaxie. Avec sa trilogie barrée, James Gunn a sans doute façonné le pan le plus intrigant du MCU, et Groot en découle directement. Car, plus qu'un comic relief banal, le personnage représente un pilier émotionnel capital pour l'équipe, et ce, tout au long des films.

Lui donner l'opportunité de briller sur Disney+, même sous ce format tronqué, n'était pas dénué de sens. Et, après l'adieu émouvant des Gardiens de la Galaxie 3, on pouvait même espérer que cette deuxième salve d'épisodes allait partir sur des bases plus ambitieuses que la première. 

Un univers de possibilités...

Flemme Cinematic Universe

Pourtant, à la vue de ces cinq nouveaux (très) courts-métrages (tous longs de 3 à 4 minutes), il s'agit malheureusement plus ou moins de la même rengaine. On enchaîne des péripéties sans grand intérêt, et sans aucun tissu connectif. Groot trouve un oiseau, Groot se bat contre un robot, Groot découvre l'odorat (parce que ?)...

Encore une fois, on serait tenté de dire que c'est le but de Je s'appelle Groot, mais il est dommage que la showrunneuse Kirsten Lepore n'essaye pas davantage d'aller à l'encontre de la fonction programmatique de son œuvre. Et la série ne brillant pas particulièrement par la qualité de ses gags, aussi enfantins soient-ils, difficile d'être indulgent à son sujet.  

On ne va pas ressortir l'habituel argument Pixar, mais produire des courts-métrages consistants, c'est bel et bien possible. Ici, l'émotion n'existe pas, tout comme le possible émerveillement primaire que pourrait ressentir le jeune Groot face à ses découvertes. On pourrait s'arrêter là mais Marvel a plus d'un tour dans son sac pour nous décevoir. 

Public vs MCU

Gardien du Rien

L'exploit du studio avec Je s'appelle Groot réside ici dans sa capacité à nous frustrer, même face à ses productions les plus anecdotiques. Car en explorant dans son dernier épisode la possibilité d'un lien entre Groot et le Gardien de la série What If...? (chouette cameo vocal de Jeffrey Wright), la série se trouve enfin une vraie idée originale.

On apprécie voir la série jouer quelque peu avec son vaste univers (parce que oui, on est toujours dans le MCU). D'autant plus que l'humour juvénile de Groot fonctionne bien mieux quand il a quelqu'un face à lui, surtout lorsqu'il s'agit d'une figure aussi solennelle que le Gardien. Mais c'est là aussi que réside la déception ultime de cette saison 2. En nous donnant ce petit sursaut de vie, somme toute amusant, Je s'appelle Groot montre encore plus ses limites et le manque d'imagination montré dans ses précédents épisodes. Circulez, il n'y a (vraiment) rien à voir. 

La saison 2 de Je s'appelle Groot est disponible en intégralité sur Disney+ depuis le 6 septembre 2023