The Witcher: L'héritage du sang - critique du fulguro-nanar de Noël sur Netflix

Lino Cassinat | 23 décembre 2022 - MAJ : 27/12/2022 14:46
Lino Cassinat | 23 décembre 2022 - MAJ : 27/12/2022 14:46

La magie de Noël, c'est quelque chose tout de même. Après deux saisons extrêmement mitigées de son adaptation de The Witcher, on ne peut pas dire qu'on espérait grand-chose de ce spin-off "prequel" The Witcher : L'héritage du sang, toujours produit par Lauren S. Hissrich mais piloté par Declan De Barra. Et pourtant, sous le sapin, c'est un incroyable cadeau qui vous attend. Pas un morceau de charbon, et certainement pas non plus, Dieu nous en garde, une bonne mini-série. Non, mieux. Quelque chose de fantastique et de réjouissant. C'est con, c'est fondant, c'est confondant et réconfortant : oui, c'est un nanar (très) marrant. Merci Père Noël Netflix pour ces quatre heures de fou rire non-stop.

merry christmas ms lauren

Il ne faudra pas attendre plus d'une sanglante séquence prologue pour que The Witcher : L'héritage du sang enchaîne sur 10 minutes de porno elfique – avec robe Jean-Paul Gautier pour elle et peau de bête pour lui – et affiche ses couleurs tout haut tout fort : celles du DTV bien Z comme Zirael, du genre de ceux qui n'ont peur de rien ni personne, et surtout pas du ridicule. C'est avec le panache et l'assurance d'un mannequin de la fashion Winx habillé de sacs poubelle runiques que cette mini-série s'avance à nous, propulsée par une équipe créative manifestement incapable de discerner le beau du lavabo et l'art du cochon. Mais tout est bon dans le cochon, donc ça s'annule pas vrai ?

En quelque sorte, si tant est que la viande grasse et les gras viandages vous réjouissent. Si c'est le cas, foncez sur The Witcher : L'héritage du sang. Les autres spectateurs, lambda ou (surtout) fans des livres/jeux, sont priés d'évacuer Netflix immédiatement afin de ne pas être traumatisés par la formidable descente d'organes au-delà des portes du bouton play. Soyez avertis, il n'y aura plus avant que des "qualités" accidentelles et le respect de l'œuvre originelle a été mis en prison après un tir tendu de LBD féérique en plein dans sa tronche. À tous ceux qui se demandaient encore pourquoi Henry Cavill s'est enfui pour rejoindre un DCEU en ruines, vous avez quatre heures, et elles sont à ne pas manquer.

 

The Witcher: L'héritage du sang : photo, Michelle Yeoh, Sophia Brown, Laurence O'FuarainQuand t'aurais mieux fait de rester chez toi à réparer des chaises en bois

 

Vous vous plaigniez de La Roue du Temps et des Anneaux de Pouvoir ? On n'était pourtant pas si mal chez Amazon, à moins de considérer que les Uwe Boll-rie type King Rising, au nom du roi fasse partie du panthéon cinématographique de l'humanité (prévenez-nous, on ira se foutre en taule avec le respect si c'est le cas et nos haters auront enfin la paix). Même l'intouchable compositeur Bear McCreary a perdu ses moyens face à cette extravagante galère, au point de mettre des accents de guitare saturée dans sa partition. Comme la présence de rappeurs au casting, toujours un fiable thermomètre à nanar et signe avant-coureur d'attentat au bon goût.

Car si le respect est au zonzon, son sort est tout de même enviable à celui de la beauté, éviscérée sauvagement par Declan De Barra. Il est d'ailleurs absolument sidérant que les premiers retours sur la série aient été aussi cléments, car tout ici baigne dans la laideur, la bêtise et le fond de couche Pampers magique. Si le kitsch de La Roue du Temps conférait à cette dernière un petit charme ironique (tout relatif, faut pas pousser) celui de The Witcher: L'héritage du sang provoque de grands et sincères éclats de rire. La parodie involontaire est si aboutie que ce serait moins drôle et peut-être moins fantasque si c'était inspiré de Terry Pratchett (il va falloir attendre le Disque-Monde combien de temps bon sang ?).

 

The Witcher: L'héritage du sang : photo, Huw NovelliFais-le.

 

caleçons en mithril, bites en bois et hache en plastique

Des gens ont bien validé les haches Fisher Price, les faux raccords qui sautent aux yeux, les tenues de biker médiéval, les chaussures plateformes (sans doute un accessoire involontairement visible pour grandir une actrice) et les coupes de cheveux que n'oserait pas tenter la reine Amidala même après dix shots de Tequila en rave berlinoise post-rupture amoureuse. Pensez à nous devant l'ahurissant chapeau-cheveux de la princesse Merwyn. De même, les tatouages vont et viennent, et les monstres bénéficient des pires CGI de 2022, sans parler de leurs designs immondes.

Un crève-cœur pour un univers dont l'attrait majeur est justement le bestiaire et le folklore, mais quelque part, comme il n'y a que des créatures inventées, au moins rien n'a été gâché. Et puis pourquoi puiser l'inspiration dans le foisonnant matériau originel alors qu'on peut avoir des gros Pokémons qui font Ultralaser, on vous le demande. Mais bon, la mini-série propose également un véritable tour du monde de l'inclusivité, on suppose que la mission principale est accomplie, plus besoin de s'embêter à raconter une histoire correctement. Heureusement que la réalisation passe tout juste, et les scènes d'actions s'en sortent avec les mentions pauvres et bancales. Et ce n’est déjà pas si mal.

 

The Witcher: L'héritage du sang : photoC'est l'hiver, on sort les Grotadmorv

 

Tout le reste de The Witcher : L'héritage du sang est une frénétique partie fine de clichés à la Hercule et Xena, pourtant présentés avec un sérieux papal et une conviction dévote hilarants. C'est bien simple, à part les armures-bikini, tout a été osé ici (c'est même à cela qu'on reconnaît le travail de Netflix sur cet univers). Les chansons Disney à la taverne ? Bien sûr. Un casting qui baise constamment comme des chiens de la casse médiévaux et déclenche le tonnerre par la force de leurs centrifugeuses à langues (les centrimuqueuses) ? Mais oui. Des blagues de cul priapiques à n'en plus finir et qui font passer Votre Majesté pour du Tolkien ? Attachez vos ceintures et prenez un parapluie.

Honnêtement, comment ne pas penser à Medieval Pie : Territoires vierges devant Urthrok Une-Noix ? Mais rassurez-vous, "c'est juste un surnom, [il] en a deux grosses énormes", au cas où vous auriez eu peur pour ce pauvre hère, renommé plus tard Urthrok Membre-puissant. "Haut les nichons", donc, spectateur, on en oublierait presque qu'il y a un scénario à suivre ! Et pourtant, on regrette chaque moment où une flatulence vaginale ne vient pas nous en distraire, tant celui-ci est indigent et porté par des personnages finis à la 8.6 aux hormones d'ados rôlistes en colonie de vacances metal.

 

The Witcher: L'héritage du sang : photo Même le cheval a l'air paniqué et la coupe d'Eddie de Stranger Things plus rien ne va

 

L'héritage de la chienlit

Il faut d'ailleurs à ce titre adresser un énorme mot de félicitations à l'ensemble du casting qui se décarcasse du mieux qu'il peut pour nous vendre leur histoire et leurs répliques impossibles. Et ce sera notre seul compliment en ce qui concerne ce fulguro-fumant-nanar. L'implication de Lenny Henry et de la jeune Mirren Mack est notamment à saluer. À l'inverse, la légendaire Michelle Yeoh ne fera pas plus que passer pour encaisser son chèque, et ceux qui voyaient en sa présence l'espoir d'une séance de karaté elfique peuvent dès maintenant se libérer et sauter par la fenêtre. Reste que deux questions subsistent.

 

The Witcher: L'héritage du sang : photo, Mirren MackOk, nos excuses au cheval pour la vanne sur les cheveux. Mais comment The Witcher a pu en arriver là ?

  

Première question : le potentiel de réjouissance est-il assez élevé pour justifier quatre heures de visionnage même avec de la bière et des copains ? Pour nous, c'est assurément oui (au pire, organisez deux sessions de deux heures). S'il ne rentrera peut-être pas non plus dans l'histoire du nanar comme Donjons & Dragons, The Witcher : L'héritage du sang demeure un feu d'artifice du n'importe quoi qui tire dans tous les sens et sans s'arrêter. Chaque séquence est imprévisible et propose au moins une petite friandise. Impossible de s'ennuyer. Deuxième question, plus inquiétante : comment cela a-t-il pu arriver ? C'est plus difficile d'y répondre avec certitude, et l'explication a sûrement plusieurs réponses.

Sans doute que la franchisation à la Netflix est parvenue au point de craquage de slip, scrotum et pelvis. Bien qu'ayant le nom The Witcher, cette création de Declan De Barra et Lauren S. Hissrich est en complète roue libre, s'appuie sur 90% d'inventions (toutes atroces) et ne pourrait pas être plus éloignée de l'esprit des aventures de Geralt. Censés chroniquer l'apparition du premier sorceleur (et quelle apparition) et la fameuse Conjonction des Sphères, cette mini-série modifie, voire contredit, radicalement les implications et les vérités établies dans les livres de l'un comme de l'autre. À tel point qu'on se demande bien comment ils vont se débrouiller avec Eredin et les Aen Elle, dont l'adaptation a totalement vrillé.

 

The Witcher: Blood Origin : Photo Michelle YeohNous après The Witcher: Blood Origin. Nos yeux auront tout vu.

 

C'est d'ailleurs encore perceptible dans l'identité visuelle kitschissime de The Witcher : L'héritage du sang, sans aucune des saveurs de The Witcher. Elle aurait tout aussi bien pu s'appeler Du Rififi en Elferie, tant elle propose uniquement de la High Fantasy pouet-pouet standard. Et oui : on est à un tel degré d'incurie qu'un univers de Dark Fantasy a accouché d'un récit de High Fantasy, allez comprendre. On en rigole, mais c'est un peu comme s'esclaffer en ayant une otite congestive carabinée, ça fait mal autant que ça fait du bien (toute coïncidence avec la vie réelle du rédacteur au moment de découvrir cette chose n'aurait rien de fortuit).

C'est sincèrement à douter que quelqu'un n’ait jamais jeté un œil à ne serait-ce qu'un chapitre des livres ou un pixel des jeux. Mais comme on doute que quiconque impliqué dans ce merveilleux carambolage eût un jour été pourvu d'yeux tout court, on ne serait pas étonné que la réponse soit non.

The Witcher: L'héritage du sang est disponible en intégralité sur Netflix à partir du 25 décembre, et cette fois-ci, ce n'est pas le Père Noël qui est une ordure. Joyeuses fêtes.

 

The Witcher: Blood Origin : Affiche officielle

Résumé

"Si nul qu'il pêcherait une bite dans une mer de nibards". Quoi de mieux que The Witcher : L'héritage du sang pour parler de The Witcher : L'héritage du sang, qui est effectivement un énorme con-combre turgescent.

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commentaires
Clarence Sterlingue
27/12/2022 à 17:21

Marde, j'ai envie de regarder maintenant.

Blablate
27/12/2022 à 07:51

Bonjour,

L auteur de cette critique m'a mis l eau à la bouche, je vais voir la série. On dirait un gars qui n'a pas eu son cadeau tant attendu pour la noël, donc un peu véners. En plus, comme il est payé à la ligne, il s est fait zizir. Pourtant, Je n ai pas vu la série pour la défendre. je pense qu'en trois mots il aurait fait son article "caca, pipi, boudin".

El_lionello
26/12/2022 à 21:36

Mon dieu, je pensais être le seul à avoir eu envie de m'arracher les yeux à la moitié du premier épisode et les testicules à la fin du 4ème, rendez-nous l'équipe originale de the witcher, bordel...
Même la naine râle de pas avoir de barbe, rien n'a de sens, zéro respect du lore d'origine, bref fuyez pauvres fous !!

Dedalus
26/12/2022 à 16:50

Intérieur nuit:

Bureau de Robert Netflix.

Quelque part entre San Francisco et le Crédit Agricole de Mulhouse.

- Allo Gérard? Oui, c'est Robert.
-Oui, bonjour patron.
- Bon, vous avez vu la série Willow d'Alfred Disney?
- Oui patron. Même que j'ai un peu vomi.
- Evidemment, tout le monde a vomi. C'est génial. C'est un nouveau créneau. Faut cracher sur le fan d'heroic fantasy. On doit s'aligner Gérard, on est entré dans la guerre du Glavio . Bon, on a quoi dans les tuyaux?
- Euh...The Witcher, l'héritage du sang. ça va être un massacre patron.
-Bien sortez la bête le jour de Noel , pas de quartier.
- Noel ? Mais patron...pensez aux enfants.
- Pas de trêve. Alfred veut la guerre. Alors ajustons nos glaires, camarade. On crache pour tuer! Dieu reconnaitra les Abonnés!!! Teudeum Gérard!!! Teudeum!!!!!

Jackie Sardou
26/12/2022 à 15:34

@Lino Cassinat : une par épisode? Mince soit vous considérez chaque baiser comme un acte sexuel, soit j'ai raté ça!
Soit, la romance entre le loup et l'alouette est un poil forcée, mais les personnages sont tous 2 encore des elfes au moment où ils se rapprochent.
M'enfin bon, pas grave, je vais pas défendre plus que ça ce divertissement tout juste honorable dans ses intentions, mais le procès me semble ici exagéré.

Lino Cassinat
26/12/2022 à 14:18

@Mister Kaa et Jackie Sardou
Oui alors évidemment qu'il n'y a pas de vrai porno hein, je ne sais pas exactement à quoi vous vous attendiez. Et je ne parle pas non plus de "catastrophe" porno.
En fait, malgré la quasi-absence de corps nus, je parle plutôt du cachet et de l'imaginaire de la mini-série, où on trouve pêle-mêle du sexe sous des tentures de velours avec l'un des partenaires qui se fait vomir dessus, ou encore une coucherie entre une elfe et un demi-monstre/bête. Admettez que c'est assez chargé.
Quant à la récurrence, évidemment qu'il y en a moins que dans Game of Thrones, vu qu'il n'y a que quatre épisodes. Mais en moyenne, il y en a autant, vu qu'il y en a une par épisode.

Mister Kaaa
26/12/2022 à 09:12

J'aime bien les critiques de l'auteur mais je trouve qu'il y a un peu d'excès. ça reste pourri mais
Non, il n'y a pas de porno et les séquences romantiques sont plutôt brèves et pas nombreuses. On est très loin de GoT.

C'est un spin off d'une série déjà mauvaise (selon moi). Si vous êtes restés pour voir, vous savez à quoi vous attendre. J'ai eu deux problèmes en plus:
- A la base, ça devait se dérouler sur 6 épisodes, ils ont raccourci à 4 et on le ressent. C'est pas assez développé, et tout est rushé. Netflix en avait RAF et voulait sortir un truc.
- Ils continuent à caster des personnes atteintes de nanisme pour jouer des créatures imaginaires.

Jackie Sardou
25/12/2022 à 20:14

Alors c'est certainement pas lansérie du siècle, mais on est quand même à mille lieues de la beaucoup plus nanardesque "les anneaux du pouvoir" ou même que Willow.
Certes, ça vole pas haut, mais c'est mieux amené, les personnages un peu plus intéressants (mention spéciale pour la naine!).
On est loin de la catastrophe pornographique décrite dans l'article.
On voit mêle pas une fesse ou un sein....
Donc non, c'est pas extraordinaire, mais j'ai vu bien pire, bien plus prétentieux, bien plus con.

Lino Cassinat
25/12/2022 à 18:06

@Hach et Alahooligan
Rien de plus beau que l'enthousiasme de quelqu'un qui s'apprête à mettre sa tête dans un accélérateur à particules. Vous me rappelez le moment où, ivre, le chanteur Johnny Ace est mort en voulant prouver à ses amis que son flingue ne pouvait plus tirer et se l'est mis sur la tempe par esprit de contradiction. N'hésitez pas à revenir nous dire si le votre a survécu :)

Hach
25/12/2022 à 17:16

La lecture de ce genre d'article est assez pénible. L'auteur se regarde écrire et je l'imagine se gausser tout seul de ce qu'il pense étre des bons mots.
Au final j'aurais presque envie d'avoir de l'empathie pour ce préquel, par esprit d'opposition... C'est dire!

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