Silent Hill HD collection

Simon Riaux | 5 avril 2012
Simon Riaux | 5 avril 2012

Pour l'aficionado de Silent Hill, il n'est pas rare dans un accès de nostalgie, ou une crise de manque insurmontable, d'arpenter à nouveau quelques heures les ruelles de Silent Hill. Une possibilité devenue un brin plus compliquée à l'heure où le nombre de Playstation et Playstation 2 se font de plus en rares, et la possession de multiples plates-formes chez soi aussi chronophage qu'encombrante. D'autre part, nombreux sont les joueurs à ne pas s'être précipités sur ce que la communauté des gamers de bon goût considère comme l'ultime expérience de survival horror (la seule qui mérite véritablement cette appellation ?), par peur, occasion manquée ou quelque autre respectable lâcheté. On se réjouissait donc en tremblant à l'idée de voir débarquer une galette contenant les plus belles heures de frissons vidéoludiques jamais conçues. Hélas, pour qui y a déjà joué, l'expérience risque de s'avérer terriblement frustrante.

 

 

Premier problème, la fameuse collection ne contient que Silent Hill 2 et 3. Évidemment le premier a considérablement vieilli, Shatered Memories est encore très récent, et Silent Hill 4 considéré (en partie à tort) comme le vilain petit canard de la série, mais on demeure un peu déçu de n'avoir accès qu'à deux épisodes de cette formidable saga, quand même ces derniers sont indiscutablement les plus aboutis.

Viendra ensuite le choc des doublages. Pour des questions de droit, Konami a dû redoubler tous les personnages des deux jeux sus-nommés. Si Silent Hill 2, grâce à la pression exercée par les fans, propose au joueur de choisir entre ancienne et nouvelle bande son, le troisième opus ne vous laissera pas le choix, et vous serez obligés de supporter un doublage sensiblement moins bon. Les voix demeurent très proches de celles que nous connaissions, sans jamais hélas en égaler les performances ou l'ambiguité.

 


 

Bien plus grave sont les errements techniques des versions proposées ici. La HD a beau ne pas dénaturer l'expérience à proprement parler, cette conversion entraîne quelques fâcheuses conséquences. Au top techniquement lors de leur sortie, on sera ravi de constater que la direction artistique sublime de ces softs leur permet aujourd'hui d'être joué sans réellement souffrir du fossé technologique qui les sépare des productions actuelles. Hélas, au passage plusieurs effets de texture ont tout simplement disparu, appauvrissant parfois grandement certains décors. La légendaire brume s'en voit amoindrie, et révèle parfois les limites des polygones, ce qui gâchera grandement l'immersion. On est un peu ébahi de voir une console next gen incapable de préserver les tour de passe-passe technologiques gérés sans mal par la génération précédente.

Enfin, il est parfaitement révoltant de constater que certains passages et cinématiques ont été purement et simplement amoindris, voire censurés. Ainsi, la cultissime scène du viol orchestré par Pyramid Head voit ses plans les plus terrifiants tout simplement supprimés. Un choix problématique, qui agacera les connaisseurs, mais surtout privera les néophytes de la substance même de la saga, à savoir le regard sans concession et blafard qu'il amène le joueur à poser sur ses pires vicissitudes.

Au final on ne saurait déconseiller à ceux n'ayant jamais arpenté les abords du Toluca Lake de ne pas s'essayer à l'une des œuvres les plus profondes et riche du jeu vidéo. Ils pourront découvrir un univers aussi beau qu'irrespirable. Les puristes, les habitués, les nostalgiques, ceux dont les vieilles consoles ou jeux ont rendu l'âme, risquent de regretter amèrement le voyage.

 


 

 

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