The Terror : Infamy - la nouvelle saison de la série d'horreur produite par Ridley Scott est un ratage total

Lino Cassinat | 16 octobre 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Lino Cassinat | 16 octobre 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Discrètement promue et quelque peu occultée par de plus gros phénomènes télévisuels, The Terror fut pourtant une excellente surprise l'année dernière. Désireux de continuer l'aventure, la chaîne AMC et Ridley Scott ont décidé de renouveler leur partenariat de production et d'étendre leur mini-série pour la transformer en anthologie. Ainsi naquit The Terror : Infamy, toute nouvelle histoire originale dont les trois premiers épisodes nous avaient laissés très perplexes. Maintenant qu'on a tout regardé, on peut l'affirmer sans aucun doute : c'est un plantage tête la première.

RÉSUMÉ SANS SPOILERS NO JUTSU

Au début des années 40, être japonais aux US, ce n’est pas le bon plan. Dommage, c'est le cas de Chester Nakayama et de toute sa famille et du bébé que porte Luz, son amante mexicaine. Ils sont tous déportés dans les (véridiques) camps de concentration d'internement au sud de la Californie en attendant que l'oncle Sam en finisse avec Hirohito. La tuile, c'est que sa famille est aussi hantée par un spectre vengeur venu du passé qui a un faible pour les bébés et dont les articulations craquent beaucoup beaucoup.

ATTENTION SPOILERS À SUIVRE !

 

photoAllez, au dodo

 

THE RONFLOR : ENDORMI

Dans notre retour sur les trois premiers épisodes, on s'était arrêté en se plaignant de la lenteur et des effets cheaps d'un récit à l'intrigue convenu. On espérait que la déportation de la famille Nakayama, enfin survenue à la fin du troisième épisode, allait réveiller The Terror : Infamy et permettre à l'histoire de passer la vitesse supérieure.

Las, c'est tout l'inverse qui se produit, et l'immobilisme agonisant de la première saison s'est transformé ici en sieste indolente. Pas une minute de la série n'éveille l'intérêt ni encore moins provoque un début de frisson. Et ce ne sont pas quelques jump-scares pépères qui vont nous relever la nuit.

 

photoQuand on t'oblige à regarder encore un épisode

 

Ça roupille sec dans l'équipe de Ridley Scott, et quand on jette un coup d'oeil aux ratings publics calamiteux de cette saison, on comprend que seule la critique américaine semble avoir apprécié cette enfilade de poncifs archaïques. En 2019, il faut plus que faire craquer les articulations à son antagoniste à chaque apparition pour faire peur.

The Terror rêve de recréer le miracle dépouillé de The Ring, malheureusement sa pseudo-Sadako n'est qu'un cliché d'esprit tourmenté tout claqué et la toile de fond historique traumatique qu'un gri-gri agité à la face du spectateur pour ajouter artificiellement de la tension. On a eu beaucoup plus peur devant Häxan : la sorcellerie à travers les âges ou Scream 3.

 

photoCrac-crac le fantôme

 

OMAE WA MOU SHINDEIRU

Mais à dire vraie, si le scénario est convenu de chez convenu, le problème est probablement à chercher ailleurs - après tout, les persifleurs n'auraient pas tout à fait tort de dire que la première saison de The Terror reprenait à son compte plusieurs topos du récit d'exploration bien ancrés dans l'imaginaire global depuis Au coeur des Ténèbres de Conrad, et on a fait quantité de films d'horreur excellents avec des scripts riquiquis et éculés, comme Halloween, la nuit des masques, au hasard.

Ce qui plante le plus violemment The Terror : Infamy, c'est qu'elle est incapable de construire une ambiance, la faute à une réalisation totalement inoffensive, et à un script tellement radin avec ses scènes de peur qu'on jurerait qu'il a été détourné par Patrick Balkany. Trop éclatée et bavarde, The Terror : Infamy est incapable de montrer sans expliquer, et doit donc compenser... en expliquant, et en gémissant, à l'image de tous ses personnages, promenés comme des pantins un peu neuneus au gré de scènes ridicules, du fantôme qui prend l'avion au protagoniste qui pense qu'une alarme avec une ficelle et une cloche va marcher sur une entité immatérielle capable de passer de corps en corps.

 

photoCi-gît, The Terror

 

MEXICO VS JAPAN : THE THREAT IS REAL

Le plus terrible, c'est que The Terror : Infamy est tellement incapable de faire quoi que ce soit de l'imaginaire qu'elle a convoqué qu'aucun arc narratif ne communique. L'intrigue fantomatique d'une part et le combat pour la survie dans les camps d'autre part sont tellement détachés qu'ils auraient tout à fait pu donner deux séries différentes, et que le second noeud narratif, trop historico-réaliste, paraît totalement hors de propos dans une oeuvre d'horreur surnaturelle.

 

photoJe peux retourner dans Too Old to Die Young ?

 

C'est le trio d'épisodes finaux qui montrent à quel point la série est face à son propre univers comme une poule devant un couteau. Balancé entre le kaki et le cheddar, c'est tout à coup le folklore mexicain qui se retrouve invoqué sans avoir rien demandé à personne, et qui permet de remporter un combat invisible ridicule entre chamanisme chrétien divinatoire et bakemono qui se craquent les os. Malheureusement, même le petit Jésus ne pourra rien pour sauver le spectateur du poule (américaine)-renard (japonais)-vipère (mexicaine) le plus long de l'histoire de la télé. The Terror a vécu.

The Terror : Infamy est disponible en intégralité sur Amazon Prime Video. The Terror premier du nom est également disponible sur Amazon Prime Video.

 

 

photo

Résumé

Il n'y a quasiment rien à sauver de cette nouvelle saison de The Terror. Le naufrage est bien réel cette fois.

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Lecteurs

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commentaires
hanni_84577
03/12/2019 à 20:05

Saison totalement insipide... je suis d'accord avec l'avis d'écran large.... pour résumer on se fait chier.... face à la première saison cela ne vaut vraiment rien...rien à dire d'autre. :-(

Paflechien
28/10/2019 à 14:47

Très bonne saison. On reprend le principe : une histoire de "fantômes" en 10 épisodes dans un contexte historique ayant existé. Cette saison à le grand mérite de nous rappeler ce moment méconnu (et lamentable) de l’histoire américaine.

Hank Hulé
18/10/2019 à 22:22

Miju : assez en phase avec votre avis. Si niveau flippe, c'est zéro, le reste est plutôt bien tenu et les persos sont attachants. Final assez émouvant. La critique d'EL est à côté de la plaque

MIJu
18/10/2019 à 22:15

Je ne partage pas du tout l'avis général. Le sujet choisi est très intéressant et rarement montré en série. Tout sonne vrai de ce côté-là: les camps, la situation des prisonniers, l'attitude des USA. Le folklore japonais est parfaitement représenté par ces histoires de fantômes menaçants. Le casting est bon et joue parfaitement. Il n'y a peut-être aucun lien avec le livre, mais le format anthologie fait que l'on va forcément retrouver ce genres de critiques avec les autres saisons. En tout cas, moi cette saison, elle m'a plu et je l'ai regardé avec plaisir.

fuck
18/10/2019 à 10:26

Cette suite est idiote, et n'avait pas lieu d'être. The Terror le premier inspiré du roman du génial Dan Simmons était un concept intelligent mixant récit de terreur comme The Thing, récit d'exploration du xIx siècle, et légende indienne. Là ça mixe le mauvais film d'Alan Parker Bienvenue au paradis, revisionnisme politquement correct et Derrick.

lemon0
17/10/2019 à 23:16

je vais attaquer l'épisode 6... motivation motivation !

JimHawkins
17/10/2019 à 15:59

On invoque Balkany puis la poule : incroyables images d'un homme dont le prénom est celle d'une surface plastifiée. On est au ras des pâquerettes niveau écriture, au ras du Lino pour correspondre au talent déployé. Dommage, j'étais plutôt d'accord avec l'avis.

Hank Hulé
16/10/2019 à 20:49

Feriez mieux de causer de l'excellente saison 2 de Succession qui vient de se terminer.
Et de sa musique incroyable !

pat
16/10/2019 à 20:03

Faut-il penser que The Terror saison 2 est une infamie ?

666
16/10/2019 à 19:32

pour une fois je suis d accord avec Ecran large choses rare

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